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Formalisation fiscale : la fragilité des microstructures inquiète
Publié dans Les ECO le 25 - 06 - 2025

Le rapport 2024 de la DGI souligne une formalisation accrue de l'économie marocaine grâce à 131.212 nouvelles adhésions, majoritairement des personnes morales (53%). Cependant, cette dynamique est tempérée par la prédominance des auto-entrepreneurs parmi les personnes physiques professionnelles et un ralentissement inquiétant de leur croissance.
La Direction générale des impôts (DGI) vient de publier son rapport 2024, lequel met en lumière les avancées réalisées en matière d'adhésion fiscale. Avec 131.212 nouvelles adhésions (dont 47% de personnes physiques professionnelles et 53% de personnes morales), ces données révèlent une formalisation accrue de l'économie marocaine. Pourtant, derrière ces chiffres se cachent des enjeux complexes : ralentissement de la croissance des auto-entrepreneurs, tensions sur la qualité du registre fiscal et défis de transformation numérique. Voyons ce que nous révèle l'analyse des chiffres.
Une formalisation tirée par les PME, mais une prédominance fragile des microstructures
Le rapport 2024 de la DGI révèle une formalisation de l'économie marocaine, principalement portée par 69.177 nouvelles personnes morales (53% des adhésions), contre 62.035 personnes physiques professionnelles (PPP), soit 47%. Une prédominance des structures organisées (PME, sociétés) qui signale une maturation de l'entrepreneuriat formel.
Toutefois, l'analyse des PPP expose une fragilité structurelle : 62% d'entre elles sont des auto-entrepreneurs (soit 38.461 sur 62.035), tandis que seuls 8% tiennent une comptabilité complète et 30% relèvent du régime simplifié de la CPU.
Comme le souligne le rapport, «les auto-entrepreneurs concentrent 62% des personnes physiques professionnelles nouvellement enregistrées». Une surreprésentation des micro-activités faiblement capitalisées et non comptabilisées qui interroge sur la pérennité des recettes fiscales et la capacité de ces entités à évoluer vers des modèles contributifs durables, révélant une économie duale où robustesse des PME coexiste avec vulnérabilité des microstructures.
Ralentissement préoccupant des auto-entrepreneurs
L'effectif des auto-entrepreneurs atteint 440.916 en 2024, mais son taux de croissance annuel accuse un essoufflement marqué. Après un bond de +27% en 2021, il décélère à +12% en 2022, +6% en 2023, et seulement +2% en 2024.
Ce ralentissement est corrélé à la baisse des récupérations d'ICE pour les PPP (-13.177 unités entre 2023 et 2024), passant de 95.452 à 82.275. Une tendance qui suggère une saturation du modèle d'auto-entrepreneuriat, initialement conçu comme un levier de formalisation massive.
Une tendance qui reflète également des défis socio-économiques sous-jacents : précarité des revenus dans ce segment, persistance de l'informalité résiduelle ou encore inadéquation des dispositifs d'accompagnement face aux contraintes opérationnelles (accès au marché, fiscalité, financement). La DGI alerte ainsi indirectement sur les limites d'un outil pivot de la politique de formalisation.
Transformation numérique : une efficacité administrative en progrès, mais pas pour tous
Le déploiement du module de création en ligne «Direct Entreprise» sur «la quasi-totalité des tribunaux du Royaume» marque une étape décisive dans la modernisation administrative. Couplée à l'identification simplifiée des particuliers via la CNIE et un «tiers de confiance national», cette plateforme a facilité une formalisation électronique intégrale, expliquant en partie la hausse significative des ICE pour les personnes morales (+8.789 unités en 2024).
Cependant, cette dynamique contraste avec le recul des ICE pour les personnes physiques professionnelles (-13.177), soulignant une fracture numérique tangible. Disons que l'asymétrie entre l'efficacité institutionnelle – démontrée par l'extension nationale de «Direct Entreprise» et les travaux sur les inscriptions modificatives – et la difficulté persistante des micro-acteurs à s'approprier ces outils interroge sur l'inclusivité réelle de la transition numérique. Elle révèle ainsi un défi d'appropriation par les TPE et travailleurs indépendants.
Formalisation VS vulnérabilité
Au vu de ce qui précède, une dualité se dégage. D'un côté, les 53% de personnes morales (69.177 sur 131.212) qui adhèrent nouvellement au système fiscal marocain, et de l'autre, la prédominance des personnes physiques professionnelles (47%), massivement composées d'auto-entrepreneurs (62%). Si les premiers illustrent une dynamique robuste d'entreprises formalisées et organisées, les seconds reflètent une économie de micro-activités à faible capitalisation.
Une dualité qui génère un risque systémique de précarité, où la domination des travailleurs indépendants peu productifs – seulement 6% s'acquittent de leurs obligations fiscales, selon Younes Idrissi Kaitouni, directeur général des Impôts – pourrait compromettre l'impact de la formalisation sur une croissance inclusive, limitant tant les recettes fiscales que les gains de productivité nationale.
Par ailleurs, l'efficacité des réformes comme le registre des inactifs (outil anti-fraude) et la plateforme «Direct Entreprise» (levier numérique) reste conditionnée par deux impératifs : une coordination interinstitutionnelle optimale entre acteurs publics et un accompagnement ciblé des TPE en vue de transformer leur adhésion formelle en viabilité économique durable.
Pour rappel, la DGI a déployé un «nouveau moteur de règle» visant à identifier les contribuables inactifs, conformément à la Loi de finances 2023. Ce dispositif cible spécifiquement les entités n'ayant «aucune opération ou activité sur trois exercices» tout en omettant leurs obligations déclaratives.
Conformément au cadre légal, la DGI a notifié aux contribuables concernés l'obligation de «déclarer leur cessation d'activité dans un délai de 30 jours […] sous peine d'inscription audit registre» des inactifs. Si le rapport ne fournit pas de données quantitatives sur les inscriptions effectives, cette démarche poursuit trois objectifs explicites : combattre «l'émission de fausses factures», neutraliser la «concurrence déloyale», et renforcer «l'intégrité du registre».
Une initiative qui révèle une priorité stratégique : assainir l'écosystème fiscal en éliminant les distorsions créées par les structures fantômes, condition sine qua non pour une concurrence saine et une légitimité accrue de l'administration.
Entre progrès et vigilance
Le rapport 2024 de la DGI démontre une avancée tangible dans la formalisation de l'économie nationale, portée par les PME et la modernisation administrative. Toutefois, l'essoufflement du statut d'auto-entrepreneur, la fragilité des personnes physiques professionnelles (PPP) et les risques de fraude résiduelle appellent à une vigilance accrue.
Comme le souligne la DGI, «l'amélioration de l'intégrité du registre» reste un impératif nécessaire pour transformer l'essai en dynamique durable. L'enjeu n'est plus seulement quantitatif (augmenter les adhésions), mais qualitatif : consolider un écosystème fiscal résilient, équitable et propice à l'innovation.
Bilal Cherraji / Les Inspirations ECO


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