Face aux risques de crues, la province d'Ifrane a validé une feuille de route préventive et concertée. Cette stratégie mobilise tous les acteurs locaux, de l'Agence du bassin hydraulique aux communes, pour sécuriser 16 zones critiques à travers des actions de terrain et des études techniques ciblées. En prévision de la prochaine saison des pluies, les autorités de la province d'Ifrane ont défini une feuille de route concertée visant à renforcer la prévention des risques d'inondations. Une réunion de travail, présidée par le gouverneur de la province, a rassemblé les présidents des communes, le directeur de l'Agence du bassin hydraulique de Sebou (ABHS) et les responsables des services techniques et sécuritaires. L'objectif était de formaliser un plan d'action concerté et anticipatif en prévision de la prochaine saison des pluies. Les discussions se sont concentrées sur la mise en œuvre de mesures préventives fondées sur des diagnostics précis, la planification d'interventions ciblées sur le terrain et le renforcement de la maintenance des infrastructures hydrauliques et routières pour améliorer la résilience du territoire face aux crues potentielles. 16 zones critiques identifiées La première étape de cette feuille de route repose sur un diagnostic technique rigoureux. Le diagnostic de l'Agence du bassin hydraulique (ABH) de Sebou a mis en exergue l'existence de 16 points noirs répartis sur le territoire provincial, considérés comme particulièrement vulnérables aux inondations. Pour la plupart de ces sites, des études techniques approfondies ont déjà été menées, représentant un budget global de 3,65 MDH. Ces études ont permis de définir les solutions de protection les plus adaptées à chaque contexte. Khalid El Ghomari, directeur de l'ABHS, a affirmé que son organisme est prêt à engager les travaux de protection. Le financement de ces projets s'appuiera sur des partenariats avec les communes concernées et le Fonds de lutte contre les effets des catastrophes naturelles (FLCN), lequel peut contribuer à hauteur 30% du coût total. En complément, le plan inclut la programmation de petits barrages, actuellement en phase d'étude, qui constitueront une mesure préventive supplémentaire pour la régulation des crues. Un réseau de 825 km au centre des opérations préventives La stratégie ne se limite pas à la planification de nouveaux ouvrages mais intègre également une action immédiate sur les infrastructures existantes. Le gouverneur de la province, Driss Misbah, a souligné l'importance des facteurs humains, tels que le déversement illégal de remblais et de déchets dans les lits des cours d'eau, qui obstruent les écoulements naturels et exacerbent les risques de débordement. En conséquence, une vaste opération préventive de nettoyage des canaux d'évacuation, des regards et des abords des routes a été lancée. Abdelilah Azmi, directeur provincial de l'Equipement, a confirmé le démarrage de cette campagne sur l'ensemble du réseau routier relevant de son ministère, long de 825 kilomètres. Il a été précisé que les moyens logistiques et humains seront renforcés pour assurer l'efficacité de cette maintenance. Dans une perspective à plus long terme, les responsables ont annoncé que les futurs marchés publics pour la réhabilitation des routes intégreront la construction d'ouvrages de franchissement et de drainage mieux dimensionnés pour prévenir l'accumulation des eaux. Un engagement continu adossé à plus de 17 MDH Cette feuille de route s'inscrit dans un contexte hydrologique complexe, où le risque de crues soudaines coexiste avec un stress hydrique structurel. Les données de l'ABHS montrent en effet une baisse de 38 mètres du niveau de la nappe phréatique du Moyen-Atlas depuis 2013. Ce paradoxe rend la gestion préventive des pluies encore plus décisive. L'approche actuelle consolide une démarche engagée de longue date. Des investissements significatifs ont déjà été réalisés pour sécuriser le territoire, notamment des travaux de protection de la ville d'Ifrane pour un montant de 6 MDH, et un projet de 11,81 MDH pour la ville d'Azrou, complété par un second programme. Mehdi Idrissi / Les Inspirations ECO