Sursouscription. On n'aura guère entendu ce terme-là sur la place financière en 2009, et pour cause. La sursouscription est quasi inhérente aux nouvelles introductions en Bourse. Evénement qui fait cruellement défaut au marché depuis juillet 2008. Alliances Développement Immobilier a été la dernière recrue de la cote. Depuis, aucune nouvelle introduction n'est venue assouvir la soif de papier frais dont souffre la Bourse de Casablanca. Il faut dire que le succès des IPO se mesure souvent à l'aune de leurs souscriptions. Les professionnels et observateurs du marché se souviennent encore de l'énorme engouement pour Addoha, qui a été sursouscrite 17,5 fois. Le succès du géant de l'immobilier a suscité un énorme effet d'émulation : à chaque nouvelle introduction, les souscripteurs s'attendent à une réussite comparable lors de chaque nouvelle IPO, surtout si l'opérateur qui postule à la cote est dans l'immobilier. Mais pourquoi un tel engouement ? «Psychologiquement, la sursouscription est perçue comme un signal positif, puisque théoriquement, cela sous-entend une demande supplémentaire sur le marché secondaire», commente un analyste. Distinguer le réel du virtuel Néanmoins, il faut opérer une distinction entre les sursouscriptions réelles et celles virtuelles. Les premières peuvent impacter positivement la valeur souscrite, ce qui se répercutera par d'importants ordres d'achat sur le marché secondaire et, par conséquent, une hausse du cours de ladite valeur. Ces effets sont généralement enregistrés durant la première semaine de cotation. Comme ce fut le cas pour Addoha, la CGI, ou encore CMT et ADI. Pour ce qui est des sursouscriptions virtuelles, elles résultent généralement d'une «stratégie», visant à accaparer un maximum d'actions. Théoriquement, cela consiste pour les représentants d'un ordre à demander un nombre très important d'actions afin d'obtenir, au final, le maximum de ce qui peut être attribué. «Afin de remplir cet objectif, il existe un certain nombre de pratiques, frôlant parfois la limite de la légalité», prévient un analyste. Et d'ajouter que, «en 2008, les cas de Delattre Levivier ou encore de Label'Vie sont très révélateurs en matière de sursouscription virtuelle. Dans les deux cas, le titre s'est mal comporté après l'IPO». Ce qui prouve qu'une sursouscription au moment de l'introduction en Bourse n'implique pas forcément un engouement pour la valeur concernée. Un indicateur non fiable Au final, la sursouscription ne serait donc pas un indicateur pertinent de la santé d'une valeur. L'effet psychologique, et l'anticipation personnelle des boursicoteurs, qu'ils soient en herbe ou confirmés, ont bien plus d'impact sur le cours d'un titre. À plus forte raison dans un marché défiant toute logique et qui semble obéir... à sa propre logique. De ce fait, les variations d'un cours ne reflètent pas forcément la véritable santé de la société émettrice. «Le premier rôle d'une IPO est de créer un partenariat entre la société s'introduisant en Bourse et les investisseurs. Or, cette vision peut être biaisée par une démarche spéculative à court terme», indique un analyste. En effet, l'une des conséquences des sursouscriptions est que les particuliers se focalisent plus sur la période des introductions. Ce qui fait que, par la suite, l'engouement pour le titre est moins perceptible.