Le rail marocain change d'échelle. Portée par l'extension du réseau grande vitesse, la modernisation du matériel roulant et l'implantation progressive de sites industriels nationaux, la dynamique enclenchée trouve son point d'orgue au Rail Industry Summit 2025. Une édition charnière qui marque le passage d'une ambition à une véritable politique industrielle du rail. L'industrie ferroviaire au Maroc avance bon train. Le Rail Industry Summit, organisé par l'AMDIE et le Cluster MTI (Morocco Train Industry) et soutenu par l'ONCF, qui en est à sa 4e édition, vient corroborer les avancées réalisées. La filière a su au fil des ans asseoir les jalons d'une industrie promise à une expansion rapide et maîtrisée. Elle franchit aujourd'hui une nouvelle étape, appuyée par des investissements structurants et l'émergence progressive d'un véritable écosystème industriel national. Un levier essentiel de transformation des territoires Dans son allocution, Abdessamad Kayouh, ministre du Transport et de la Logistique, a rappelé la place déterminante du secteur des transports dans l'économie nationale. Il contribue à hauteur de 10% au PIB, absorbe 30% de la consommation énergétique du pays et mobilise près de 10% de la population active. Le rail s'impose dans ce cadre comme un outil inéluctable de mobilité durable et inclusive, inscrit dans une logique de développement harmonieux des territoires. Le ministre a souligné que les transformations engagées depuis deux décennies ont permis d'améliorer significativement la qualité de service, de moderniser le réseau et de mieux répondre aux attentes des citoyens et des opérateurs économiques. Ces avancées constituent aujourd'hui un socle solide pour une nouvelle phase d'expansion. Le Maroc déploie actuellement un vaste programme de développement ferroviaire. Le projet le plus emblématique demeure l'extension de la ligne à grande vitesse jusqu'à Marrakech. Cette future liaison reliera quatre régions dynamiques, générera un effet réseau sans précédent et réduira drastiquement les temps de trajet. Au-delà de l'attractivité économique attendue, cette extension ouvrira la voie à l'émergence d'un véritable service de type RER dans les métropoles de Casablanca, Rabat et Marrakech. Les cadences seront renforcées et la politique tarifaire réajustée, permettant une amélioration notable de la mobilité quotidienne. Une industrialisation locale en marche Le renouvellement en cours du matériel roulant s'inscrit dans cette perspective. L'acquisition de 168 nouveaux trains permettra d'accompagner la croissance du trafic et de remplacer un parc vieillissant. Mais ce programme représente surtout une opportunité majeure pour structurer une base industrielle locale. L'objectif est de créer une unité nationale de fabrication et de maintenance des trains, avec un taux d'intégration locale initialement faible (30%), mais appelé à évoluer à mesure que l'écosystème se consolide pour atteindre 60%. L'installation d'une unité de fabrication et de maintenance locale des trains est également envisagée à travers le développement d'une zone industrielle à Benguerir. En préparation à l'émergence de l'innovation locale, le cluster MTI a conclu deux mémorandums d'entente. Le premier a été signé avec l'association espagnole des transports et le deuxième avec les porteurs de projet, dans le cadre d'appel à projets des chaires industrielles. Ainsi, l'édition 2025 du Rail Industry Summit confirme que le Maroc avance résolument vers la construction d'un écosystème ferroviaire intégré, compétitif et durable. Entre l'extension du réseau grande vitesse, la modernisation des infrastructures, la préparation de la Coupe du monde 2030 et l'industrialisation progressive du matériel roulant, l'ambition est de produire, à terme, des trains conçus et assemblés au Maroc. Abdessamad Kayouh Ministre du Transport et de la Logistique «Le ferroviaire occupe une place déterminante du secteur des transports dans l'économie nationale. Ce dernier contribue à hauteur de 10% au PIB, absorbe 30% de la consommation énergétique du pays et mobilise près de 10% de la population active. Le rail s'impose ainsi comme un outil incontournable de mobilité durable et inclusive.» Maryem Ouazzani / Les Inspirations ECO