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Quand la faim justifie les moyens
Publié dans Les ECO le 08 - 03 - 2010

Ne pas manger malgré la faim. Un supplice pour la majorité d'entre nous. Pour d'autres, la faim s'impose d'elle-même, s'installant, et rien n'est fait pour y remédier. Volontairement. Jusqu'à devenir squelettiques. On parle alors d'anorexie. «Il ne faut pas confondre l'anorexie comme symptôme d'une maladie, et l'anorexie mentale, maladie à part entière. Dans le premier cas, l'anorexie est un syndrome assez ubiquitaire, qui ne prête pas à conséquence. Ainsi, quand la maladie va s'estomper, l'anorexie va disparaître», explique Jamal Eddine Ktiouet, psychiatre. Si ce type est extrêmement répandu chez les patients atteints de troubles psychiques, l'anorexie mentale ne touche qu'une tranche infime de la population marocaine.
Comment devient-on anorexique ? «Au départ, cette maladie relevait du champ de la psychanalyse. Ces filles auraient du mal à se percevoir comme femme, dans un corps de femme, qui va être possédé par un sexe masculin», révèle Ktiouet, rappelant que les patientes souffrant d'anorexie mentale sont en majorité des adolescentes. «Aujourd'hui, c'est une maladie qu'on rapproche de plus en plus des troubles de l'humeur. Or pour ces dernières, on a la certitude absolue que ce sont des maladies génétiques». L'esthétique n'a donc pas sa place dans la série de causes de la maladie où manger fait mal. «Dans certains cas cependant, un régime peut se transformer en anorexie», souligne Fatima-Zohra Sekkat, psychiatre et psychothérapeute. Les jeunes filles sont grisées par la maîtrise de leur corps.
Des anorexiques à la campagne
«En quinze ans de métier, j'ai remarqué que le nombre de cas d'anorexiques a augmenté», nous informe Fatima-Zohra Sekkat. Si les études sur l'anorexie mentale dévoilent que la maladie touche plus les filles issues d'un milieu socio-économique aisé, et vivant dans les villes, Sekkat nous dévoile un fait surprenant. «J'ai eu l'occasion de recevoir des cas provenant de milieux modestes, et de milieux ruraux». Si l'anorexie mentale touche en grande majorité les filles, les garçons ne sont pas épargnés par ce risque, aussi infime soit-il. Les docteurs Ktiouet et Sekkat se rejoignent sur le point suivant : «Lorsque l'anorexie mentale touche les garçons, les effets sont souvent plus graves et elle peut évoluer vers d'autres pathologies».
Une maladie reléguée au second rang
L'anorexie mentale, multifactorielle et difficile à soigner, est reléguée au second plan. «Au Maroc, il n'existe pas de service hospitalier spécialisé dans l'anorexie mentale. Les anorexiques sont pris en charge dans des services de psychiatrie polyvalente», nous informe Sekkat. L'attention est focalisée sur des pathologies plus fréquentes. «Il existe des pathologies plus graves, qui demandent une considération plus grande. Les psychoses et les troubles de l'humeur sont extrêmement répandus au Maroc». Quant aux filles anorexiques, issues pour la majorité de milieux favorisés, elles n'ont d'autres choix que de se faire soigner à l'étranger. «En visite dans un hôpital parisien, j'ai rencontré plusieurs filles anorexiques hospitalisées étrangères, dont beaucoup de Marocaines», nous dévoile Sekkat.
Témoignage de Ghita, 25 ans, ex-anorexique
«Je me souviens comment ça a commencé. Je n'avais pas envie de maigrir, je n'avais pas de problème avec mon corps, ni avec mon image. C'est dans ma tête que ça n'allait pas. Un matin au réveil, j'ai vomi et je n'ai rien mangé de la journée. Etrangement, ce jeûne pas même forcé, m'a procuré une certaine euphorie. J'ai perdu l'appétit sans m'en rendre compte.
Un contrôle inconscient. Et je n'ai plus rien mangé. Je me sentais légère et tellement fière d'enfin contrôler quelque chose dans ma vie. On ne se voit pas maigrir, ni changer.
On ne réalise pas la gravité de la situation. C'est jouissif. On se dégoûte de la nourriture qui obsède des générations entières. On perd la sensation de faim, et malgré
les étourdissements, les malaises, on se sent bien. J'ai toujours eu la faiblesse de remanger pour des gens que j'aime. Et je le vis encore comme un manque de volonté de ma part. J'ai repris du poids avec les années, pour atteindre un poids normal que je vis mal. Jusqu'à aujourd'hui, j'envie mes périodes sans manger, même si j'ai peur malgré tout d'y retomber».
On a souvent du mal à situer la frontière entre régime et anorexie...
Il faut distinguer ce qui relève d'une démarche volontaire de la personne, pour perdre du poids à certaines périodes de l'année, comme les veilles de fêtes ou de l'été, et l'anorexie mentale.
À quoi reconnaît-on une fille anorexique ?
La jeune fille anorexique se reconnaît par un refus alimentaire total. Si on force la personne, celle-ci va par la suite vomir ce qu'elle a absorbé. L'anorexie mentale est une maladie au cours de laquelle on observe trois symptômes, qu'on appelle les 3A. Anorexie, amaigrissement, et aménorrhée (absence de règles). Cette absence de règles est d'ailleurs fondamentale pour parler d'anorexie mentale.
À côté des 3A, y a-t-il d'autres signes qui reviennent chez les patientes anorexiques ?
Oui, certains comportements sont récurrents. Elles vont souvent être de bonnes cuisinières, et cuisiner beaucoup, mais pour les autres. Ce qui frappe beaucoup, c'est qu'elles sont douées d'une intelligence souvent supérieure. Ces filles restent très hyperactives, dans un état euphorique, et c'est surprenant de voir le contraste entre l'état de maigreur dans lequel elles sont, et leur hyperactivité.
Elles n'ont peut-être pas conscience de leur état...
En effet, ce qui est frappant, c'est leur déni absolu. Ces jeunes filles sont les seules à ne pas voir l'état pathologique dans lequel elles sont. Elles ont une conviction profonde et inébranlable, qui n'est accessible ni au bon sens, ni à la rationalité, ni à la démonstration, ni à n'importe quel discours de logique, qu'elles sont trop grosses.
Guérit-on de l'anorexie mentale ?
Ces filles sont extrêmement difficiles à prendre en charge, car il y a une résistance face à toute forme d'approche directe. D'autant plus qu'elles sont très intelligentes.
Faut-il donc les contraindre à se soigner ?
Dans tous les pays du monde, il existe des lois qui obligent ces personnes à aller à l'hôpital, et prendre des médicaments contre leur gré. La fille anorexique, contrairement à d'autres pathologies, garde toute sa lucidité et son intelligence. Les psychiatres ont donc toujours eu une hésitation pour appliquer cette loi à ces personnes.
Mais la logique fait qu'il faudrait les obliger. Mais les obliger à quoi ? On est complètement désarmé sur le plan thérapeutique. Il n'existe pas de médicaments, donc on agit d'une façon symptomatique. On peut utiliser les stabilisateurs de l'humeur pour essayer de calmer, mais il n'y a pas de consensus, et le traitement n'est pas codifié.
On dit aussi que c'est une «maladie de riches»
Elle est répandue dans les milieux intellectuels, ce qui la rapproche aussi des troubles bipolaires, que certains nomment «la revanche du pauvre».


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