Amnesty International dénonce le laxisme des autorités ivoiriennes face aux nombreuses violations des droits de l'Homme malgré la chute du régime Gbagbo. Dans un rapport rendu public jeudi, l'ONG pointe du doigt plusieurs exactions de l'armée… Plus de trois mois après la chute de Laurent Gbagbo, les exactions se poursuivent en Côte d'Ivoire, d'après le constat d'Amnesty International dans son dernier rapport publié le 28 juillet. L'ONG de défense des droits de l'Homme dénonce «l'atmosphère de peur» qui règne en Côte d'Ivoire en dépit des promesses des nouvelles autorités. «Ces actes sont assez terrifiants et sont commis en toute impunité», a déclaré Salvator Saguès, chercheur à Amnesty International. Le rapport met en cause les forces de sécurité gouvernementales fidèles au nouveau chef de l'Etat Alassane Ouattara. Exécutions sommaires, tortures, détentions arbitraires, c'est, en gros, ce que reproche l'ONG au nouveau régime. Alors que la crise post-électorale a fait plus de 3 000 morts et 500 000 déplacés, l'armée ivoirienne «créé un climat de peur qui empêche ces gens de rentrer chez eux», rapporte l'organisation. «Nous voulons rentrer chez nous mais nous ne pouvons pas», confirme un déplacé. Les enquêteurs de l'ONG pointent du doigt le laxisme des nouvelles autorités et appelle le président à prendre ses responsabilités. «Nous demandons au président Ouattara de réellement ouvrir une enquête sur les exactions qui visent principalement les populations réputées proches de l'ethnie de Gbagbo», a indiqué un porte-parole d'Amnesty International. De même, nombre de journalistes, également proches du clan Gbagbo, sont persécutés dans le pays par les Forces républicaines de la Côte d'Ivoire (l'armée nationale). Ainsi, Herman Aboa est détenu depuis quelques jours pour «attentat contre l'autorité de l'Etat» et Reporters sans frontières (RSF) réclame sa «libération immédiate». «Plus de trois mois après l'installation du président Ouattara, les journalistes d'opposition ou indépendants travaillent toujours la peur au ventre», a d'ailleurs dénoncé RSF. Réagissant à cette nouvelle vague d'accusations, le nouvel homme fort de Côte d'Ivoire, en visite officielle aux Etats-Unis, a réitéré sa volonté de lutter contre toute violation de droits de l'Homme et de punir les auteurs de ces exactions. «Il n'y aura pas d'amnistie pour les auteurs de ces crimes. Ils feront tous, sans exception, face au juge», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse jeudi au siège des Nations Unies.