La campagne agricole 2025-2026 s'ouvre sur une dynamique prometteuse pour les agrumes marocains. La production devrait atteindre 1,9 million de tonnes, en hausse de 24% par rapport à l'an dernier, selon les prévisions du ministère de l'Agriculture et 2,1 millions de tonnes selon la Fédération sectorielle (Maroc Citrus). Les expéditions, elles, devraient rester proches de 600.000 tonnes, stables par rapport à 2024-2025. En parallèle, une subvention de 1.000 dirhams par tonne exportée a été mise en place pour l'Europe, l'Afrique et les Etats-Unis, hors Nadorcott. La production d'agrumes devrait fortement progresser cette année. Elle devrait atteindre 1,9 million de tonnes, soit une hausse de 24% d'une campagne à l'autre, selon les prévisions du ministère de l'Agriculture, annoncées lors du lancement de la campagne agricole 2025-2026. Un niveau proche de celui estimé par la Fédération sectorielle, Maroc Citrus. Son directeur, Hassan Zouhry, avait déclaré aux Inspirations ECO, que les volumes pourraient même atteindre 2,1 millions de tonnes. Ces estimations confirment une dynamique solide malgré les contraintes climatiques. La campagne démarre donc avec une confiance prudente mais réelle. Cependant, malgré cette hausse attendue de la production, les exportations, elles, ne devraient pas connaître de changements par rapport à la campagne précédente. En effet, en raison du stress hydrique persistant et des conditions climatiques difficiles, plusieurs variétés ont vu leur progression freiner. Les petits fruits ont été particulièrement affectés, comme nous l'avait confirmé Hassan Zouhry, pour qui la contrainte hydrique a directement impacté la taille des fruits. «La production est aujourd'hui dominée par les petits calibres, conséquence directe du stress hydrique et des aléas climatiques, avec une forte présence des calibres 3, 4 et 5», indique le directeur de Maroc Citrus. Dans ces conditions, l'essentiel de l'offre se concentre sur des calibres moins adaptés aux exigences de l'export, compliquant la valorisation commerciale de la campagne en cours. Subventions et nouveaux marchés pour sécuriser la filière Ainsi, pour la campagne actuelle, les exportations d'agrumes ne devraient pas dépasser les 600.000 tonnes à l'issue de la campagne en cours. Cette projection reflète une stabilité encourageante malgré les variations climatiques. A titre de comparaison, la filière agrumes a enregistré une hausse notable lors de la campagne précédente (2024-2025), avec 642.000 tonnes exportées, soit une croissance de 40% par rapport à la campagne d'avant. Pour soutenir les exportateurs d'agrumes, la campagne agricole en cours s'est dotée d'une nouvelle subvention. Il s'agit d'une aide de 1.000 dirhams par tonne exportée qui a été mise en place. Elle couvre les expéditions vers l'Union européenne, l'Afrique et les Etats-Unis. La variété Nadorcott ne bénéficie pas de ce soutien. Cette mesure renforce la compétitivité des exportateurs et stabilise leurs marges. Elle encourage aussi un flux régulier vers les marchés les plus stratégiques. Le programme de protection des arbres fruitiers se poursuit en parallèle. Il couvre près de 50.000 hectares et sécurise les vergers face aux aléas climatiques. Cette stratégie assure une meilleure résilience des producteurs. Concernant la répartition des marchés importateurs, elle reste globalement stable selon les données officielles. L'Union européenne et la Grande-Bretagne absorbent 35% des agrumes marocains. L'Afrique subsaharienne représente 12% des volumes. L'Amérique du Nord atteint 30%. La Russie enregistre, pour sa part, 17% des importations. Cette structure confirme l'importance des marchés traditionnels et la confiance des clients historiques. Elle offre aussi une visibilité précieuse pour organiser les flux logistiques. Selon Hassan Zouhry, cette configuration évoluera peu cette année. L'Union européenne restera le premier débouché, avec un poids total de 35%. Les Pays-Bas représentent 9% des volumes exportés et la France 8%. Le Royaume-Uni intervient à hauteur de 10% et conserve sa place stratégique. La Russie confirme sa position avec 20% des volumes. Le Canada absorbe 15% de la production exportée. Les Etats-Unis atteignent 16% et maintiennent une demande élevée. Cette diversité montre l'efficacité de la politique de diversification engagée depuis plusieurs années. Elle limite les risques liés aux variations de production et renforce la stabilité commerciale. De nouveaux marchés gagnent aussi en importance. Le Japon a reçu ses premières cargaisons après l'accord phytosanitaire. La Malaisie, l'Indonésie et l'Inde voient leur demande progresser. Le marché africain prend aussi de l'ampleur et atteint désormais 13% des exportations. Il offre un potentiel important pour les gros calibres et soutient la croissance de la filière. Cette dynamique élargit les débouchés et renforce la présence du Maroc sur les marchés internationaux. La filière aborde ainsi la nouvelle campagne avec ambition et prudence. La hausse de production, les aides publiques et la stabilité des débouchés renforcent la confiance des opérateurs. La diversification continue des marchés, l'arrivée de nouveaux clients et le renforcement de certains marchés existants, comme le Royaume-Uni, consolident la place du Maroc dans le commerce mondial des agrumes. Percée historique du citron marocain au Royaume-Uni Le citron marocain réalise un tournant spectaculaire sur le marché britannique. Entre novembre 2024 et août 2025, le Maroc a exporté 1.200 tonnes de citrons vers le Royaume-Uni, pour une valeur de 920.000 USD, selon les données d'EastFruit. Ce volume est quarante fois supérieur à celui enregistré lors de la campagne précédente. Il s'agit d'un nouveau record, supérieur de 12% à celui en place depuis 17 ans. Grâce à cette explosion des volumes, le Maroc grimpe rapidement dans le classement des fournisseurs de citrons vers la Grande-Bretagne : il passe de la 31e place en 2020/21 à la 11e en seulement dix mois, devant des pays comme le Vietnam ou le Mexique. Le Royaume-Uni devient ainsi un débouché encore plus stratégique pour le Maroc, déjà bien implanté avec les framboises et les myrtilles. Cette montée en puissance intervient après quatre années de baisse dans les exportations de citron, ce qui témoigne d'un véritable redressement de la filière. Abdelhafid Marzak / Les Inspirations ECO