Le lancement officiel de la campagne agricole 2025-2026 met l'accent sur la couverture assurantielle comme pilier central de la stratégie nationale. L'objectif est ambitieux : assurer 1,05 million d'hectares, dont la moitié via la «multirisque climatique». Le reste couvre l'adaptation climatique et les arbres fruitiers. Face à des cultures vulnérables et à une pluviométrie encore faible, le dispositif s'étend donc à de nouveaux territoires, accélère les indemnisations et renforce les expertises de terrain. Le lancement officiel de la campagne agricole 2025-2026 a donné le ton, avec la couverture assurantielle au cœur de la campagne. Lors de la cérémonie de lancement, le ministère de tutelle a présenté des objectifs de production ambitieux. La saison s'annonce donc exigeante. Sauf qu'en matière d'eau, par exemple, la pluviométrie demeure jusqu'ici faible. Comment l'assurance peut-elle soutenir ce démarrage ? L'objectif annoncé est clair : assurer 1,05 million d'hectares (ha). La moitié sera protégée par la «multirisque climatique». Le reste couvrira l'adaptation climatique (43%) et les arbres fruitiers (5%). Cette hausse montre une volonté forte de renforcer la résilience du secteur. Pourquoi accélérer à ce point dès le lancement ? Les risques progressent et les cultures sont plus exposées. Les céréales, les légumineuses et les fourrages restent très vulnérables. Le dispositif doit donc changer d'échelle. Les contrats seront étendus à de nouveaux territoires, les indemnisations seront accélérées, et les expertises de terrain renforcées. Par ailleurs, le lancement de la campagne a aussi mis en avant plusieurs mesures complémentaires à même de réduire les risques. Le semis direct sera soutenu sur plus de 400.000 ha et les semences subventionnées seront distribuées en quantité supérieure. Un vaste programme accompagne la reconstitution du cheptel. Ainsi, la campagne 2025-2026 s'appuie sur la prévention et la gestion active des risques. Quant à l'assurance agricole, elle devient un pilier majeur, dès les premières annonces officielles, pour protéger les revenus, sécuriser les investissements et renforcer la solidité des exploitations face aux chocs climatiques. «À travers ces mesures, nous nous positionnons aux côtés des agriculteurs pour que cette campagne soit une totale réussite», a déclaré Ahmed El Bouari, ministre de l'Agriculture, lors de la cérémonie de lancement de la campagne actuelle. Un rôle prouvé lors de la campagne précédente Le rôle de l'assurance agricole est aussi visible à travers le bilan de la campagne précédente. Cette dernière a connu un déficit de pluie sévère. Les rendements ont reculé dans plusieurs régions et les céréales ont été les plus touchées. Face à cette pression, l'assurance a permis d'amortir une partie des pertes. Dans le détail, le dispositif multirisque a couvert plus de 550.000 ha. Les dégâts, eux, ont touché près de deux tiers des surfaces assurées. La sécheresse a dominé les sinistres. Plus de 345.000 ha ont été déclarés et les indemnisations ont dépassé 349 MDH. Ce soutien a permis aux agriculteurs de maintenir leurs activités. Qu'en est-il des arbres fruitiers ? Les vergers ont également subi le gel, les vents chauds et la grêle, avec plus de 3.100 hectares qui ont été affectés. Les expertises se poursuivent. Les premiers paiements débutent en décembre, nous précise le ministère, dévoilant un calendrier à même de rassurer les exploitants sinistrés. Les zones non appropriées ont, elles aussi, bénéficié d'un programme dédié, avec plus de 110.000 ha assurés. La sécheresse a touché près de 90% des surfaces et les indemnisations ont atteint 27 MDH. Ce filet de sécurité limite les pertes dans les zones les plus fragiles. Le bilan 2024-2025 reste donc clair. L'assurance agricole a protégé un secteur rural sous stress, réduisant l'impact climatique et soutenant les petites exploitations. Elle confirme ainsi son rôle crucial dans la sécurisation de l'investissement agricole. Comment fonctionne l'assurance agricole ? Le système repose sur trois volets. Le premier couvre les zones adaptées aux cultures sensibles, le second vise les arbres fruitiers et le troisième soutient les régions non appropriées. Cette organisation a été adoptée parce que chaque zone présente des risques différents, chaque culture réagissant selon le climat local. Une approche unique ne suffit donc plus. Ainsi, les agriculteurs assurent leurs exploitations et les sinistres sont déclarés après expertise. Les indemnisations suivent selon les pertes constatées. Quant à leurs montants, ils varient par culture et par zone. Ce mécanisme limite les chocs financiers et évite les faillites en période de sécheresse ou de gel. Le dispositif s'intègre aujourd'hui à la politique agricole, accompagnant le semis direct et soutenant les programmes de résilience. Il est aussi présent dans les actions de reconstitution du cheptel et fait partie des aides du Fonds de développement agricole. L'assurance agricole devient donc un outil de transition. Elle prépare le secteur à un climat plus instable et réduit les risques pour les petits exploitants. Elle contribue de ce fait à l'émergence d'une agriculture plus durable et mieux protégée. Bilan du Programme de réduction de l'impact du déficit pluviométrique L'assurance n'est pas le seul moyen utilisé pour atténuer l'impact des chocs climatiques. Le gouvernement a ainsi lancé, en 2023, le programme de réduction de l'impact du déficit pluviométrique. Lors de la campagne précédente, ce programme a mobilisé des moyens exceptionnels, structurés autour de plusieurs actions prioritaires. La première mesure concerne la distribution d'orge subventionné, aliment important du cheptel en période de stress hydrique. Plus de 16,7 millions de quintaux ont été distribués. Le programme en prévoyait 19,5 millions et le taux de réalisation atteint donc 86%. L'opération s'est déroulée en sept phases et a touché toutes les régions. Certaines zones ont reçu des volumes importants : Marrakech-Safi dépasse 3,36 millions de quintaux ; l'Oriental et Casablanca–Settat suivent avec, respectivement, 3,28 millions et 2,8 millions de quintaux. Ces apports ont évité des pertes majeures dans les élevages extensifs. La deuxième action cible le cheptel des vaches laitières, lequel nécessite une alimentation adaptée. Une rupture entraîne une baisse immédiate de la production. Pour y répondre, l'Etat a distribué 4,9 millions de quintaux d'aliments composés sur 6 millions initialement programmés. Le taux de réalisation atteint ainsi 81%. Les régions laitières ont été les premières servies. Casablanca-Settat dépasse 1,6 million de quintaux. Souss-Massa et Rabat-Salé-Kénitra suivent avec, respectivement, 1,4 million et un peu plus d'un million de quintaux. Ce soutien a stabilisé la filière laitière pendant les mois les plus sensibles. Le troisième volet porte sur les engrais azotés. Les sols sortant fragilisés de plusieurs années sèches, l'objectif était de soutenir les cultures d'automne. Plus de 1,4 million de quintaux ont donc été distribués, à des prix subventionnés à 40%. Le dispositif concerne 11 régions et 80.097 bénéficiaires. Quant au taux global de réalisation, il atteint 69%. Laâyoune-Sakia El Hamra se démarque, avec 91% de taux de réalisation. Elle est suivie de Drâa-Tafilalet (88%), Béni Mellal-Khénifra (80%) et Rabat-Salé-Kénitra (78%). Ces apports ont permis d'améliorer la reprise végétative et de sécuriser les premiers semis. Le programme comprend aussi un soutien ciblé aux cultures maraîchères. Les semences et plants de tomate ronde, d'oignon et de pomme de terre ont bénéficié d'un appui important, avec plus de 75.000 dossiers traités. Le nombre de bénéficiaires dépasse 38.000 et les surfaces concernées s'élèvent à 192.000 ha. Le soutien financier, lui, frôle 2,75 MMDH. À noter que la tomate arrive en tête avec 1,46 MMDH, suivie de la pomme de terre (1,06 MMDH) et de l'oignon (214 MDH). Cette mesure protège ainsi trois filières essentielles. Hafid Marzak / Les Inspirations ECO