Une matinée à marquer d'une pierre blanche, hier, pour la CGEM. Le siège de l'organisme patronal à Casablanca a accueilli une réunion à huis clos de plusieurs personnalités dont les ex-présidents de la confédération ainsi que les représentants des entreprises nationales au sein du Conseil économique et social installé lundi dernier. Une task force de choix rassemblée pour réfléchir sur «les actions nécessaires à l'accélération de la mise en œuvre des objectifs de la Vision CGEM 2020 en matière de création d'emploi»... Voilà du moins ce que prévoyait l'ordre du jour officiel. Les participants, pour leur part, ont préféré substituer à ce cadre formel des échanges francs, selon les indiscrétions recueillies à la fin de la réunion. Les manifestations du 20 février ont visiblement remué l'élite économique du pays. «Le récent mouvement de revendication a bien motivé en grande partie la réunion exceptionnelle du patronat», a confié d'ailleurs le président de la CGEM Mohamed Horani, lors d'une conférence de presse tenue suite aux concertations. Le patron des patrons a en revanche livré de l'information au compte-gouttes s'agissant du contenu des débats. On apprend néanmoins, en coulisses, qu'un temps fort a marqué les échanges à l'occasion de la déclaration de l'ex-patron de la CGEM, Moulay Hafid Elalamy. Habitué des situations difficiles au sein du patronat, Elalamy a appelé chacun à prendre ses responsabilités. L'ex-patron des patrons a également affirmé que «la CGEM a un rôle à jouer aussi bien dans l'économie que dans le social». À ce titre, Elalamy recommande de «se tenir debout et d'apporter des solutions responsables derrière le Roi ». Fidèle à son franc-parler, l'ancien patron de la CGEM a appelé également à ce que les avantages de rente et les guerres de clans cessent. Non moins explicite, l'ex-président Abderrahim Hajjouji a appelé les opérateurs à être plus responsables et à assumer leur rôle historique. Et d'aller droit au but : «Ce qui s'est passé dans les rues est dangereux et devrait nous interpeller». «Le fait que deux ex-présidents de la CGEM soient appelés en renfort est une démarche inédite et dénote bien la gravité de la situation», note un membre de la Confédération ayant pris part à la réunion d'hier. Cette gravité a fait par ailleurs l'objet d'un consensus général parmi les patrons de tous les secteurs et de toutes les sensibilités. Le consensus s'est également formé autour des maux qui continuent d'entraver l'économie. «L'enjeu est de répartir équitablement les richesses», a exprimé le patron d'Attijariwafa bank, Mohamed Kettani. Supprimer les passe-droits, lutter contre les entreprises «voyous», combler le gap entre les revendications des jeunes et les réponses apportées par l'entreprise... le patronat cerne encore une multitude de problématiques. Pour remédier à tout cela, «des annonces réalistes doivent être faites au plus tôt», a tranché un patron. Les semaines à venir s'annoncent donc critiques. R.H