Malgré la crise et ses effets, l'univers de la chaussure n'a pas encore perdu pied à Tanger. Du moins, quelques entreprises tirent leur épingle du jeu. C'est le cas de Hercules Shoes, une entreprise créee il y a 10 ans par Seddik ElMrabet et Hicham Zbaïr. Ces deux jeunes entrepreneurs ont très vite gravit les échelons grâce, au départ, à la sous-traitance de confection, puis finissent par monter un crédit jeunes promoteurs. Grâce à un don de 240.000 DH et un premier marché sur l'Espagne en vue, l'entreprise prend son envol et envahit le marché de la chaussure à Tanger. Avec 15 ouvriers, 16 machines et un local de 100 m2, au départ, l'entreprise passe, deux ans plus tard, à 50 ouvriers dans un local de 1000 M2, et d'un peu plus d'1 MDH au début elle est vite passée à 10 puis à 15 MDH. L'usine, un vaste bâtiment moderne de 3600 M2 sera achevé à l'automne 2004. Aujourd'hui, l'entreprise emploie 200 ouvriers et ouvrières et plus de 200 machines. Au plus haut de l'activité au cours de ces dernières années, en 2006, un chiffre d'affaires de 16 MDH a été réalisé, entièrement à l'export. Selon Seddik El Mrabet, «les années 2008 et 2009 ont été moins prospères». Il ote que les commandes pour l'hiver 2010-2011 sont à la hausse. «L'activité n'est pas encore comme avant la crise mais j'espère que l'on s'y dirige», indique-t-il. Hercules Shoes travaille en A.T. (admission temporaire). C'est-à-dire que les intrants sont envoyés par le donneur d'ordres et que les petites mains tangéroises font la coupe la couture et la colle si nécessaire avant de renvoyer le tout en Espagne pour la phase de montage et de finition. Le cuir et la chaussure oubliés Le secteur du cuir et de la chaussure, à travers cette success story, démontre son potentiel. Une autre entreprise emblématique au niveau national est l'entreprise Au Derby de l'ancien premier ministre et ministre de l'industrie Driss Jettou. Pourtant, le secteur n'a jamais bénéficié d'attentions particulières. Lorsque le gouvernement avait décidé, déjà en 2003, d'alléger les charges patronales pour le secteur de la confection, rien ne fut prévu pour la chaussure. Et l'an dernier lorsque le comité de crise mis en place un dispositif d'encouragement à différents secteurs, rien pour le cuir encore. Certains comme Hercules Shoes ont réussi à tirer leur épingle du jeu; c'est vrai mais pas tous. Rien que sur Tanger, au cours des 5 dernières années, deux unités ont renoncé à produire des chaussures : Chaussa située à Moghogha et Tanger Shoes sur la route des Abattoirs. L'autre frein au développement est la formation. Aussi paradoxal que cela puisse paraître il n'y a jamais eu de structure de formation aux métiers de la chaussure à Tanger ou à Tétouan. Pourtant des tanneries existent autant à Tanger qu'à Tétouan et les quelques entreprises de la région paient les taxes relatives à la formation professionnelle. Là aussi, Hercules Shoes ne s'est pas laissée découragée. La société a monté ses propres modules de formation. Une manière de prendre son destin en mains et de parier sur un bon développement des affaires à l'avenir.