Dans un discours télévisé samedi, le président yéménite Abdallah Saleh a annoncé son départ du pouvoir dans les prochains jours. L'opposition a aussitôt réagi en dénonçant une énième manœuvre du chef de l'Etat pour s'accrocher au pouvoir. Après 32 ans de pouvoir sans partage, le président yéménite Abdallah Saleh se dit désormais prêt à libérer le pouvoir. C'est en tout cas ce qu'il a annoncé lors d'un discours télévisé le samedi 8 octobre. Rentré il y a quelques jours d'Arabie Saoudite où il était en convalescence après le bombardement de son palais en juin, Abdallah Saleh accuse notamment l'opposition d'être responsable du chaos dans lequel se trouve le pays. «Je ne veux pas le pouvoir, et je l'abandonnerai dans les jours prochains», a-t-il déclaré lors de ce discours. «Le peuple yéménite résiste depuis neuf mois à ce grand complot, comme ni la Tunisie, ni l'Egypte, ni la Libye ni aucun autre pays arabe n'a résisté », a-t-il ajouté. Son régime est confronté une vague de contestations qui s'est transformée, ces derniers jours, en affrontements réguliers entre l'armée régulière, fidèle au pouvoir, et les hommes du général dissident Ali Mohsen al-Ahmar. Ces combats ont déjà fait des centaines de victimes civiles. La communauté internationale a, à plusieurs reprises, réclamé l'arrêt des violences et demandé le départ du président yéménite, mais en vain. Le Conseil de coopération du Golfe (CCG) a, quant à lui, proposé un plan de sortie de crise qui prévoit le départ d'Abdallah Saleh du pouvoir en contrepartie d'une immunité totale sur les exactions de son régime. Mais la médiation du CCG s'est heurtée au refus du chef de l'Etat. Le discours de Abdallah Saleh est loin d'avoir apaisé la population. «Nous ne croyons pas cet homme. Il doit remettre le pouvoir qu'il a usurpé à la révolution. Nous poursuivrons notre révolution pacifique», a déclaré à Al jazeera, Tawakkol Karman, une militante yéménite et lauréate du prix Nobel de la paix 2011. Toutefois, le président yéménite a annoncé une réunion du Parlement dans les jours à venir sans préciser l'objet de la rencontre. Tout porte donc à croire que le discours du chef d'Etat, destiné à calmer les esprits, semble bien avoir un effet contraire.