Les immigrants sont d'un grand apport à la société espagnole. C'est en somme la conclusion d'une étude intitulée «Immigration et bien-être en Espagne». Réalisée par la fondation La Caixa, le rapport met à bas les préjugés sur les immigrants en Espagne. Une chose est sûre : l'enquête tombe à point nommé. En cette période électorale, les partis de l'ultra-droite ont commencé à affûter leurs armes en direction de «l'ennemi à abattre». Selon l'étude, malgré la récession, les immigrants, de l'ordre de 5,7 millions, ont continué à contribuer à la sécurité sociale. Ils étaient environ 1,8 million de travailleurs, en avril dernier, à renflouer les caisses de l'Etat espagnol. Parallèlement à cela, à peine 1% parmi eux profitent des pensions. En plus clair, les immigrants apportent plus que ce qu'ils reçoivent. Selon les auteurs, leurs cotisations à la sécurité sociale sont deux à trois fois supérieures aux dépenses de l'Etat à leur encontre. Etant donné que cette population est jeune, puisque sa moyenne d'âge est de 32,6 ans, contre 41,1 ans pour les Espagnols, sa contribution financière est de grande valeur. L'étude nous apprend aussi que l'Espagne doit une partie de sa croissance réalisée à la veille de la crise à cette main d'œuvre. En effet, les immigrants ont été les principaux responsables de la moitié de la croissance du Pib espagnol, entre 2000 et 2005. Mais à l'ère des vaches maigres, les Espagnols ont fait leur litière de cette participation. Aujourd'hui, ils n'hésitent pas à leur faire porter le chapeau, les accusant de s'accaparer la part du lion des budgets destinés au social. Cet argument est battu en brèche par l'étude en question. Les dépenses engendrées par les étrangers continuent à être très inférieures par rapport à ce qu'ils apportent à la trésorerie de l'Etat. Mieux encore. Il existe même un usage moindre des services sociaux de la part des immigrants, en comparaison avec le poids démographique de cette communauté. Seuls 6,8% des investissements destinés aux services sociaux leur profitent. Dans le secteur de la santé, par exemple, les étrangers consultent 7% moins que les Espagnols un médecin généraliste et 16% moins un médecin spécialiste. Seules les consultations aux urgences constituent une entorse à cette règle. Les immigrants sont 3,2% de plus à recourir à ce service, comparés aux Espagnols. En ce qui concerne les retraites, dans la catégorie des immigrants économiques, les Marocains sont les premiers immigrants extracommunautaires à en bénéficier, soit environ 8.000 retraités. Autre préjugé démonté, celui portant sur l'accès à l'éducation. À cet égard, les Espagnols sont convaincus, dur comme fer, que les immigrants reçoivent plus d'aides en matière d'éducation par rapport aux familles espagnoles du même niveau social. Or les statistiques réfutent, encore une fois, ce stéréotype. Durant l'année scolaire 2009-2010, les étudiants non espagnols représentaient à peine 9,6% de l'ensemble des enfants scolarisés. Mais il faut admettre que même avant la crise, les Espagnols regardaient d'un mauvais œil la présence des immigrés sur leur terre. D'ailleurs, durant les années euphoriques de l'économie espagnole, l'immigration arrivait en tête des préoccupations des Ibères, dans les sondages. La tendance s'est inversée avec la crise économique, où le chômage est devenu le souci majeur des foyers espagnols. Toutefois, les baromètres d'opinion transmettent ce ressentiment envers ces nouveaux arrivants. Quoique le pourcentage de l'immigration en Espagne est de 12%, une proportion similaire à des pays européens connus historiquement pour être des récepteurs d'immigrants, de ce fait, rien d'alarmant. En revanche, le refus envers cette catégorie évolue d'une manière vertigineuse, ce que les auteurs de l'étude qualifient comme un paradoxe car, au moment où la population est consciente de la nécessité des immigrants pour des raisons économiques, en même temps leur présence est sujette à polémique, vu que leurs hôtes les considèrent comme une «source de problèmes». Des sondages menés auprès des Espagnols ont révélé que 40% des interviewés pensent que l'Etat protège assez l'immigrant et 18% pensent que l'Etat le fait énormément, au détriment du citoyen national. Pour éviter les disparités sociales, l'étude estime que l'intégration de ces immigrants et de leurs familles est l'un des grands défis de l'Etat espagnol durant les prochaines décennies. Cependant, malgré la justice rendue aux immigrés à travers cette enquête, la réalité sur le terr, d'où cet appel de l'enquête à renforcer les mécanismes de protection et d'intégration en leur faveur.