Les 27 et 28 septembre, plusieurs villes marocaines ont été le théâtre de manifestations portées par des jeunes réunis sous le nom de « Génération Z 212 ». Bien que les rassemblements aient été interdits par les autorités, cette mobilisation a réuni des centaines de jeunes venus réclamer une réforme profonde du système éducatif ainsi qu'une amélioration des services de santé publique. L'intervention des forces de l'ordre a conduit à l'arrestation de dizaines de manifestants, relâchés progressivement par la suite. Des militants marocains engagés sur les questions de jeunesse estiment que les revendications exprimées par « Génération Z 212 » s'inscrivent dans le cadre « d'un mouvement pacifique et légitime, qui élève la voix pour exprimer les aspirations d'une frange stratégique se sentant exclue et marginalisée dans la société marocaine ». Selon eux, « ce mouvement cherche à créer un véritable espace de dialogue entre les jeunes et les responsables, loin des querelles politiques traditionnelles ». À travers ses actions, le collectif souhaite attirer l'attention sur deux urgences majeures : l'éducation et la santé publique. Les militants interrogés par Hespress insistent sur le fait que ces revendications traduisent les besoins d'une nouvelle génération en quête d'égalité des chances, notamment en matière d'apprentissage, d'emploi et de conditions de vie dignes. Ils soulignent qu'« il est temps de moderniser de nombreuses approches de développement qui ont tenu la jeunesse marocaine à l'écart de la décision politique effective, en particulier dans les zones reculées où les services demeurent insuffisants ». Les protestations menées par « Génération Z 212 » apparaissent comme « une mobilisation purement juvénile », sans parrainage d'aucune entité politique ou associative. Le groupe, actif sur Facebook, insiste d'ailleurs régulièrement sur son indépendance, affirmant être « un mouvement pacifique, dont les revendications sociales sont légitimes et sans lien avec aucune orientation hostile ou extérieure à ce cadre ». « Une cause légitime » Pour Abdelouahed Ziat, président du Réseau marocain pour l'alliance civique de la jeunesse, ces manifestations traduisent « des revendications légitimes et pressantes, correspondant à des engagements auxquels le gouvernement aurait dû apporter de véritables solutions ». Il rappelle que « le réseau a alerté à plusieurs reprises sur la lenteur du traitement de ces dossiers, malgré l'importance d'une frange vitale de la société marocaine, dotée d'une voix forte et de revendications axées sur des priorités telles que l'emploi et la santé ». Dans une déclaration à Hespress, Ziat déplore que « le gouvernement n'ait pas mis en place de mesures concrètes pour inscrire les préoccupations des jeunes dans son agenda exécutif, alors même que la stratégie nationale de la jeunesse est gelée depuis plus d'une décennie, sans mécanismes d'application ni réelle participation des jeunes et des organisations concernées ». Selon lui, « l'absence de prise en compte de cette stratégie dans les lois de finances et les budgets a provoqué la répétition de ces revendications, sans solutions, révélant la faiblesse des politiques publiques et l'absence de volonté politique ». Une bombe sociale Le militant estime par ailleurs que « répondre aux revendications des jeunes par une approche sécuritaire ne mènera à rien ». Il appelle à privilégier « une politique de communication et une compréhension réelle de leurs problématiques ». Pour lui, certaines décisions, comme le plafonnement du recrutement dans le secteur de l'éducation, constituent « une véritable bombe sociale aux conséquences lourdes ». Ziat dénonce également « le vide qui se creuse avec le manque d'opportunités d'investissement et d'emploi pour les jeunes », lesquels finissent par se sentir exclus « des grands projets du pays ». Un avenir en jeu Le président du réseau insiste aussi sur « l'importance de traiter les difficultés sociales et éducatives rencontrées par les jeunes, notamment la crise du logement universitaire qui pousse beaucoup d'entre eux à renoncer à leurs rêves ». Il appelle à « garantir l'égalité des chances et à offrir un environnement équitable qui renforce leurs ambitions », avertissant que « la poursuite de cette négligence conduira à sacrifier des générations entières ». Selon lui, seule « une action courageuse, capable de répondre aux attentes des jeunes, pourra assurer un avenir meilleur et restaurer la confiance en l'avenir du Maroc ». Enfin, Abdelouahed Ziat rappelle que « la vraie politique ne peut se résumer à arrêter puis relâcher des jeunes, elle exige des politiques publiques justes et équitables, même si elles sont coûteuses, car elles seules garantissent des résultats concrets et permettent de réduire le chômage ». Et de souligner que « la jeunesse est la véritable richesse de la société. Ignorer ses revendications, c'est ignorer l'avenir du pays, surtout si l'on continue de reporter l'élaboration d'une vision globale qui investisse dans les énergies jeunes et restaure la confiance en l'avenir du Maroc ».