Face à une Europe essoufflée, le secteur agricole se met désormais à la tendance de la diversification. Le primaire veut creuser vers de nouveaux horizons pour promouvoir les investissements directs étrangers (IDE). Parmi les priorités de cette nouvelle donne: les pays arabes. L'Agence pour le développement agricole (ADA) décide en effet de se tourner résolument vers les pétrodollars. L'enjeu est celui de capitaliser sur les acquis des principaux marchés émetteurs d'investissements pour le secteur agricole – en l'occurrence ceux européens – pour s'ouvrir à d'autres sources d'IDE. Il faut en effet savoir que, dans la structure des investissements agricoles étrangers opérés dans le Royaume, la France, l'Espagne et l'Allemagne monopolisent jusque-là le haut du tableau en tant que plus «gros» investisseurs. Les chiffres reflètent beaucoup mieux cette situation. En effet, pour l'argument, rien que dans la troisième tranche de partenariat public-privé autour des terres agricoles de l'Etat, gérée par l'ADA elle-même, une bonne trentaine des offres étrangères déposées proviennent de ces deux pays. Ces offres d'investissement concernent majoritairement des «Grands projets filières» et «Moyens projets agricoles». Dans la nouvelle stratégie en projet, cette nécessité de diversification est ainsi devenue évidente, puisque la feuille de route qui sera établie compte se concentrer sur de nouveaux marchés fortement émetteurs d'IDE. Dynamique prospective Les pays arabes – Jordanie, Arabie Saoudite, Emirats arabes unis, Egypte principalement – sont désormais dans le collimateur de l'ADA. Ces économies occupent actuellement le bas du classement des plus importantes offres d'investissements réalisées dans le secteur agricole local. Ce démarchage de nouvelles sources d'investissements, notamment arabes, ne se fera évidemment pas d'un coup de baguette magique. Cet objectif à long terme devrait être atteint à travers la mise en œuvre d'actions promotionnelles de diverses natures, selon les responsables de l'ADA. L'Agence compte sur un marketing territorial aux atours très agressifs et qui mise beaucoup sur la proximité. Des manifestations professionnelles et internationales sont en effet prévues, pour offrir un potentiel à la promotion d'investissements agricoles, marocains et internationaux. À terme, l'objectif est d'augmenter le niveau de considération de l'offre Maroc dans le secteur agricole et agroalimentaire, comme destination d'investissements étrangers. Les pays arabes ne seront donc pas les seuls à être ciblés. Le plan d'action de l'Agence vise aussi les grands marchés d'importations de produits agricoles marocains, ainsi que l'indentification des acteurs à cibler dans ces marchés, en termes d'investisseurs, de fonds d'investissements, etc. Toute une feuille de route Cet objectif d'identification de nouveaux marchés émetteurs potentiels d'investissements, n'est de fait, qu'un élément de toute une stratégie destinée à mieux attirer les IDE dans les filières agricoles et agroalimentaires, que l'agence s'apprête à mettre en œuvre. Dans un document interne de la structure, les détails de ce plan sont déjà précisés. Il s'agit d'une «feuille de route pour la promotion de l'investissement direct étranger dans ce secteur, auprès de marchés cibles internationaux», confirme-t-on auprès de l'Agence. Le plan d'action qui sera bientôt établi sera fondé sur deux principaux aspects. Le premier devrait miser sur «la mise en évidence des opportunités d'investissements agricoles au Maroc», là où le second axe devrait concerner le ciblage des investisseurs aussi bien à l'échelle nationale, que sur les marchés internationaux. «Cette politique d'attraction des investissements devrait permettre la création de nouveaux emplois, ainsi que la génération de nouvelles explorations filières, à travers le secteur primaire», selon des sources proches du dossier. La stratégie de l'Agence vise également le transfert vers le Royaume de nouvelles règles de gestion modernes et de technologies novatrices, destinées à rehausser la qualité des chaînes de valeur des filières agricoles, d'amont en aval. «L'approche promotionnelle retenue sera basée sur un ciblage à la fois des filières, des régions et des investisseurs», relève-t-on auprès de la structure publique. L'assurance pour redonner confiance C'est sur cette relation étroite que compte miser le ministère de l'Agriculture et de la pêche maritime pour mieux dynamiser l'investissement agricole. «Des résultats probants ont été enregistrés grâce à l'intégration d'outils innovants, tels que les produits d'assurance pour l'agriculture, ayant pour but de redonner confiance en l'investissement agricole», rassurait Aziz Akhannouch à la tribune des dernières Assises de l'Agriculture. Il est en effet certain que l'un ne pourra jamais marcher sans l'autre. Les perturbations climatiques qui ont prévalu sur l'actuelle saison agricole ont fini par faire comprendre aux autorités du secteur, la nécessité de mettre l'accent sur les incitations ainsi que sur l'amélioration des conditions d'investissements. Cela est d'autant plus pertinent pour un secteur dont la croissance est toujours aussi étroitement corrélée aux humeurs du ciel. Pour rappel, le Plan Maroc Vert vise la promotion des opportunités d'investissements dans le secteur agricole et agroalimentaire, en vue d'augmenter la part des investissements directs étrangers, à travers l'implémentation des projets agricoles, pilier I ou pilier II. Le premier pilier prévoit ainsi la réalisation de 961 projets filières, avec un investissement global de 75 MMDH. Quant au second, il envisage la réalisation de 545 projets sociaux, pour un investissement de 20 MMDH.