Lors de l'ouverture de la 4e édition du sommet Rail Industry Summit Morocco (RISM) à El Jadida, le ministre de transport et de la Logistique, Abdessamad Kayouh, a mis l'accent sur l'évolution rapide du cluster ferroviaire national. Créé il y a quelques années, celui-ci est passé « d'une cinquantaine d'acteurs internationaux lors de la première édition à plus de 1.400 aujourd'hui », couvrant l'ensemble des métiers du rail, des trains à grande vitesse au matériel classique, en passant par la construction, la signalisation et la sécurité. Un écosystème désormais suffisamment mature pour attirer, à El Jadida, des opérateurs venus débattre, nouer des partenariats et présenter les technologies les plus récentes du secteur. Dans ce contexte, le Maroc entend franchir une nouvelle étape industrielle avec le projet d'implantation d'une usine ferroviaire à Benguérir, dédiée à la fabrication de wagons. Selon le ministre, l'objectif est d'atteindre un taux d'intégration locale d'environ 60 %, reposant sur une ingénierie 100 % marocaine, et couvrant l'ensemble des segments du ferroviaire : grande vitesse, trains classiques et dessertes régionales reliant les grandes villes et les principaux aéroports du Royaume. Une édition marquée par un fort engouement Pour Mohammed Smouni, président du cluster Moroccan TraIndustry (MTI) et directeur général adjoint de l'ONCF, l'édition 2025 du RISM se distingue par son ampleur. Le sommet réunit 185 exposants, près de 300 entreprises issues de 20 pays et environ 1.400 participants, soit une progression de près de 50 % par rapport à la précédente édition. Cet intérêt s'explique largement par le lancement, en avril dernier, du programme national de développement ferroviaire porté par l'ONCF, doté d'une enveloppe de 96 milliards de dirhams. Ce programme prévoit notamment l'extension de la ligne à grande vitesse jusqu'à Marrakech (430 km), la réalisation de 250 km de lignes régionales dans les régions de Casablanca, Rabat et Marrakech, l'acquisition de 168 nouveaux trains et la modernisation du réseau classique. Sur les quatre prochaines années, le Royaume prévoit la pose d'environ 1.300 km de nouvelles voies, un rythme qualifié par les responsables du secteur d'exceptionnel, y compris à l'échelle internationale. Le rail au cœur des priorités nationales Au-delà des chiffres, le ministre Abdessamad Kayouh a rappelé que le développement du ferroviaire s'inscrit désormais parmi les priorités nationales, en tant que levier de connectivité territoriale, de mobilité durable et de compétitivité logistique, conformément aux orientations du Nouveau Modèle de Développement. L'extension du réseau à grande vitesse vers quatre grandes régions, le déploiement de services de type RER à Casablanca, Rabat et Marrakech, ainsi que la connexion ferroviaire de plusieurs infrastructures sportives dans la perspective de la Coupe du Monde 2030, illustrent cette vision intégrée. Selon Mohammed Smouni, la montée en puissance du rail marocain repose également sur la structuration d'un écosystème industriel, soutenu par la formation, la recherche et l'innovation. Le projet industriel de Benguérir, combiné à des partenariats internationaux et académiques, vise à positionner le Maroc dans les chaînes de valeur mondiales du ferroviaire. En marge du sommet, deux mémorandums d'entente ont été signés, notamment avec l'Association espagnole de transport, afin de renforcer les coopérations technologiques et industrielles, ainsi que pour structurer des chaires industrielles dédiées à la recherche appliquée dans le domaine du rail.