À Marrakech, Nawal El Moutawakel a salué l'élan transformateur du Mondial 2030 pour le Maroc. L'ancienne championne olympique, aujourd'hui vice-présidente du CIO, voit dans l'organisation conjointe de la Coupe du monde de football un levier stratégique pour accélérer le développement du pays. Elle intervenait lors de la 33e Assemblée générale de l'Alliance des agences de presse méditerranéennes. À l'heure où le Maroc se prépare à accueillir deux rendez-vous footballistiques majeurs – la Coupe d'Afrique des Nations en 2025, puis, cinq ans plus tard, la Coupe du monde coorganisée avec l'Espagne et le Portugal –, l'impact de ces événements dépasse largement le cadre sportif. À Marrakech, mercredi 28 mai, Nawal El Moutawakel a livré un plaidoyer vibrant sur le rôle structurant du sport dans le développement national. Intervenant en ouverture de la 33e Assemblée générale de l'Alliance des agences de presse méditerranéennes (AMAN), la vice-présidente du Comité international olympique (CIO) a estimé que l'accueil du Mondial 2030 constitue un puissant catalyseur pour les chantiers en cours dans le Royaume. «L'organisation de la Coupe du monde donnera un coup d'accélérateur aux grands projets de développement déjà engagés dans notre pays», a affirmé l'ex-athlète, pionnière du sport féminin dans le monde arabe et africain. «Le Maroc est prêt» Première femme du continent africain et du monde arabe à décrocher une médaille d'or olympique – c'était en 1984 à Los Angeles sur 400 mètres haies –, Nawal El Moutawakel s'exprimait devant un parterre de dirigeants d'agences de presse venus des deux rives de la Méditerranée. L'événement, organisé par la MAP, a mis en lumière le lien croissant entre football et médias, dans un contexte d'intensification des investissements sportifs au Maroc. Riche de plus de deux décennies d'expérience dans l'organisation d'événements sportifs planétaires, El Moutawakel a rappelé avoir assisté à «plus de vingt-deux éditions des Jeux olympiques, estivaux et hivernaux». Elle mesure ainsi la complexité logistique et humaine d'un événement tel qu'une Coupe du monde. «J'ai vu de près l'impact du sport et les défis immenses que représente une telle organisation. Le Maroc est prêt à les relever», a-t-elle déclaré. Au-delà de l'événement lui-même, la vice-présidente du CIO met en avant la portée symbolique et politique du projet. Elle a salué «le coup de génie» de la FIFA qui a réuni, pour la première fois, deux continents – l'Europe et l'Afrique – autour d'une candidature commune. Une configuration inédite qui, selon elle, permet de «mettre en lumière le rôle du sport dans le rapprochement des peuples et le développement solidaire». «Le sport a changé ma vie» Très attendue par les médias présents, l'intervention d'El Moutawakel a aussi pris une tournure plus personnelle. Revenant sur son propre parcours, elle a confié : «Grâce au pouvoir du sport, ma vie a changé. Il n'a fallu que 54 secondes et 61 centièmes pour passer de l'ombre à la lumière». Une allusion à sa victoire historique à Los Angeles, qui fit d'elle une figure emblématique du sport mondial et un modèle pour des générations de jeunes filles. Convaincue que le sport peut jouer un rôle d'émancipation et d'inclusion, elle défend une vision humaniste et sociale des grandes compétitions. «Le sport n'est pas un luxe, ni un simple spectacle. Il est un vecteur d'épanouissement, un outil d'éducation et un moteur de transformation», a-t-elle martelé. L'organisation de la Coupe du monde 2030 – dont le coup d'envoi sera symboliquement donné en Uruguay, à l'occasion du centenaire de la première édition – s'inscrit ainsi, selon elle, dans un agenda national ambitieux, en phase avec les orientations de modernisation impulsées par le Roi Mohammed VI. Médias et football au cœur des échanges La 33e Assemblée générale de l'AMAN, placée sous le thème «Football et médias en Méditerranée : bâtir des ponts au-delà des frontières», s'est tenue dans un climat de coopération renforcée entre les agences de presse du bassin méditerranéen. Aux côtés de Nawal El Moutawakel, le ministre marocain de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Mohamed Mehdi Bensaid, et le président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), Fouzi Lekjaa, ont également pris la parole. Ce dernier préside par ailleurs le comité d'organisation marocain du Mondial 2030. À travers la présidence tournante assurée cette année par la MAP, le Maroc entend valoriser l'apport des médias dans la construction d'un récit collectif autour de la Coupe du monde. Une occasion aussi de souligner l'ampleur des investissements consentis dans les infrastructures sportives, les transports et la logistique. Dans un pays où le football demeure une passion populaire, le Mondial 2030 constitue bien plus qu'un événement sportif : il est perçu comme une étape stratégique dans l'affirmation d'un Maroc moderne, ouvert et structuré pour relever les défis du XXIe siècle. Sami Nemli / Les Inspirations ECO