Le World Economic Forum est de retour au Maroc. Après une édition 1994 organisée à Casablanca, l'organisation internationale démarre aujourd'hui à Marrakech son sommet 2010 dédié au Moyen-Orient et à l'Afrique du Nord. C'est tout le gotha des décideurs économiques et politiques du monde qui est attendu pour cet événement, lequel rassemblera plus de 1.000 personnalités. C'est dire toute l'importance que donnent les décideurs du monde au WEF censé les éclairer sur les mesures à prendre pour faire face aux principaux défis de cette région, notamment en matière de résilience et de prospérité. «Le fait que nous soyons revenus au Maroc est un gage de reconnaissance envers les processus sociaux économiques du royaume», lance d'emblée André Schneider, Managing Director du Forum, lors d'une conférence pré-événement. En effet, les initiateurs du sommet motivent l'organisation du WEF au Maroc par les évolutions que connaît le pays en termes d'engagement gouvernemental qui converge avec les principaux défis mondiaux. C'est notamment le cas pour la politique de développement durable qui est devenue un élément clé dans tous les milieux d'affaires du monde. Aussi, la position géographique exceptionnelle du royaume, qui en fait une passerelle entre l'Europe et l'Afrique, n'est pas indifférente au choix du pays. Par ailleurs, «le sommet intervient à un moment crucial pour la région et sera l'occasion de renouveler les stratégies de croissance et de développement dans un contexte de risques globaux croissants», ajoute André Schneider. Certes, plusieurs pays du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord ont prouvé leur résilience face à la crise que vient de traverser l'économie mondiale. Il n'en demeure pas moins que des actions concrètes s'imposent aujourd'hui afin de faire face aux risques qui entourent le développement futur. Parmi ceux-ci on note évidemment le contexte de volatilité des prix des matières premières, particulièrement le pétrole, ainsi que la problématique des flux migratoires. C'est dire autant de problématiques auxquelles le World Economic Forum tentera de répondre via des débats entre les décideurs économiques du monde. «Le Forum a la conviction que c'est seulement en réunissant les décideurs de toutes les régions du monde que des solutions durables aux challenges actuels pourront être trouvées», insiste Schneider. Dans ce sens, trois principaux axes seront débattus lors du sommet de Marrakech, à savoir la définition des risques, les défis du développement durable et l'émergence de nouvelles régions commerciales. Quelle place pour le Maroc dans l'échiquier arabe ? Et pour planter le décor, le WEF vient de publier son édition 2010 de l'étude sur la compétitivité du monde arabe. Un document qui devrait servir de référence avant d'entamer les discussions lors du sommet afin d'identifier les principaux défis à relever par les pays arabes pour renforcer leur compétitivité économique. «Ce rapport a révélé que la crise économique mondiale a amplifié l'écart de compétitivité entre les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et le reste des pays arabes», apprend-on auprès du WEF. Pour le cas du Maroc, il se retrouve à la 75e place d'un classement global regroupant 139 économies avec un indice de compétitivité de 4,1/7. Ce score place le royaume devant l'Egypte, 81e et l'Algérie, 86e, mais surtout derrière la Tunisie, 32e. «Les points forts de la compétitivité du monde arabe résident dans leurs institutions solides et transparentes, la stabilité macroéconomique et la sophistication des activités commerciales», note Drzniek Hanouz, du WEF. Cette dernière reconnaît ces atouts dans l'économie marocaine. Cependant, selon l'étude, le royaume reste principalement handicapé par la faible efficience du marché du travail, ce dernier étant jugé rigide. Les difficultés entourant l'environnement de la compétitivité sont également citées comme un frein à l'évolution de l'économie nationale, au même titre que le niveau de la santé et de l'éducation dans le pays. Pour illustrer ce constat, l'étude sur la compétitivité fait ressortir, d'après un sondage, que l'accès au financement et la corruption sont les principaux obstacles à la pratique des affaires. Aussi, le détail de l'indice de compétitivité fait ressortir que la taille du marché est un atout qui tire vers l'avant l'efficience de l'économie, tandis que l'enseignement supérieur et la formation, ainsi que l'efficience du marché du travail, placent le Maroc au-delà de la 100e place du classement. Le score du royaume pour le marché du travail le positionne même à une peu enviable 130e place sur les 139 pays étudiés. «Au-delà d'un simple classement, cette étude devrait être une source pour les décideurs politiques afin d'assurer une meilleure orientation de leurs actions vers les points faibles de chacune des économies étudiées», ajoute Hanouz. Le message est donc clair. Le récent appel du roi au gouvernement afin de mettre en place des actions concrètes pour renforcer la compétitivité de notre économie vient d'être conforté par une étude relevant les éléments clés autour desquels il faut se mobiliser. Encore faut-il que les conclusions de ce rapport, pourtant d'une enseigne internationale indépendante, soient prises avec tout l'intérêt requis.