Alors que l'intelligence artificielle connaît un essor mondial rapide, bouleversant à la fois l'économie, la vie des citoyens et les politiques publiques, le Maroc manifeste clairement son ambition de se doter d'un cadre stratégique et réglementaire solide pour cette technologie. Dernièrement, un groupe de parlementaires a adressé une question à Mme Amal El Fallah Seghrouchni, ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l'administration, afin d'obtenir des précisions sur la stratégie nationale en matière d'IA et sur les mécanismes envisagés pour en encadrer l'usage. Selon Ahmed Abbadi, représentant du Parti du Progrès et du Socialisme, l'intelligence artificielle transforme déjà les métiers, l'éducation, la prise de décision et les modes de production. Face à ces bouleversements, il juge indispensable l'instauration d'un socle juridique capable de garantir une exploitation sûre, équitable et responsable de cette technologie. Pour le ministère, l'IA représente un levier essentiel pour améliorer la qualité des services publics, introduire de nouvelles pratiques dans la vie quotidienne et professionnelle, dynamiser l'économie numérique et renforcer la compétitivité du pays. Mais l'institution rappelle que ces perspectives s'accompagnent aussi d'enjeux majeurs : respect de la vie privée, sécurité des données, risques de discrimination algorithmique ou encore impact sur certains emplois. Afin de répondre à ces défis, la ministre a dévoilé un plan national ambitieux. Celui-ci prévoit l'intégration de l'intelligence artificielle au cœur de l'action publique : amélioration des soins de santé, création de contenus éducatifs intelligents, optimisation des réseaux de transport et de circulation, ou encore gestion durable des ressources vitales pour garantir la sécurité hydrique, alimentaire et énergétique. La feuille de route s'appuie sur plusieurs piliers : la construction de centres de données de dernière génération, le renforcement des dispositifs nationaux de cybersécurité, ainsi que la formation, en partenariat avec la Banque mondiale, d'un million de jeunes marocains et africains aux compétences liées à l'IA d'ici 2030. Des programmes spécifiques sont également prévus pour les zones rurales, avec pour objectif de réduire la fracture numérique et d'améliorer les conditions de vie. Lire aussi : La cybersécurité, synonyme de souveraineté numérique et facteur de croissance économique Parmi les actions déjà engagées, on peut citer la conclusion de neuf accords destinés à soutenir l'innovation dans l'éducation, la santé et l'emploi, ainsi que la tenue de la première Conférence nationale consacrée à l'intelligence artificielle, réunissant des spécialistes marocains et internationaux. La création des « Instituts Al-Jazari » dans plusieurs régions du Royaume viendra compléter ce dispositif, en favorisant les passerelles entre recherche scientifique et initiatives locales, tout en initiant les enfants et adolescents de 8 à 18 ans aux savoir-faire numériques et à l'IA. Dans son intervention, la ministre a insisté sur un point essentiel : l'intelligence artificielle ne vise pas à remplacer le capital humain, mais à accroître son efficacité. Elle contribuera, a-t-elle expliqué, à simplifier les démarches administratives, à analyser des volumes massifs de données, à renforcer la transparence et à fluidifier les relations entre administration et citoyens grâce à des plateformes intelligentes. Ces orientations s'inscrivent dans la continuité des Directives Royales destinées à accélérer la transition numérique et à consolider la souveraineté digitale du Royaume. À travers ce programme, le Maroc aspire non seulement à sécuriser les retombées sociales et économiques liées à l'intelligence artificielle, mais aussi à s'affirmer comme un acteur régional et international capable de développer des solutions technologiques innovantes, durables et respectueuses des principes éthiques.