Le passage de Younes Sekkouri devant les députés n'avait rien d'une simple routine. En fait, il a surtout permis de clarifier un point : l'économie marocaine n'est plus dans une logique de reprise, mais dans une phase de structuration. La hausse de 17,5% des créations d'entreprises en huit mois (plus de 72.000 nouvelles entités) n'est pas qu'un rebond, mais bien le signe d'une dynamique solide, loin des discours alarmistes sur la hausse supposée des faillites. Entre-temps, les cessations d'activité restent contenues et la formalisation progresse : 344.000 employeurs déclarent aujourd'hui leurs salariés à la CNSS, contre 255.000 en 2019. Cette vitalité coïncide avec une autre mutation : l'essor rapide de la formation professionnelle privée. Le pays compte désormais 1.487 établissements, dont certains saturés par la demande, notamment dans les filières médicales. Près de 50.000 jeunes s'y orientent, poussés par les besoins générés par la généralisation de la protection sociale. Mais cette croissance met en lumière des failles : accréditation, habilitation des filières, organisation des cours du soir. Une révision en profondeur est engagée, avec des ajustements attendus dès l'an prochain et un cadrage renforcé entre public et privé. Le soutien social aux étudiants du privé, encore handicapé par des procédures lourdes, sera lui aussi revu et intégré au Registre social unifié. Au final, l'intervention du ministre fixe un cap : accompagner un tissu entrepreneurial qui s'élargit et un système de formation qui tente de suivre le rythme d'une économie en changement rapide. Le Maroc cherche ainsi à aligner compétences, qualité et formalisation pour consolider un modèle de croissance plus robuste. Hicham Bennani / Les Inspirations ECO