Selon un classement établi par la Banque africaine d'import-export (Afreximbank), le Maroc est le quatrième pays africain le plus endetté, et représente, à lui seul, 5,9% du total de la dette africaine. Le Maroc est le quatrième pays africain le plus endetté ! Le constat est fait dans un nouveau rapport que vient de publier l'institution financière panafricaine Afreximbank. Selon ce rapport qui s'intéresse au niveau de la dette des pays africains, le Royaume concentre à lui seul 5,9% de l'ensemble de la dette africaine. Toutefois, le poids de la dette marocaine est moins important comparé à d'autres poids lourds de l'économie africaine. En effet, dans le top 6 africains, on retrouve, dans l'ordre, l'Afrique du Sud (13,1% de la dette extérieure africaine), l'Egypte (12%), le Nigeria (8,4%), le Maroc (5,9%), le Mozambique (5,3%) et le Soudan (5,2%). D'ailleurs, ces six pays africains concentrent à eux seuls l'équivalent de 50% de l'encours de la dette extérieure du continent en 2025, indique la Banque africaine d'import-export (Afreximbank). Pour le Maroc, le taux d'endettement tourne autour de 70% du PIB. Chantiers budgétivores Toutefois, face aux différents grands chantiers lancés actuellement pour la modernisation de plusieurs secteurs budgétivores, comme les infrastructures, surtout dans la perspective de la co-organisation de la Coupe du monde de football 2030, il est fort à parier que ce taux d'endettement soit appelé à augmenter. À cela s'ajoute le programme de reconstruction des zones touchées par le séisme d'Al Haouz, qui nécessite également un important investissement avec une enveloppe de 120 MMDH, rien que dans sa phase d'urgence. Pour sa part, dans son rapport, Afreximbank estime que dans les perspectives à moyen terme (2026-2029), le ratio dette/PIB moyen du continent devrait diminuer de plus de deux points de pourcentage durant les quatre prochaines années pour se stabiliser juste au-dessus de 55% en 2029. Mais, en même temps, la banque panafricaine alerte sur les pays de certaines régions, dont celles du Maroc. En effet, les pays d'Afrique du Nord et d'Afrique de l'Ouest continueront d'être confrontés à des charges de service de la dette extérieure relativement plus élevées, note Afreximbank. L'alerte de la Cour des comptes Par ailleurs, il est à noter que pour le Maroc, rien que pour l'exercice budgétaire 2025 en cours, la Loi de finances prévoit un endettement supplémentaire d'environ 60 MMDH. Du côté du ministère de l'Economie et des Finances, on faisait récemment savoir que le Royaume avait déjà pu sécuriser l'essentiel de ces fonds sur les marchés internationaux, en plus de la contribution des bailleurs multilatéraux et bilatéraux. Pour rappel, la Cour des Comptes avait récemment alerté sur le niveau de la dette publique nationale. Dans son dernier rapport sur la question, la Cour relevait qu'en 2023, la dette totale représentait environ 71,5% du PIB, soit une hausse par rapport au 69,5% en 2022. Face à cette situation, la Cour a émis une série de recommandations, consistant, en autres urgences, à améliorer l'efficacité de l'investissement public, à optimiser les dépenses publiques, mais aussi à renforcer la mobilisation des ressources internes et à contrôler la soutenabilité de la dette. Equilibre budgétaire et ressources intérieures Dans son récent rapport sur la dette publique, la Cour des comptes était revenue sur les principaux facteurs qui contribuent à gonfler la dette du Royaume. Parmi ces facteurs, on peut citer : la hausse continue des dépenses publiques, en particulier les dépenses sociales et les investissements dans les infrastructures. Ces investissements sont toutefois nécessaires pour accompagner les chantiers structurants du pays. Cela dit, ces dépenses, lorsqu'elles ne sont pas encadrées par des mécanismes de contrôle efficaces, risquent d'exacerber les déséquilibres financiers. Par ailleurs, en recommandant de renforcer la mobilisation des ressources intérieures, la Cour des comptes insistait en même temps sur l'accélération des réformes fiscales pour élargir l'assiette fiscale et améliorer le recouvrement des impôts, tout en veillant à la justice sociale dans l'effort fiscal. Une manière, selon elle, de réduire la dépendance de l'endettement extérieur. Abdellah Benahmed / Les Inspirations ECO