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"Hercule contre Hermès" : L'enquête de Les Echos quotidien
Publié dans Les ECO le 26 - 06 - 2012

C'est hier, qu'a débuté le premier acte d'un procès qui s'annonce mouvementé. Le réalisateur marocain installé en France, Mohamed Ulad Mohand, a comparu devant le tribunal de Première instance d'Asilah, suite à une plainte pour diffamation portée contre lui par l'homme d'affaires français Patrick Guerrand-Hermès (PGH). En cause, un film documentaire, en cours de finalisation, baptisé «Hercule contre Hermès». Pour ceux qui n'en n'ont jamais entendu parler, ce documentaire fait, depuis fin 2011, l'objet d'une véritable polémique où les «acteurs» de la production s'affrontent par médias interposés. Tout commence au cours de l'été 2009, «alors que je m'installe avec ma famille à la paillotte d'Hercule, comme chaque année, je découvre que ce dernier est absent. On me raconte alors qu'il a été condamné à six mois de prison ferme pour s'être bagarré avec des gardiens d'Hermès venus sur ses terres. J'ai commencé à enquêter, et c'est de là que l'idée du film m'est venue». Voici la version que martèle Mohamed Ulad Mohand, depuis le début de cette affaire, devenue une guerre juridique depuis l'été 2011. Ce qui devait à l'origine être «une chronique», explique le réalisateur, «le portrait au quotidien d'une famille paysanne face à une machine qui la dépasse», a fini par prendre au fil de la pellicule, les allures d'une affaire juridique multipartite où se mêlent intérêts économiques, réglements de comptes et vengeances. Le tout nourrissant, sur son chemin, la curiosité des médias nationaux et étrangers. Le 5 juillet 2011, tout «Le Monde» en parle. Ce jour-là, le quotidien français publie un reportage qui rapporte ce qu'il décrit comme «la bataille du pot de terre contre le pot de fer, pour un petit bout de paradis». Prétextant la prochaine sortie du film «Hercule contre Hermès», Le Monde revient sur l'histoire de Mohamed Mektiri, surnommé Hercule, modeste paysan, aîné d'une fratrie de huit frères et sœurs, qui «se débat contre un géant», en référence à Patrick Guerrand-Hermès, riche héritier de la célèbre marque de luxe, qui décide de quitter sa France natale par amour pour le Maroc et ses petits coins de paradis. Epris de l'endroit, ce dernier décide d'y bâtir une somptueuse demeure en bord de mer, rachetant, tout autour, des lots de terrains du voisinage. Son projet, faire de ces terres vierges une importante zone touristique permettant à la fois de développer la région enclavée -en attirant les amoureux du polo- et d'offrir à son élevage de pur-sang arabes de vastes espaces où galoper librement. Voilà deux hommes que tout sépare et que le hasard a pourtant décidé de confronter... Commence alors une décennie de discordes. Dix ans que les deux familles s'échangent les plaintes, s'intentent des procès et des appels en cassation, transformant des liens de bon voisinage en véritable guerre de tranchées, jusqu'à ce que le réalisateur s'en mêle et décide d'en faire un film.
Le film qui dérange
Le 17 juillet 2011, Me Abderrahmane Elbettihi, avocat au barreau de Tanger, adresse une lettre au procureur du roi auprès du Tribunal de première instance d'Asilah. Motif: «Plainte pour la diffusion sur un canal de télévision française Arte d'un film documentaire portant atteinte à l'intégrité et violant la vie privée d'une personnalité française connue résidant au Maroc». Guerrand-Hermès aurait, selon le document dont Les Echos quotidien détient copie, «surpris Mohamed Ulad Mohand en train de le photographier lui et sa famille à son insu pour la réalisation d'un film documentaire». Mais ce n'est pas pour cette première plainte que le réalisateur a comparu ce lundi 25 juin 2012 devant la cour. En effet, après plus de six mois «d'enquête», le parquet décide, en février dernier, de rejeter la plainte de PGH pour manque de preuves. «Il n'y avait pas assez d'éléments pour statuer et aller jusqu'au tribunal», nous précise Me Fouad Foutouh, avocat des défendeurs au barreau de Tanger, en charge du dossier. Entretemps, Ulad Mohand se lance dans une offensive médiatique criant au sabotage et à l'atteinte à la liberté d'expression. Et pour cause, après deux ans de tournage et une année de post-production, le film est en passe de perdre l'un de ses plus importants bailleurs de fonds et risque de voir filer d'autres partenaires clés, tels que la chaîne franco-allemande Arte. «Ce retard judiciaire est sur le point de nous faire perdre un investisseur américain majeur», alertait Ulad Mohand le 24 février dernier, lorsque nous l'avions contacté. Il s'agit du groupe Independant Television Service (I.T.V.S) qui prend annuellement en charge cinq films étrangers – dont «Hercules contre Hermès» - et présente leur candidature à des compétitions mondiales du calibre des Grammy ou des Oscars. Pour le cinéaste, cette plainte «sans fondement, dans la mesure où les faits qui nous sont reprochés ne peuvent s'apprécier qu'à la diffusion du film et non pendant son tournage». À Paris, Ulad Mohand et Nicolas Namur (producteur du film et gérant de la société Epiphène) envoient régulièrement des courriers au procureur du roi à Asilah réclamant le traitement de cette première plainte. «Monsieur le procureur (...) comme je vous l'ai écrit à plusieurs reprises, nos partenaires risquent de se désolidariser du film dans les prochains jours si le résultat du traitement de la plainte (...) n'est pas rendu très vite». L'important pour eux, explique-t-il, ce n'est plus tant la nature de la décision, mais qu'il y en ait une. En pièce jointe, le producteur français envoie au procureur un document signé des deux défendeurs, attestant «que ce film ne porte ni atteinte au droit à l'image ni atteinte au respect de la vie privée de Patrick Guerrand-Hermès et de sa famille». Une suite devait être donnée «dans un délai d'un mois», avait affirmé le premier suppléant du procureur quelques jours après qu'elle ait été déposée, cite Namur dans l'un de ses courriers (13 janvier 2012). «Six mois plus tard, nous sommes toujours dans l'attente», poursuit-
Mohand contre Hermès refait surface
Aujourd'hui donc, près de cinq mois après que le rejet de la première plainte, l'affaire connaît un nouveau rebondissement et atterrit cette fois-ci sur le bureau d'un juge. Désormais, Patrick Guerrand-Hermès requiert «la saisie du film et l'interdiction de sa projection ou, préventivement, la suppression du nom d'Hermès du titre de l'œuvre, à cause de son absence ès qualité dans l'affaire qui oppose la famille El Mektiri et la société immobilière dont il est le propriétaire et qui a acquis les terres objets du litige». L'homme d'affaires accuse également les deux cinéastes de «tentative de chantage au vu de sa position internationale sur les plans économique et social». Pour sa défense, Ulad Mohand assure qu'il avait contacté Patrick Guerrand-Hermès à plusieurs reprises pour «prendre part au documentaire et pour la réalisation d'une interview mais que, mis à part un accord de principe formulé lors des échanges de courriels, aucune suite n'a été donnée à cette requête. De ce fait, Ulad Mohand affirme que «ni Guerrand-Hermès, ni la famille Hermès dans son ensemble n'apparaissent» dans son documentaire. Déterminé à prouver sa bonne foi, le réalisateur affirme à la veille de son passage au tribunal qu'une fois le montage du film achevé «les concernés pourront le visionner avant sa projection». Mais que s'est-il réellement passé sur les lieux du tournage ? Pourquoi la réalisation de ce fameux documentaire a-t-elle viré au drame ? Qu'est-ce qui a décidé l'homme d'affaires à faire appel à la justice et à monter au créneau ? Pour en savoir plus sur les non-dits de cette affaire, Les Echos quotidien est allé sur les lieux et a mené son enquête.
Une histoire de chantage!
Dans le village de Sidi Mghait, où nous nous sommes rendus, des rumeurs circulent. Il se raconte tantôt que la famille d'Hercule aurait fait appel au réalisateur pour produire ce film et faire pression sur le riche monsieur afin de lui soutirer une importante indemnité. D'autres parlent d'un chantage que le réalisateur aurait directement tenté de faire à Guerrand-Hermès. Les deux hommes ayant été en contact bien avant 2009. Voilà ce que les faits racontent : En 1998, Ulad Mohand, prend contact avec Patrick Guerrand-Hermès, sollicitant son aide pour son prochain court métrage baptisé «Le café de la plage», soit 600.000 francs (Près de 91.470 euros ; plus d'1 MDH) et sa maison sur la plage pour les besoins logistiques du tournage. Jusqu'ici les violons des deux hommes s'accordent. C'est en lisant un communiqué publié au nom de Patrick Guerrand-Hermès le 24 février 2012 que la cacophonie des versions commence. Le document explique que suite à cette prise de contact, l'héritier Hermès aurait répondu au réalisateur «qu'il étudierait favorablement cette demande» mais «sans réponse, Guerrand oublia ce projet». Lorsqu'il évoquera cette histoire devant nous, Guerrand-Hermès, laisse entendre que le film en question «n'a jamais vu le jour» et que ce serait pour cette raison que le réalisateur chercherait à provoquer, dix ans plus tard l'éventuel mécène de l'époque. Une théorie qui peut vite se démonter puisque «Le café de la plage» (25 minutes) est bel est bien sorti cette même année avec à l'affiche Samia Akariou, Saïd Zaidi et Laarbi Dahbi. L'autre hypothèse, déclinée dans le même communiqué, veut qu'en 2009, «la société Epiphène s'est rapprochée des avocats du groupe afin d'étudier le financement du film «Hercule contre Hermès». Les négociations entre le cabinet d'avocats et la société Epiphène auraient donné lieu à une estimation de 500.000 euros pour «le rachat du scénario», ce que – selon le document - «Guerrand-Hermès a immédiatement refusé de considérer». Ce serait donc en «réponse» à ce refus qu'au cours de l'été 2009, Ulad Mohand et son équipe de tournage aurait pointé leurs caméras en direction de la maison Hermès «montant la garde... poursuivant les petits-enfants... ». Deux ans plus tard, l'investisseur français décide de porter plainte – une première fois – contre l'équipe du film. Pourquoi avoir attendu si longtemps, y a-t-il eu négociation à l'amiable avant d'en arriver à la justice ? quelques versions et échanges de mails semblent le confirmer, mais nous n'en saurons pas plus.
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