Qui a dit que le sexe et la contraception étaient tabous au Maroc ? Certainement pas le ministère de la Santé. Engagé dans une stratégie nationale de lutte contre les maladies sexuellement transmissibles depuis plusieurs années, le ministère de la Santé joue son plein rôle de sensibilisateur. Il prévoit en effet de lancer un nouveau programme de marketing social (PMS) pour le préservatif masculin. Il y a quelques semaines seulement, l'autorité lançait ainsi une «consultation pour l'élaboration d'un cahier des charges relatif au recrutement de l'agence d'exécution du Programme de marketing social du préservatif masculin». C'est une grande première pour le ministère de tutelle, dans une thématique où s'était jusque-là fortement impliquée l'Association de lutte contre le sida (ALCS). Initié depuis 2009, le processus entamé par le ministère se concrétise donc enfin. Il y a trois ans, le ministère décidait en effet d'élaborer un PMS pour ce mode de contraception, avec le soutien du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Il y a lieu de noter par ailleurs que le Maroc bénéficie de 47,3 millions de dollars, soit près de 426 MDH pour la période 2004-2012, comme subvention du Fonds mondial. Une stratégie de marketing social a déjà été établie à l'issue d'une première consultation, réalisée avec la collaboration du Fonds des Nations-Unies pour la population. Les grands axes du PMS ont ainsi été fixés. En 2010, il a été conduit une étude de faisabilité économique, cette fois-ci avec le concours du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, comme préalable nécessaire avant toute mise en œuvre du PMS. La stratégie de marketing social est donc en passe d'être concrétisée, grâce au Round 10 du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, pour la période 2012-2016. Les contours de la stratégie étant donc déjà tracés, il ne reste plus qu'à en exécuter la mise en œuvre. Telle sera donc la mission de l'agence que s'apprête à recruter l'autorité de tutelle. Pour l'heure, le ministère de la Santé appelle les cabinets de consulting spécialisés dans le marketing social et notamment dans la lutte contre le sida, à se manifester auprès de lui pour l'élaboration du cahier des charges de référence. «La consultation est prévue au cours des mois d'octobre et de décembre prochains, avec une visite de terrain de 10 jours», précise ainsi le ministère. Il faut donc s'attendre au lancement d'un appel d'offres relatif au programme de marketing social pour début 2013 et à une campagne de sensibilisation auprès de la population sur l'utilisation du préservatif masculin, d'ici l'année prochaine. Cela ne pourra faire que du bien dans un pays où, malgré un faible niveau de prévalence (0,1%), des foyers d'épidémie concentrée émergent, notamment chez les professionnelles du sexe ou encore chez les usagers des drogues injectables. Une étude réalisée en 2008 parmi les consommateurs de drogue de la région de l'Oriental montrait ainsi une prévalence de 37,8%. Il serait peut-être aussi grand temps que le Maroc planche sur la sensibilisation à l'utilisation du préservatif féminin et de la pilule contraceptive. Mais il s'agit là d'une autre paire de manches.