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Royal Air Maroc. 2020, l'année de la consécration
Publié dans Les ECO le 28 - 01 - 2020

Devenir le principal hub en Afrique, construire un modèle économique pérenne, enrichir la flotte, atteindre la taille critique, disposer d'un contrat-programme sont les enjeux auxquels est confrontée la compagnie aérienne nationale. En attendant d'atteindre ces objectifs, RAM a enregistré de belles réalisations en 2019.
Royal Air Maroc (RAM) renforce son positionnement sur la carte du transport aérien mondial. Malgré le retard de la validation de son contrat-programme avec l'Etat, RAM a connu, ces dernières années, une croissance qui lui a permis de devenir un important acteur dans le secteur avec plus de 400 destinations et 100 liaisons directes, dont 80 avec des aéroports internationaux situés dans quatre continents. La stratégie de développement ambitieuse de la compagnie tourne autour d'un objectif principal: transformer une compagnie aérienne classique en opérateur incontournable dans le paysage aérien international. Ainsi, la compagnie va doubler sa flotte à l'horizon 2028. Mais faute d'un contrat-programme, et face à une concurrence toujours plus acharnée, la compagnie nationale risque de ne pas pouvoir honorer ses engagements d'investissement afin de renforcer sa flotte et élargir ses dessertes. Une contrainte qui pourrait altérer la stratégie nationale du tourisme. L'enjeu est stratégique. 2020 sera donc une année charnière pour RAM, celle de la confirmation de ses bonnes performances.
Dernière ligne droite pour le contrat-programme !
Le premier contrat-programme de Royal Air Maroc avec l'Etat a expiré en 2016 sans être renouvelé. C'est le sujet épineux pour lequel la compagnie aérienne n'a pas cessé de militer. Son PDG, Abdelhamid Addou, n'avait pas manqué de rappeler, lors de ses passages à la Chambre des représentants, la nécessité de la mise en place urgente d'un deuxième contrat-programme. Le PDG de RAM semble avoir convaincu le gouvernement de l'opportunité de renouveler cette approche contractuelle! Justement, concernant ce point, le PDG avait récemment déclaré à notre journal que «le contrat-programme et la vision stratégique de Royal Air Maroc sont finalisés». Ce dernier a également assuré qu'après le changement ministériel, «il y a eu une nouvelle dynamique qui s'est instaurée et nous sommes aujourd'hui complètement alignés sur notre tutelle. Il s'avère que nous avons eu quelques semaines de retard, certes, mais je vous assure que nous sommes très optimistes, il faudra juste patienter quelques semaines et tout ira bien». En tout cas, les choses semblent s'arranger pour RAM afin d'assurer son programme d'investissement pour les prochaines années.
Une flotte «en stagnation» qui plombe la performance
La compagnie nationale a certes réalisé des avancées considérables au niveau du paysage aérien, mais elle souffre encore de plusieurs obstacles qui entravent son expansion. En effet, sur les 30 dernières années, la flotte n'a pas vraiment évolué. «Nous sommes passés de 30 à 50 avions au moment où nos concurrents ont triplé, voire quadruplé de taille. C'est une progression de 2% par an du nombre d'avions quand la moyenne mondiale était de 7% pendant cette période», indique Abdelhamid Addou lors de la 15e édition des «Mardis du tourisme» organisée le 19 septembre dernier. Par la même occasion, le PDG de RAM a déploré le fait que, si la rentabilité de RAM existe, elle est tellement faible que la compagnie ne peut pas investir. Toutefois, RAM a amélioré son coefficient de remplissage. Aujourd'hui, le taux de remplissage des avions de la compagnie a dépassé 73% avec un niveau de ponctualité atteignant 90%.
L'alliance Oneworld, une ouverture sur le monde
Quinze mois de préparation ont été nécessaires pour y arriver: à partir du 1er avril 2020, les passagers de RAM bénéficieront de la puissance et de l'étendue de l'alliance Oneworld, composée de 13 compagnies membres. La compagnie nationale intégrera de ce fait l'alliance qui comprend en l'occurrence IAG, American Airlines, Cathay Pacific, Japan Airlines, Qantas et Qatar Airways. Le transporteur marocain sera donc le premier membre africain à faire partie de l'alliance mondiale. À noter dans ce sens que la filiale régionale de la compagnie, Royal Air Maroc Express, rejoindra à son tour Oneworld en tant que membre affilié à la même date. Concrètement, les passagers des compagnies membres de Oneworld, tout comme ceux de Royal Air Maroc, bénéficieront mutuellement de la reconnaissance des programmes de fidélisation, des services prioritaires dans les aéroports ainsi que de l'amélioration des correspondances entre les compagnies de l'alliance à Casablanca. C'est un marché de 528 millions de voyageurs par an transportés par 3.500 appareils qui s'ouvre donc à RAM. Cela permettra aussi à ses passagers d'accéder à 650 salons à travers le monde. Il est à rappeler que l'intégration de RAM à l'alliance a été annoncée en décembre 2018. À travers cette intégration, RAM ajoutera au réseau Oneworld 39 nouvelles destinations dans 23 pays, offrant ainsi plus de vols et d'options aux voyageurs fréquents des compagnies membres de l'alliance. Casablanca sera, ainsi, le nouveau hub Afrique de Oneworld.
L'impact positif de la ligne Casa-Pékin
Plusieurs lignes ont été lancées durant l'année 2019. Mais la plus importante est la liaison Casablanca-Pékin. Attendue depuis plusieurs mois, la liaison en question est aujourd'hui opérationnelle. Un avion de RAM a atterri, vendredi 17 janvier, à l'aéroport international de Pékin-Daxing, marquant l'inauguration de la première ligne aérienne directe entre le Maroc et la Chine. Une importante délégation de hauts responsables marocains et chinois ont pris part au vol inaugural, dont le PDG de RAM et le directeur général de l'ONMT, Adel Al Fakir. La nouvelle déserte aérienne relie, en 13 heures de vol, l'aéroport international Mohammed V à l'aéroport international de Pékin-Daxing. C'est donc la première fois que le Maroc est relié à l'Asie de l'Est et Océan Pacifique. La nouvelle ligne sera opérée par un appareil de nouvelle génération de type «B787-9 Dreamliner» d'une capacité de 302 sièges, dont 26 en business. Les vols au départ de Casablanca sont programmés lundi, jeudi et samedi à 17h (heure locale) pour une arrivée à Pékin à 11h55 heure locale (j+1), alors que les vols au départ de Pékin sont programmés mardi, vendredi et dimanche à 13h55 pour une arrivée à Casablanca à 19h55 (j+1). Le lancement de cette route aérienne vient couronner la stratégie adoptée depuis des années vis-à-vis de la Chine, notamment à travers la suppression des visas au profit des ressortissants chinois à partir de 2016. Cette action a permis d'augmenter le nombre de touristes chinois de 14.000 à plus de 148.000 touristes en l'espace de 3 à 4 ans. La ligne aérienne directe Casablanca-Pékin aura donc un impact résolument positif sur le tourisme marocain. Elle est même de nature à répondre à une forte demande exprimée par les acteurs économiques des deux pays, ce qui contribuera au renforcement des relations économiques et commerciales entre le royaume et la deuxième plus grande économie du monde.
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Le réseau domestique renforcé
Afin de mieux desservir les voyageurs en interne, la compagnie nationale dispose d'une politique qui vise à accompagner la stratégie de régionalisation avancée du royaume. Cette politique s'articule autour du renforcement des liaisons aériennes domestiques afin de contribuer au désenclavement des régions les plus éloignées du pays et de stimuler le développement économique et touristique. Dans le sillage de cette vision, RAM a inauguré en juin dernier sa base à Laâyoune. Depuis, la compagnie a procédé au renforcement de ce hub régional qui accueille huit routes opérées à raison de 41 vols par semaine. Dans le détail, il s'agit de 14 vols par semaine de et vers Casablanca, 6 vols par semaine de et vers Agadir, 6 vols par semaine de et vers Dakhla, 6 vols par semaine de et vers Las Palmas, 2 vols par semaine de et vers Guelmim, 2 vols par semaine de et vers Smara, 3 vols par semaine de et vers Marrakech et 2 vols par semaine de et vers Rabat. Au courant de l'année précédente, RAM a par ailleurs lancé, au total, 230 vols entre Casablanca et les différentes régions, dont 4 vols quotidiens vers Agadir et Marrakech, un vol vers Ouarzazate, Laâyoune et Dakhla, 4 vols par semaine vers Nador, deux vers Al Hoceima, Errachidia et Essaouira. D'autres vols ont également été annoncés, ayant pour objectif de relier divers aéroports du pays entre eux, notamment Marrakech-Dakhla, Agadir-Ouarzazate et également Zagora. La compagnie a également fait des efforts au niveau des prix des vols opérés en interne, afin de les rendre compétitifs face au transport routier ou ferroviaire. La compagnie a même annoncé qu'une enveloppe de 6 MDH a ainsi été débloquée pour faire la promotion de ces nouveaux vols intérieurs.
Turbulences... Puis paix sociale
Pendant 2019, l'activité de RAM a été confrontée à plusieurs grèves. Qu'il s'agisse des bagagistes ou des pilotes, elle a dû faire face à plusieurs revendications. Toutefois, la série de grèves s'est soldée par une paix sociale avec les différentes parties prenantes. Pour rappel, après plusieurs mois de discussion entre RAM et les représentants de l'Association marocaine des pilotes de ligne (AMPL), un accord a finalement pu être scellé en mars 2019. L'accord porte, entre autres, sur une paix sociale pour les trois prochaines années ainsi que sur une mise à niveau salariale de 5% du revenu de base de chaque pilote, tous grades confondus (copilotes et commandants de bord), y compris les nouvelles recrues, effective à compter de mars 2019. Rappelons que les pilotes de la compagnie aérienne nationale avaient mené plusieurs grèves en 2018, entraînant une importante baisse d'activité l'été de la même année. Pour ce qui est des bagagistes, un pacte social a été signé entre la filiale RAM Handling et les représentants des employés de l'aéroport Mohammed V pour mettre fin aux grèves des bagagistes. Cet accord est intervenu en juillet dernier, après plusieurs arrêts de travail sans préavis qui avaient paralysé la livraison des bagages des clients de RAM et de compagnies comme Air France et Emirates.
Le «Tout Cargo», un relais de croissance
RAM multiplie les projets en matière de fret aérien desservant plusieurs capitales économiques africaines. La compagnie a lancé, l'automne dernier, un nouveau programme «Tout Cargo» du 27 octobre 2019 au 28 mars 2020. Grâce à son avion B767-300 dédié au fret, opérationnel depuis juin 2018, la compagnie nationale renforce son réseau par l'introduction de nouvelles destinations desservies en appareil «Tout Cargo» telles que Paris CDG et Niamey, à raison d'une fréquence par semaine pour chaque destination. Ce créneau, encore très peu exploité sur le continent, laisse présager de belles perspectives de croissance pour la compagnie nationale. D'ailleurs, le programme Tout Cargo prévoit un doublement de fréquences sur Bamako et sur Abidjan. Leader du fret aérien en Afrique, la compagnie renforce son activité de transport de fret sur le continent. Son programme «Tout Cargo» comprend au total cinq destinations: Niamey, Abidjan, Bamako, Lagos et Douala. En plus de ces destinations desservies en B767-300 Freighter, RAM transporte également du fret sur un réseau mondial de plus de 85 destinations grâce aux capacités en soute de sa flotte moyen et long-courrier composée de 58 appareils dont 9 gros porteurs.
La bataille de l'air en Afrique
Avec l'open sky africain, la compagnie nationale surfe depuis quelques années sur la vague de la croissance que connaît le secteur aérien dans le contient. RAM s'impose ainsi doucement mais sûrement comme une compagnie incontournable dans les échanges entre l'Europe, l'Amérique et l'Afrique. En effet, la concurrence devient de plus en plus rude, et les autres compagnies aériennes africaines ne cessent de se développer! Quelques exemples: Air Sénégal, créée en 2016, se fait une place dans le ciel africain. La compagnie concurrence directement RAM au niveau de la ligne Casablanca-Dakar, qui constitue sa desserte la plus importante en matière de trafic. RAM opère 21 vols par semaine entre le Maroc et le Sénégal, dont 10 vols qu'elle assure sous pavillon sénégalais. En effet, l'espace aérien du continent, qui était majoritairement exploité par des sociétés européennes ou du Golfe, est ouvert aux compagnies africaines. Quoi qu'il en soit, la compagnie nationale joue un rôle important dans le transport aérien intra-africain et avec le reste du monde via le hub de Casablanca. Après avoir couvert le Maghreb et l'Afrique de l'Ouest et centrale, RAM s'est également attaquée à l'Afrique de l'Est.


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