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Les «warnings» de Jouahri
Publié dans Les ECO le 30 - 08 - 2010

Mieux vaut tard que jamais. Il aura, en effet, fallu attendre la fin du mois d'août, et son ambiance ramadenesque, pour que le rapport annuel de Bank Al-Maghrib soit présenté au Souverain. En effet, le Roi a reçu, samedi dernier, Abdellatif Jouahri pour son traditionnel exposé sur la santé financière de la banque, mais surtout sur celle de l'économie marocaine en général. L'événement est, faut-il le signaler, assez particulier cette année, pour Bank Al-Maghrib puisque l'exercice 2009 a coïncidé avec l'achèvement de son deuxième plan stratégique couvrant la période 2007-2009. Ceci étant, cette particularité n'a pas pour autant incité Abdellatif Jouahri à omettre la présentation au Souverain des principales évolutions des différents secteurs économiques, dans un contexte marqué par l'une des pires crises internationales de l'histoire (voir page 5).
Rester vigilant
Parallèlement, la tradition veut que le speach du gouverneur soit également une occasion pour lever le voile sur les recommandations de la banque centrale concernant les mesures à prendre pour la période à venir. Sur ce point, il faut dire que Jouahri et son équipe, n'ont pas failli à la règle. On retrouve dans le document remis au Roi l'esprit des principales orientations royales annoncées dans les derniers discours royaux, notamment pour ce qui est des pré-requis pour notre économie. Ainsi, «il importe d'accélérer les actions visant à l'amélioration continue du système éducatif et de la compétitivité globale des activités productives», a souligné le gouverneur. Selon lui, le contexte de crise mondiale est loin d'être dépassé et les incertitudes qui entourent son dénouement nécessitent impérativement le renforcement de la résilience de l'économie marocaine face aux chocs exogènes. Ceci étant, Jouahri appelle à la vigilance face à l'environnement international. Cependant, le fait est que les opportunités n'en sont pas pour autant comprises pour le Maroc. Encore faut-il mettre en place les mécanismes essentiels pour en tirer profit. C'est dans ce sens que l'allocution du gouverneur a appelé au renforcement de la bonne gouvernance des politiques publiques et le climat des affaires, tout en préservant la stabilité macroéconomique du pays. Le volet social fait également partie des points-clés sur lesquels insiste l'équipe de Jouahri, en recommandant notamment le rehaussement des dispositifs mis en place pour pallier les déficits sociaux.
Ces réformes structurelles qui tardent !
Par ailleurs, Jouahri est revenu, pour la seconde année d'affilée, sur la nécessité «d'aborder rapidement, dans un cadre global, les fragilités structurelles accentuées par la crise». Aujourd'hui, il est clair, en effet, que le Maroc ne peut plus se permettre de rester inactif face à la problématique du déséquilibre de la balance des paiements. Le modèle basé sur la concentration des exportations sur les produits à faible contenu technologique et le ciblage des marchés au potentiel de croissance limité doivent être révolus. Sur un autre registre, la présentation du rapport annuel de Bank Al-Maghrib ne pouvait se faire sans un focus sur l'autre menace qui plane sur l'économie marocaine qu'est la situation des finances publiques. Aujourd'hui, ce n'est plus un secret pour personne que l'Etat joue le rôle de locomotive de la croissance via une politique d'investissements accrus. Or, cette mission ne peut aujourd'hui continuer sur le même dynamisme si les finances publiques ne sont pas «purifiées». Certes, les recommandations de la banque centrale n'incitent aucunement aux plans d'austérité, du moins, pas officiellement, cependant, elles tirent la sonnette d'alarme en insistant sur la nécessité d'optimiser les dépenses. «Les actions de rationalisation des dépenses de fonctionnement méritent d'être mises en œuvre afin de dégager les surplus devant soutenir les efforts de résorption des déficits sociaux», souligne le gouverneur de BAM. Dans le même sens, une accélération de la réforme du dispositif de compensation s'impose plus que jamais.
Cette politique d'optimisation de la gestion des dépenses publiques doit être, en outre, accompagnée d'une stratégie de renforcement des ressources. Quoi de plus logique après tout. Concrètement, «il s'agit de renforcer la dynamique des ressources sur une base durable par l'inclusion du secteur informel», explique Jouahri. En d'autres termes, il faudrait mettre en place des mécanismes permettant d'inclure les entreprises informelles dans l'assiette fiscale mais sans pour autant pénaliser leur viabilité. Un challenge qui semble, cependant, assez difficile à relever. Par ailleurs, le renforcement du taux de bancarisation, en ciblant notamment les couches sociales modestes, ainsi que le développement de l'épargne longue sont autant de moyens que le gouverneur de BAM met en avant pour contribuer à l'accroissement des ressources nécessaires au bon fonctionnement de notre économie.
Enfin, la récente directive royale exhortant le gouvernement à l'instauration d'une cohérence entre les différents plans de développement sectoriels fait également partie des principales recommandations du rapport. En effet, le développement de synergies entre les plans sectoriels devrait intervenir en faveur de la concrétisation des différentes feuilles de route tracées par les départements ministériels-clés. Celle-ci impose aujourd'hui «des défis au niveau de la gouvernance et de l'efficience des politiques économiques», souligne le gouverneur. Cela va sans dire qu'une optimisation de l'affectation des ressources financières et leur cohérence avec les contraintes macro économiques, particulièrement celle de la balance des paiements, est une priorité absolue.
Une croissance sous pression
Sous la pression de la crise économique mondiale, la croissance nationale a pu difficilement arracher un petit 4,9%, en 2009, contre 5,6% un an auparavant. Une belle prouesse tout de même mais le plus dur est, à présent, de maintenir le cap. L'économie a été sensiblement influencée par la faiblesse de la demande extérieure. L'ensemble des secteurs du secondaire ont vu leurs valeurs ajoutées chuter considérablement. Des industries de transformation à l'activité minière, en passant par les bâtiments et travaux publics, le coup de frein était évident et s'est établi, pour l'ensemble du secteur, à 4,7% contre une hausse de 3,6% en 2008. Pesant lourd sur la performance globale, la barre a été redressée de justesse grâce, notamment, aux performances des secteurs agricoles et de services qui ont permis de sauver les meubles. La progression de la valeur ajoutée agricole, grâce à une campagne exceptionnelle, a permis de maintenir la croissance globale à un rythme avoisinant les 5 %. Les activités tertiaires, dont la part dans la valeur ajoutée globale a atteint 56%, ont marqué une progression de 3,9%, rythme comparable à celui de 2008. Cette évolution est attribuable principalement au dynamisme des services marchands autres que le tourisme. La valeur ajoutée agricole, chiffrée à près de 100,9 milliards de DH, a enregistré une hausse de 21,6%, tandis que celle des activités non agricoles, évaluée à 553,6 milliards de DH, s'est accrue de 3,2%.
Dure «soutenabilité» des finances publiques
Entre le fléchissement des recettes et l'augmentation des dépenses, le budget 2009 de l'Etat a été tiraillé et s'est soldé par un déficit de 15,9 milliards de DH, soit 2,2% du PIB, au lieu d'un excédent de 0,4% du PIB en 2008. La contre-performance est à chercher du côté de la baisse de près de 7% des recettes ordinaires, notamment les recettes fiscales, touchées, entre autres, par les nouveaux réaménagements en matière d'impôt sur les sociétés et d'impôt sur le revenu. Les recettes fiscales se sont, ainsi, inscrites en baisse pour revenir à 23% du PIB. De leur côté, les dépenses globales ont progressé de 2,4%, en dépit de la forte contraction des charges de compensation. En effet, tirées par l'expansion de 22,8% des dépenses d'équipement et l'élargissement des dépenses de fonctionnement de 13,5%, les dépenses globales, au titre de 2009, s'élevaient à 206,5 milliards de DH. Celles-ci ont été couvertes à hauteur de 80% par une épargne publique de plus de 38 milliards (5,2% du PIB), le reste ayant été contracté sous forme de dette, ce qui s'est traduit par une augmentation de 7,3% de l'encours de la dette publique pour s'établir à 419,3 milliards de DH, soit 57% du PIB. Concernant le stock de la dette publique extérieure, en augmentation de 14,3%, il a atteint 152,9 milliards ou 20,8% du PIB, dont près de la moitié s'inscrit au titre de la dette extérieure garantie. À cet égard, le rapport de Bank Al-Maghrib souligne la primordialité de poursuivre la consolidation de la soutenabilité budgétaire à moyen terme. Une équation réalisable à travers «la réforme du dispositif de compensation qui doit être accélérée et des actions de rationalisation des dépenses de fonctionnement» sans oublier «l'inclusion du secteur informel... et le développement de l'épargne longue et l'extension de l'accès aux services financiers aux couches à revenu modeste».
L'équilibre de la balance passe par le réajustement des exportations
Au niveau de la balance des paiements, le déficit du compte courant s'est établi à 5% du PIB, contre 5,2% en 2008. Plus en détail, les échanges commerciaux ont représenté un solde négatif s'élevant à 20,8% du PIB au lieu de 24,7% en 2008. Ce repli s'explique, essentiellement, par une baisse des exportations plus importante que celle des importations, d'où la réduction du taux de couverture de 47,8% à 42,2%, en un an. De son côté, le taux d'ouverture de l'économie nationale a été ramené à 51,7% contre 70% en 2008. Par ailleurs, les recettes touristiques et les transferts des marocains résidents à l'étranger ont dégagé des soldes positifs, en recul de 11,7% et 13,6% respectivement, se chiffrant, pour la seconde catégorie, à 50,2 milliards de DH. En effet, la baisse de régime au niveau de l'activité économique internationale a non seulement engendré une baisse de la demande extérieure, notamment celle émanant des pays européens partenaires du Maroc, mais également un fléchissement de la demande intérieure, à travers la baisse des flux de transferts des MRE et investissements directs étrangers. Toutefois, la situation n'est pas la même du côté du compte de capital et des opérations financières. Ce compte affiche, en effet, un solde excédentaire en raison notamment de l'amélioration de l'excédent réalisé au titre des opérations du secteur public, qui s'élève à 18,9 milliards de DH au lieu de 9,3 milliards l'année précédente, en raison d'une hausse des prêts contractés (28 milliards de DH), et de la baisse des dépenses d'amortissement de la dette (9,1 milliards de DH). En dépit du déficit du compte courant, la baisse des avoirs extérieurs nets s'est établie à 7 milliards de DH, contre 11 milliards en 2008. Aussi, les réserves de change ont-elles représenté environ 7,6 mois d'importations de biens et services, au lieu de 7 mois en 2008. La structure de la balance des paiements ainsi établie traduit, selon BAM, «la persistance de certaines fragilités structurelles». Du coup il devient «impératif de traiter la problématique du déséquilibre du compte courant de la balance des paiements». Pour ce faire, la réduction de la concentration des exportations sur des produits à faible contenu technologique et sur des marchés au potentiel de croissance limité est, selon le rapport un passage primordial, face à des conditions économiques et financières internationales fluctuantes.


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