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5G au Maroc : la promesse d'un grand basculement
Publié dans Les ECO le 17 - 12 - 2025

Le lancement de la 5G au Maroc marque bien plus qu'un simple saut technologique mais ouvre une nouvelle phase décisive pour l'économie, l'industrie et l'inclusion numérique. Avec déjà des millions de terminaux compatibles et des milliers de stations déployées, le Royaume s'achemine vers une transformation profonde où l'éducation, la santé, les startups, les ports et les usines pourraient changer d'échelle. Derrière les promesses de vitesse, la 5G dessine un véritable projet de société, où souveraineté de la data, cybersécurité, innovation et égalité d'accès deviennent les piliers d'un Maroc digital pleinement assumé. Horizon Press a consacré une table ronde au sujet avec en prime des intervenants de premier rang : Ahmed Khaouja, expert auprès de l'Union internationale des télécommunications, Hind Khouy, directrice marketing chez inwi, et Abdelkarim Mazouzi, vice-président de l'APEBI.
Le 7 novembre 2025, le Maroc a franchi une nouvelle étape dans sa transformation numérique avec le lancement officiel de la 5G. Bien plus qu'une simple amélioration de la vitesse sur les smartphones, cet événement symbolise une ambition nationale de modernisation et d'innovation dans tous les secteurs économiques et sociaux. Pour analyser les enjeux de cette nouvelle technologie, le Cercle des Eco, une émanation d'Horizon Press, a organisé une table ronde réunissant experts et acteurs clés du domaine.
Ahmed Khaouja, expert auprès de l'Union internationale des télécommunications, Hind Khouy, directrice marketing chez inwi, et Abdelkarim Mazouzi, vice-président de l'APEBI, ont partagé leurs analyses sur les perspectives offertes par la 5G, allant de l'industrie 4.0 à l'éducation, en passant par les services numériques et l'inclusion sociale. Leurs interventions montrent que le déploiement de la 5G n'est pas seulement un progrès technologique, mais un levier stratégique pour faire du Maroc un acteur majeur de l'économie numérique à l'horizon 2030.
Le Royaume entre dans une nouvelle phase où la connectivité n'est plus seulement un confort, mais un levier de développement économique, social et industriel. La dynamique a d'ailleurs été immédiate, avec sept millions de terminaux déjà compatibles une semaine après le lancement et plus de 6.000 stations 5G actives couvrant environ soixante villes.
L'objectif officiel consiste à atteindre 8.200 stations début 2026, ce qui témoigne d'une stratégie volontariste inscrite dans la feuille de route Maroc Digital 2030. Il ne s'agit donc pas seulement de moderniser les réseaux existants, mais de poser les fondations d'une économie connectée capable de soutenir l'innovation, l'industrialisation avancée, l'éducation à distance, les services de santé numériques ou encore la création d'emplois qualifiés.
Une technologie de rupture
L'un des points les plus marquants de cette évolution est le fait que la 5G introduit une rupture technologique fondamentale. Ahmed Khaouja, expert auprès de l'Union internationale des télécommunications, insiste sur l'ampleur de ce changement en rappelant que la 5G ne s'adresse plus uniquement aux usages grand public. Selon lui, «la 5G ne s'adresse pas uniquement aux consommateurs. Elle s'adresse aussi à l'entreprise, à l'industrie… C'est son point fort». Alors que la 3G puis la 4G avaient été largement orientées vers la consommation individuelle, la 5G ouvre des perspectives totalement nouvelles pour les entreprises, les usines, les ports, les mines, les chaînes logistiques et l'ensemble du tissu économique.
Ce basculement tient en partie à la gestion des fréquences. Pour la première fois, une technologie de télécommunication est conçue pour fonctionner sur un spectre extrêmement large, allant de bandes basses à très longue portée à des bandes millimétriques permettant des débits exceptionnels. Le Maroc a déjà attribué les bandes des 700 MHz et des 3,4 GHz, tandis que la bande des 26 GHz, adoptée mais pas encore attribuée, donnera plus tard accès aux usages les plus avancés, notamment dans l'industrie et les villes intelligentes. La question de la latence est également décisive. La 5G permet d'atteindre une latence d'environ une milliseconde, contre dix en 4G.
Cette différence peut sembler infime, mais elle change tout. Comme l'explique Khaouja, «on ne peut pas faire de la téléchirurgie à distance sans une latence faible». Cette réactivité ouvre la voie à des opérations médicales assistées à distance, au pilotage d'engins autonomes, au contrôle synchronisé de robots industriels ou encore à la gestion instantanée de réseaux de capteurs critiques, qu'il s'agisse de barrages, de pipelines ou d'infrastructures énergétiques.
L'ère de l'instantanéité
Du côté des consommateurs, la 5G s'inscrit dans la continuité logique des attentes croissantes en matière de rapidité, d'instantanéité et de qualité de service. Hind Khouy, directrice marketing chez inwi, rappelle que la 3G avait permis un accès massif à Internet, tandis que la 4G avait ouvert la voie à l'usage intensif des réseaux sociaux, du streaming et de la vidéo en mobilité.
Aujourd'hui, les abonnés veulent tout, immédiatement. Elle résume cette aspiration en déclarant que «le consommateur veut plus de rapidité, plus d'instantanéité… Il veut tout, tout de suite». La 5G répond précisément à ces attentes en permettant un streaming fluide en très haute définition, des téléchargements en quelques secondes, mais surtout en rendant possible le cloud gaming à grande échelle.
Grâce à cette technologie, il devient envisageable de jouer à des titres très gourmands graphiquement sans dispositif puissant à domicile, puisque le calcul se fait dans des serveurs distants. Il suffit d'une connexion fiable et rapide. La 5G introduit également la capacité de connecter des millions d'objets simultanément, un changement majeur pour la domotique, les capteurs énergétiques domestiques, les objets connectés ou encore les systèmes de surveillance intelligents.
Au-delà de l'industrie et de la consommation, l'un des secteurs les plus susceptibles d'être transformés est celui de l'éducation. Abdelkarim Mazouzi, vice-président de l'APEBI, rappelle que le Maroc a été pionnier dans l'introduction de l'Internet dans les écoles et universités grâce aux programmes Nafida et Injaz, largement adoptés au moment de la 3G. Il estime cependant que la 5G introduira une transformation bien plus profonde. Selon lui, «la 5G va tout bouleverser», notamment en ouvrant la voie à des modes d'enseignement beaucoup plus flexibles, interactifs et inclusifs.
Il évoque l'exemple de l'Université virtuelle du Sénégal, entièrement en ligne, qui pourrait inspirer une démarche similaire au Maroc. Grâce à la couverture 5G, un étudiant ayant des difficultés à se loger ou à se déplacer pourrait suivre ses cours depuis son domicile dans des conditions optimales, avec une connexion suffisamment stable pour accueillir de la vidéo de haute qualité, des simulations ou des expériences pédagogiques immersives.
Industrie 4.0 et ports intelligents
Si les usages grand public et éducatifs sont importants, les besoins les plus pressants se situent dans l'industrie, l'énergie, les ports et les infrastructures stratégiques. Selon Khaouja, des acteurs comme Tanger Med ou OCP manifestent déjà un intérêt accru pour la 5G, car ces infrastructures dépendent de systèmes de contrôle sophistiqués. Il explique que Tanger Med pourrait connecter l'ensemble de ses grues et machines en 5G afin d'embrasser pleinement les standards de l'industrie 4.0, qui reposent sur la synchronisation de robots, la logistique automatisée et l'analyse en temps réel des flux. OCP, géant mondial du phosphate, a également des besoins considérables en matière de pilotage de capteurs, d'optimisation opérationnelle et de maintenance prédictive.
La capacité de la 5G à gérer simultanément un nombre colossal d'objets connectés permet par ailleurs des avancées majeures pour la surveillance des infrastructures hydrauliques, énergétiques ou environnementales. Des réseaux de capteurs peuvent enfin fonctionner à grande échelle, relayer des données en continu et contribuer à une meilleure gouvernance des ressources.
L'un des enjeux les plus importants reste l'inclusion numérique. Hind Khouy souligne que, même si la fibre constitue aujourd'hui la référence en matière de très haut débit, son déploiement reste coûteux, long et complexe dans de nombreuses zones du pays. La 5G peut ainsi devenir un complément stratégique qui permet d'apporter rapidement une connectivité de haute qualité dans les zones difficilement fibrables. Elle décrit cette complémentarité en expliquant que la 5G constitue une solution agile pour fournir du très haut débit aux entreprises, aux startups, aux TPE et même aux créateurs de contenu.
Dans des localités où la fibre ne pourra pas être déployée avant plusieurs années, la 5G pourrait jouer un rôle de catalyseur essentiel en ouvrant l'accès au télétravail, à l'e-commerce et à la formation en ligne. La question de l'égalité des chances à l'ère numérique est également centrale pour Abdelkarim Mazouzi. Il estime que la 5G offre aux jeunes entrepreneurs marocains une opportunité unique. Selon lui, «aujourd'hui, une startup marocaine, avec la 5G, a les mêmes chances qu'une startup en Chine, en Europe ou en Amérique».
Grâce à une connexion plus rapide, plus stable et plus fiable, les jeunes entrepreneurs pourront lancer des services numériques, créer des applications exploitant l'intelligence artificielle, développer des solutions IoT ou encore proposer des plateformes de commerce en ligne dans des conditions techniques comparables à celles des pays les plus avancés.
Mazouzi insiste sur le fait que cette égalité pourrait s'étendre jusqu'aux zones rurales, où «même la petite dame au fond de la campagne peut monter son entreprise si elle est connectée».
Cybersécurité et souveraineté numérique
La montée en puissance de ces usages sensibles exige toutefois un cadre de sécurité renforcé. Hind Khouy rappelle l'importance de la cybersécurité, en soulignant que la 5G repose sur un traitement massif de données sensibles qui doivent impérativement être protégées. Elle insiste également sur la souveraineté numérique, en affirmant que «la data sensible ne peut pas être enregistrée à l'extérieur du Royaume».
Cela implique que les opérateurs investissent dans des data centers localisés au Maroc afin de garantir que les données stratégiques du pays restent sous contrôle national. La question du déploiement conditionnera la réussite de la 5G. Les opérateurs commenceront naturellement par les zones où la demande est la plus forte, comme les centres urbains, les zones industrielles ou les plateformes logistiques.
Toutefois, la mutualisation des infrastructures, notamment à travers la Tower Co, permettra d'accélérer la couverture nationale tout en réduisant les coûts. Cette stratégie permettra également une amélioration progressive de la qualité des réseaux existants. En effet, l'arrivée de la 5G devrait soulager la 4G, aujourd'hui très sollicitée, et par conséquent améliorer l'expérience des utilisateurs qui ne migrent pas immédiatement (voir encadré). L'essor de la 5G peut devenir un formidable moteur pour Maroc Digital 2030, à condition de réunir plusieurs conditions essentielles.
Le développement devra s'appuyer sur une couverture élargie, une dynamique collaborative entre l'Etat, les entreprises, les opérateurs et les universités, une démocratisation des technologies cloud et IoT auprès des TPE-PME, une attention constante à la cybersécurité et à la souveraineté numérique, ainsi qu'une formation continue visant à doter les jeunes de compétences adaptées à l'économie numérique.
Cette ambition doit également s'accompagner d'une approche inclusive qui garantit que la transformation numérique profite à l'ensemble des territoires. Comme le résume Hind Khouy, «la 5G n'est pas une simple continuité. C'est un nouveau monde qui s'ouvre».
Le Maroc a désormais l'opportunité de faire de cette nouvelle ère technologique un outil au service de la compétitivité, de l'inclusion sociale et de l'égalité des chances, en veillant à ce que les innovations ne restent pas cantonnées aux centres urbains, mais irriguent l'ensemble du territoire national.
Que va devenir la 4G ?
Alors que la 5G commence à s'installer dans le paysage télécom marocain, la question du rôle futur de la 4G se pose avec insistance. Pour Ahmed Khaouja, expert de l'Union internationale des télécoms, la réponse ne souffre d'aucune ambiguïté. Il estime en effet que la 4G n'est pas condamnée à disparaître, bien au contraire. Il affirme que «la 4G a toujours de l'avenir» et qu'elle demeure «la meilleure technologie mobile pour le citoyen et le consommateur».
L'expert rappelle même que «54% des abonnés au niveau mondial sont toujours 4G», ce qui montre l'importance de cette technologie dans l'équilibre du marché. La 4G conserve donc une pertinence technique et économique évidente, non seulement parce qu'elle constitue la base du parc actuel, mais aussi parce qu'elle reste indispensable au fonctionnement de la 5G dans sa version NSA, dont Khaouja rappelle qu'elle «ne peut pas fonctionner sans 4G».
Cette complémentarité technologique n'est pas seulement transitoire, elle est fonctionnelle. La 5G apporte de nouvelles capacités, en particulier dans les bandes 3,4 GHz et plus tard millimétriques, alors que «les fréquences de la 4G sont saturées» dans les bandes 800, 1800 et 2600 MHz. La 5G soulage donc mécaniquement la 4G en absorbant les usages les plus gourmands.
Pourtant, la 4G reste essentielle pour garantir la couverture nationale, en particulier dans les zones où la 5G serait trop coûteuse à déployer à court terme. La bande 700 MHz, réservée par l'ANRT, jouera d'ailleurs un rôle déterminant pour assurer cette continuité, car elle permet de couvrir de très grandes distances avec peu d'infrastructures.
Khaouja souligne que «pour la bande 700, on n'a pas besoin d'installer beaucoup d'antennes», contrairement aux déploiements massifs de petites cellules nécessaires dans les grandes villes pour la 5G.
Sur le plan économique, la 4G reste également un pilier de rentabilité pour les opérateurs. Les zones où les revenus sont faibles ne seront pas immédiatement migrées vers la 5G. C'est précisément pour compenser cette logique de marché que le fonds du service universel intervient, financé par «les 2% que payent les opérateurs». Ce mécanisme permet de maintenir une couverture nationale en 4G et de réduire la fracture numérique en finançant les zones non rentables.
Enfin, la 4G conserve une valeur stratégique pour des secteurs économiques clés. Dans l'industrie automobile, dans les chaînes de production ou dans les engins connectés destinés à l'export, une connexion fiable reste indispensable. La 4G demeure donc une technologie pivot, essentielle à la fois pour la continuité du service et l'équilibre du marché. La 4G ne sera pas délaissée. Elle formera le socle sur lequel reposera un écosystème 5G encore en construction.
Cadre réglementaire : continuités, contraintes et nouveaux défis
Le déploiement de la 5G au Maroc s'inscrit dans un cadre réglementaire déjà structuré et, selon les intervenants, globalement solide. Hind Khouy, directrice marketing chez inwi, souligne d'emblée que les opérateurs disposent d'une liberté méthodologique dans l'identification des zones prioritaires. Elle explique que les équipes inwi mènent des études géomarketing pour «voir là où on peut couvrir un maximum de clients» et que cette logique guide leurs décisions d'investissement. Elle précise que le lancement de la 5G s'est déroulé dans un cadre réglementaire clair permettant une mise en service rapide et orientée vers l'objectif essentiel : offrir cette nouvelle technologie au plus grand nombre.
Ce déploiement marque une étape importante dans la modernisation du paysage numérique national et sert avant tout «l'intérêt de l'économie marocaine et l'intérêt du client». Ahmed Khaouja apporte une perspective plus institutionnelle et rappelle que l'ensemble du secteur demeure régi par la loi 24-96, qu'il qualifie de «neutre technologiquement». Il insiste sur le fait qu'elle ne mentionne ni 2G, ni 3G, ni 5G, ce qui lui permet de rester pertinente malgré les évolutions successives du secteur.
Les obligations qui encadrent chaque génération mobile ne relèvent pas de la loi en elle-même, mais du «décret». Celui-ci, qui résulte de la négociation entre le gouvernement et les opérateurs, prend la forme du cahier des charges signé conjointement par le chef du gouvernement et le PDG de chaque opérateur.
Khaouja rappelle également que la réforme de 2019 a introduit le très haut débit dans le panier du service universel, permettant désormais à ce mécanisme de «financer la 5G», à condition qu'il dispose des ressources nécessaires. L'un des éléments majeurs du cadre réglementaire actuel demeure l'encouragement du partage d'infrastructures.
Pour Khaouja, cette dimension est essentielle pour garantir l'efficacité du déploiement : «le partage d'infrastructures est crucial» car il permet non seulement de réduire les coûts, mais aussi de rendre rentables des zones qui ne le seraient jamais pour un seul opérateur. Il rappelle qu'en mutualisant «la même climatisation, la même station d'énergie électrique, le même pylône», les opérateurs peuvent réduire leurs dépenses jusqu'à 40%, y compris en devises puisque la plupart des équipements sont importés.
Abdelkarim Mazouzi illustre cette question par une expérience personnelle en campagne, où il a observé deux antennes de deux opérateurs installées à cent mètres l'une de l'autre. Selon lui, «s'ils avaient regroupé leurs énergies sur la même station», la couverture locale aurait été meilleure et plus efficace financièrement. Mazouzi rappelle que l'ANRT, en coordination avec les opérateurs, travaille actuellement sur le déploiement de 1.600 points dans les zones blanches d'ici janvier 2026, une avancée qu'il juge essentielle pour le monde rural.
Pour lui, ces initiatives sont indispensables, car «il ne faut pas oublier le monde rural» où vit une grande partie de la population et où l'accès à la connectivité peut permettre l'émergence de véritables opportunités économiques, notamment sous forme de petites entreprises ou de startups locales.
L'ensemble de ces éléments montre que le cadre réglementaire marocain constitue aujourd'hui un levier de structuration, d'équité territoriale et d'innovation, tout en garantissant une transition maîtrisée vers la 5G. Les ajustements futurs ne concerneront pas la loi elle-même, mais des évolutions ciblées pour accompagner des usages avancés comme «la téléchirurgie à distance», lesquels, selon Khaouja, nécessiteront des raffinements spécifiques lorsque la 5G SA deviendra une réalité pleinement opérationnelle.
Ilyas Bellarbi / Les Inspirations ECO


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