L'AMMC dresse un panorama détaillé de l'investissement étranger en 2024 et confirme une dynamique soutenue sur le marché marocain. Les flux progressent, portés par la hausse des cours, l'arrivée de nouveaux émetteurs et une activité transactionnelle plus structurée. Les actions cotées restent l'actif privilégié des investisseurs internationaux, lesquels renforcent leurs positions dans les secteurs stratégiques. Malgré quelques replis sur certains segments, les données révèlent une attractivité durable du marché, soutenue par des profils d'investisseurs diversifiés et une évolution marquée des comportements d'allocation. L'Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC) vient de publier son rapport sur l'investissement étranger en instruments financiers au titre de l'année 2024. Le document révèle que l'investissement étranger en instruments financiers a connu une dynamique marquée. Les flux reflètent l'intérêt croissant des investisseurs internationaux pour le marché marocain. La progression des cours boursiers, l'arrivée de nouveaux émetteurs et la structure des transactions renforcent cette évolution. Le marché reste dominé par les actions cotées, mais d'autres classes d'actifs participent aussi à cette dynamique. Les chiffres montrent une hausse globale, malgré des reculs observés sur certains segments. L'analyse détaillée éclaire les choix des investisseurs et les tendances qui façonnent le marché financier marocain. Actions cotées : 182 MMDH, hausse et concentration sectorielle Selon le document de l'AMMC, la part étrangère en actions s'apprécie grâce à une hausse notable des valorisations. À fin 2024, les investisseurs étrangers détiennent 182 MMDH en actions (24,1% de la capitalisation). Cette valeur progresse de 7,8% en un an. Cette hausse découle directement de l'évolution des cours et d'un marché très dynamique. La performance du MASI atteint +22,16% en 2024, ce qui soutient la valorisation globale. La part étrangère dans la capitalisation boursière représente désormais 24,1%. Cette évolution s'inscrit dans une tendance haussière observée depuis 2023. Le point bas de 2022 semble désormais dépassé. La reprise est nette et confirme l'intérêt soutenu des acteurs internationaux pour les valeurs marocaines. La structure de la détention montre une forte présence des participations stratégiques. Elles regroupent près de 91% de l'investissement étranger et représentent 21,9% de la capitalisation totale. Les participations minoritaires gagnent un peu de terrain. Elles atteignent 2,3% de la capitalisation globale fin 2024. Leurs volumes progressent aussi dans la capitalisation flottante. Leur part atteint 8,2%, signe d'un mouvement élargi vers des positions plus souples. L'ensemble des 77 sociétés cotées compte désormais des capitaux étrangers. Parmi elles, 30 affichent une détention supérieure à 10%. Douze sociétés dépassent même le seuil de 50%, concentrant 113 MMDH. La répartition sectorielle montre une forte présence des étrangers dans plusieurs secteurs. L'électricité reste le secteur le plus internationalisé, avec un taux de détention proche de 86%. Les télécommunications et le secteur des boissons suivent avec, respectivement, 55,6% et 55,2%. Le secteurs des hydrocarbures (pétrole et gaz) affiche un taux de 47,3%. L'industrie agricole progresse, avec l'introduction de CMGP Group, atteignant 41,3% de détention étrangère. D'autres secteurs affichent aussi des taux notables. Celui des distributeurs montre une présence croissante en participations minoritaires. Les services informatiques atteignent, pour leur part, un taux de 10,8%, le plus élevé pour les petits porteurs étrangers. Origine géographique : Europe et Moyen-Orient en tête Les origines géographiques confirment une tendance constante. L'Europe et le Moyen-Orient dominent largement les investissements. Ensemble, ils représentent plus de 93% des montants investis. L'Europe progresse légèrement, atteignant 49,7% de l'investissement étranger total. Le Moyen-Orient recule, à 43,4%. Les investisseurs africains, eux, renforcent leur présence avec une part qui passe de 3,6% à 5,7%. Les autres régions restent marginales. Le poids combiné de l'Amérique du Nord, de l'Asie ou de l'Océanie reste inférieur à 2%. Les variations de cours influencent fortement la répartition. L'Europe enregistre un effet prix positif de plus de 10 MMDH. Le Moyen-Orient subit une baisse liée au recul de certaines valeurs. L'Afrique, enfin, bénéficie d'une hausse portée par la progression du titre Sanlam. La répartition par type d'investisseurs reste stable. Les personnes morales étrangères non-résidentes dominent largement les investissements. Elles représentent presque 99% des montants totaux en actions. Les personnes physiques progressent mais leur poids reste non non significatif. Les MRE renforcent leur présence. Leur investissement progresse de 54,9% et leur part atteint désormais 0,5% du total. Les étrangers résidents présentent des évolutions contrastées. Les personnes morales résidentes diminuent leurs positions alors que les personnes physiques résidentes, au contraire, enregistrent une hausse sensible. La conservation des titres reste largement locale. Les teneurs de comptes marocains conservent près de 99,99% de la capitalisation. Les titres conservés à l'étranger se limitent à une seule valeur. Il s'agit d'Itissalat Al-Maghrib avec un poids qui se maintient à 0,01%. La concentration locale renforce la stabilité des flux et simplifie le suivi des opérations. Les titres de créance affichent une dynamique différente. L'encours détenu par les étrangers recule fortement en 2024. Il passe de 4,3 milliards à 2,8 MMDH. Le segment représente seulement 0,27% de l'encours global. Ce faible niveau confirme le désintérêt relatif pour ces instruments. Les personnes morales non-résidentes dominent ce segment, avec une part qui dépasse 83%. Les MRE et les personnes physiques résidentes progressent légèrement. La ventilation par instrument montre une forte présence des bons du Trésor. Leur part atteint 61,2%, malgré un recul en valeur. Les obligations représentent désormais 22,1% de l'encours. Quant aux certificats de dépôt, ils diminuent légèrement, s'établissant à 462 millions. Titres de créance & OPCVM : contraction et repositionnement Les investissements étrangers en OPCVM progressent nettement. L'encours atteint 5,1 milliards en 2024, en hausse de 46,8%. Les personnes physiques dominent largement ce segment avec une part qui atteint 94%. Les MRE restent les principaux investisseurs, avec une part de 56,5%. Les personnes physiques étrangères résidentes et non-résidentes complètent la structure. Les personnes morales représentent une part faible mais en progression. L'investissement étranger représente désormais 0,79% de l'actif net global. Les types d'OPCVM montrent une hiérarchie stable. Les fonds «obligations court terme» demeurent dominants avec un encours de 2,45 milliards fin 2024. Leur part augmente légèrement. Les fonds monétaires atteignent 1,26 milliard. Les obligations 'moyen et long terme' doublent quasiment avec un encours de 669 millions. Les fonds diversifiés progressent nettement, à 284 millions. Les fonds actions progressent légèrement en valeur mais reculent en part relative. Les fonds contractuels évoluent peu, conservant une place marginale. Les volumes transactionnels montrent une baisse notable. Les étrangers réalisent 8 MMDH en 2024 et leur part atteint 4,5% du volume annuel. Les transactions sur le marché central représentent 83% de ce total. Le reste provient du marché de blocs. Les personnes morales réalisent presque tout le volume. Quant aux personnes physiques, elles restent très marginales. La répartition géographique montre une forte présence européenne. Les investisseurs européens réalisent 46% des volumes étrangers avec une part de 2,1% du volume global. Les investisseurs africains suivent avec 44% et une part dans le volume global qui s'établit à 2%. Les autres régions restent marginales, leur contribution ne dépassant pas 10% du volume étranger total. Volumes transactionnels : banques et bâtiment dominent La répartition sectorielle des volumes échangés confirme une forte concentration avec une large domination des banques. Elles représentent 31,2% des volumes étrangers. Le secteur du bâtiment et matériaux atteint 13,3%. Les distributeurs représentent 11,6% et les télécommunications, 9,8%. Quatre secteurs cumulent ainsi 66% du total. Cette concentration reflète l'attrait pour les secteurs liquides et stratégiques. Le secteur bancaire progresse nettement en 2024. Le secteur du bâtiment connaît aussi une forte hausse des volumes. Pour ce qui est des autres secteurs, ils sont beaucoup plus volatils. Plus globalement, ces données confirment une attractivité durable du marché marocain. Les investisseurs étrangers privilégient les actions stratégiques et diversifient lentement leurs positions. Les flux, eux, montrent une confiance dans les performances du marché, alors que les volumes traduisent une présence solide malgré un recul général des échanges. Les tendances sectorielles mettent en avant les secteurs structurants. Les investisseurs renforcent leurs positions dans les segments liquides et stables. Le marché continue d'attirer des profils variés, les MRE jouant un rôle croissant. Pour leur part, les flux en OPCVM progressent rapidement. Abdelhafid Marzak / Les Inspirations ECO