Les Echos quotidien : Vous allez participer à la 10e édition du festival Mawazine dont le coup d'envoi sera donné dans quelques jours. Qu'avez-vous préparé pour le public marocain ? Mory Kanté : Nous sommes en train de nous préparer pour ce grand festival. Je vais interpréter lors de mon concert, prévu le 28 mai, des chansons connues et d'autres de mon dernier album. Je peux vous assurer dès maintenant qu'il y aura quelques surprises pour le public marocain que j'apprécie énormément. Votre musique est à la fois traditionnelle et moderne. Comment réussissez-vous à allier les deux ? Au début de ma carrière artistique, on qualifiait ma musique de traditionnelle. Au fil des ans, j'ai essayé de la rendre plus moderne. Elle est donc authentique mais originale. Vous savez, l'objectif, c'est de rendre sa musique consommable et rentable. Pour atteindre cet objectif, il faut élaborer une stratégie bien faite. Personnellement, je suis confiant dans le talent des musiciens africains. La création et le travail assidu sont le secret de tout succès. Vous êtes très actif sur le plan social. Pensez-vous que les artistes doivent être engagés ? Il faut bien se rendre utile ! Aider les institutions qui œuvrent pour l'éradication de la pauvreté en Afrique me semble tout à fait normal. Vous savez, notre continent traverse en ce moment une phase très critique. Il faut donc se serrer les coudes pour venir en aide aux populations démunies. D'ailleurs, je vais bientôt mettre en place une fondation pour les griots. L'objectif étant de créer un moyen de communication entre le pouvoir et cette population considérée comme la voix de l'Afrique subsaharienne. Je suis également en train de construire un complexe culturel au Mali. En quoi consiste ce nouveau projet ? Il s'agit de toute une cité composée notamment d'un complexe culturel, d'un studio d'enregistrement, d'hôtels, d'une salle de spectacle avec 1800 places, d'une boite de nuit et d'un restaurant. C'est une plate-forme pour tous les artistes de l'Afrique de l'ouest qui n'arrivent pas à «décoller» à cause de leurs moyens techniques et financiers. Le studio d'enregistrement par exemple, n'aura rien à envier aux studios européens. En effet, j'accorde énormément d'importance aux conditions techniques. Vous savez, j'ai beaucoup «trimé» pour pouvoir faire ma place. J'offre donc l'occasion aux artistes de ma région d'exprimer leurs talents. C'est toujours très important de donner un coup de pouce à la nouvelle génération.