Le Maroc s'impose comme le premier exportateur africain et quatrième mondial de myrtilles, avec 82.000 tonnes expédiées en 2025, ayant diversifié sa production de fruits rouges (14.000 ha) vers les myrtilles et les framboises. Bénéficiant d'un avantage de précocité sur l'Europe, le secteur fait face à la montée en puissance de concurrents comme l'Egypte et l'Afrique du Sud. S'il y a une filière qui cartonne actuellement à l'export, c'est celle des fruits rouges dont la superficie atteint actuellement plus de 14.000 hectares avec un volume à l'export frôlant 200.000 tonnes de fraises, framboises, myrtilles, mûres et baies de Goji. Un développement qui se maintient, depuis plus de trente ans. Si les premières décennies ont été dominées par la fraise, le Maroc s'est orienté vers la diversification de sa production compte tenu de l'évolution de la demande européenne. De ce fait, la myrtille et la framboise sont devenues les locomotives du secteur, favorisées par l'utilisation de serres tunnels en plastique, de systèmes d'irrigation goutte-à-goutte et le recours à la fertilisation. Dans ce sens, la 6e édition de la Morocco Berry Conference, a mis l'accent, jeudi dernier à Agadir, sur l'importance de la filière et son poids au sein du continent africain, mettant en lumière le développement de cette culture au Maroc, en Afrique du Sud et en Egypte. Depuis sa naissance dans les périmètres du Loukkos et du Gharb, la filière s'est développée aussi dans la région du Souss qui réalise désormais près d'un tiers de la production, notamment au niveau de la plaine de Chtouka. Cette dernière continue d'attirer de nouveaux investissements, en alignement avec les objectifs du contrat-programme de la filière pour la période 2021-2030. Pour rappel, celui-ci vise un tonnage à l'export de l'ordre de 230.000 tonnes pour les fruits rouges, à l'horizon 2030. La myrtille et la framboise tirent la filière vers le haut à tel point que le Maroc est devenu le premier exportateur africain de myrtilles et le quatrième au niveau mondial, expédiant plus de 82.000 tonnes en 2025 à partir de quelque 7.000 hectares de plantations. Afrique : quatre pays dominent la production Sur un total de 14.00 hectares de fruits rouges, la filière crée plus de sept millions d'emplois saisonniers grâce à une récolte opérée de décembre à juin. Sur le continent africain, quatre pays dominent la production des myrtilles, pour laquelle le Maroc dispose, à l'instar d'autres filières agricoles, d'un avantage de précocité, surtout pour les myrtilles destinées à l'Europe. Les prix pratiqués sont raisonnables, s'élevant en moyenne à 6,2 $/kg. Quant à la production, elle est en quasi-totalité destinée au marché international, l'Europe et le Royaume-Uni en étant les principales destinations, essentiellement pour la myrtille, la framboise et la mûre précoce. L'Afrique du Sud, pour sa part, a exporté 25.000 tonnes de myrtilles en 2025, à partir de 2.600 hectares. Sa récolte d'août à décembre prolonge la saison d'approvisionnement de l'Afrique. L'Egypte, très présente dans la commercialisation de fraises, avec plus de 400.000 tonnes exportées annuellement, est récemment entrée sur le marché des myrtilles. Grâce à des terres fertiles, une logistique efficace et des investissements agricoles à grande échelle, elle pourrait bientôt devenir un concurrent de taille pour le Maroc sur cette variété. Si le Royaume domine la saison précoce du calendrier de production, l'Egypte couvre le milieu de la saison et l'Afrique du Sud clôture l'année. Par ailleurs, le Zimbabwe figure aussi parmi les principaux producteurs, avec 8.000 tonnes de myrtilles en 2024, ciblant 30.000 tonnes d'ici la fin de la décennie. L'évolution génétique redéfinit la valeur de la myrtille En ce qui concerne les tendances commerciales de la myrtille exposées lors de cette conférence, le marché mondial entre dans une nouvelle phase d'ère de résilience et de segmentation. La rentabilité dépendra d'une forte demande, mais surtout de l'innovation génétique, de la gestion des risques géopolitiques et climatiques ainsi que de la diversification des marchés. En 2024, la demande mondiale est restée forte malgré le retour du Pérou, dont la récolte a atteint des niveaux record en 2025, ce qui pourrait augmenter la pression sur les prix. Il est donc essentiel de stimuler une demande excédentaire par rapport à l'offre attendue pour éviter un surplus de l'offre. À noter également que l'évolution génétique redéfinit la valeur de la myrtille avec de nouvelles variétés. Parallèlement, la tendance croissante à la commercialisation des myrtilles de grande taille est observée. Si les Etats-Unis en restent le plus grand marché d'importation (avec 31% du total mondial des achats), la croissance la plus dynamique est enregistrée en Asie du Sud-Est et au Moyen-Orient. La Chine continue également de stimuler la demande, alors que les tensions mondiales et les droits de douane (taxe de 10% imposée par les Etats-Unis sur les myrtilles péruviennes et chiliennes, notamment) constituent une menace pour la rentabilité. Yassine Saber / Les Inspirations ECO