Dans un marché dynamisé par les placements d'assurance-vie, la compétition fait rage entre les opérateurs. En 2024, les primes ont frôlé les 60 milliards de dirhams, en hausse de 5,2%. Traction du secteur, l'assurance-vie pèse désormais 45,6% du marché. Voici les positions des dix premiers opérateurs. Avec 60 milliards de dirhams de chiffre d'affaires (59,71 milliards exactement) en 2024, le secteur de l'assurance s'approche de la taille critique, estimé à 10 milliards de dollars, pour biper dans les radars mondiaux. Les primes enregistrent une progression de 5,2%, soit plus que l'évolution du PIB. Encore plus rassurant pour les professionnels, la régularité de la croissance au cours des dix dernières années alors que le potentiel reste énorme dans un pays où le taux de pénétration de l'assurance se situe autour de 4%. L'assurance-vie confirme le statut de traction du marché en drainant, en 2024, 27,2 milliards DH de primes émises, soit une croissance de 5,1% sur douze mois. Les placements d'assurance-vie pèsent 45,6% du chiffre d'affaires sectoriel, soit 20 points de plus que la part de la branche automobile (25,4%) qui fut jadis la locomotive du marché de l'assurance au Maroc. Adossée à une niche fiscale très attractive, l'assurance-vie est portée par le succès des placements d'épargne auprès des ménages. Les placements des ménages dans l'assurance-vie représentaient 12% de leur patrimoine financier en 2023 contre 8,4% dix ans plus tôt. Dans les 27 milliards de dirhams de primes collectées l'an dernier, figurent des polices d'épargne-retraite souscrites par des professions libérales, des cadres ainsi que des milliers d'indépendants dans les réseaux bancaires. Par ailleurs, de plus en plus de petits commerçants placent une partie de leur revenu dans les produits de prévoyance sociale afin de maintenir leur niveau de vie à la retraite. L'épargne-capitalisation a explosé l'an dernier avec une hausse de 20,4%, à 12,82 milliards DH, sans doute en ayant capté une partie du cash déclaré dans le cadre de l'amnistie fiscale. Cette prise de conscience explique l'attractivité de l'épargne-retraite et la bagarre que se livrent les compagnies d'assurance sur ce marché dominé par un quinté d'opérateurs. Avec 28% de part de marché, Mutuelle Taamine Chaabi, la filiale du groupe BP, devance Wafa Assurance, à 24% de part de marché, RMA, 17,4%, Axa Assurance Maroc détient 9,1% de part de marché tandis que La Marocaine Vie est à 7,6%. Un basculement attendu d'ici dix ans Avec 32,5 milliards de dirhams, les primes émises pour la branche «Non-Vie» sont en progression de 5,5%. Elles représentent 54,4% du marché. Mais cette position est menacée par la montée en puissance de l'assurance-vie. Beaucoup de professionnels prédisent en effet un basculement d'ici dix ans. L'automobile et ses 15,17 milliards de DH de primes, et qui fut jadis une vache à lait du secteur, reste en pôle-position dans la branche Non-Vie, malgré une fraude inquiétante contre laquelle les assureurs ont déclaré la guerre. Pour l'instant, ils ont réussi à remporter quelques succès retentissants contre des réseaux organisés de la fraude, bénéficiant parfois de complicités internes. Au sein de la Fédération marocaine de l'assurance, une ressource est dédiée à temps-plein à cette mission. En partant du principe que «l'union fait la force» appliquée aux sports collectifs, les assureurs marocains ont réussi à dépasser leurs réticences historiques à partager des données-clientèle, pour combattre un ennemi commun. Toute la profession peut aujourd'hui accéder aux reporting détaillant les travaux d'enquête sur les dossiers frauduleux «matériel RC Automobile». Il ne devrait plus être possible qu'un assuré indélicat, indésirable au guichet d'une compagnie, aille se couvrir chez une autre. L'objectif est de réduire la part frauduleuse des sinistres et, au passage, d'améliorer la profitabilité technique et financière. Abashi Shamamba / Les Inspirations ECO
