L'examen du projet de loi qui portera la représentativité des femmes à 33 % dans les assemblées élues suscite des réactions mitigées au sein de la société algérienne. Depuis le début des révoltes dans le monde arabe, l'Etat multiplie les réformes pour apaiser la colère de la population. Les autorités algériennes sont à l'épreuve du «printemps arabe». La déferlante révolution qui a rasé le régime tunisien et égyptien n'est pas sans susciter l'inquiétude d'Alger. L'Etat a, dès lors, engagé d'importantes réformes politiques pour contenir la colère du peuple. C'est ainsi que le président Abdelaziz Bouteflika a décidé en avril d'étendre le quota de représentativité des femmes à 33% dans les assemblées élues. Mais l'examen de ce projet de loi, qui a débuté le 6 octobre, donne déjà lieu à des réactions mitigées au sein de la société. Même si les femmes sont généralement représentées dans la plupart des professions, ce n'est pas le cas en politique. Le Parlement en compte à peine 7% et rares sont celles qui héritent de portefeuille au sein du gouvernement. Autant dire que l'échiquier politique demeure toujours l'arène de la gent masculine. Cependant, si ce projet est perçu par certains comme une évolution majeure, d'autres pensent que c'est juste une mesure prise par le gouvernement pour calmer les esprits. Car toutes les Algériennes ont vu le rôle important joué par la femme dans les révolutions en Tunisie et en Egypte notamment. «Comment peut-on être encore mineure dans le code de la famille et être élue ?», s'est indignée Fatma Oussedik, sociologue à l'université d'Alger II et militante féministe. «Pour nous, l'indicateur principal reste le retrait de ce code», a-t-elle ajouté. Le code de famille en question restreint le droit des femmes et impose à ces dernières «un tuteur matrimonial» lors des mariages. Les associations de défense des droits de la femme en Algérie réclament avant tout, des avancées au niveau des droits féminins. Toutefois, elles savent que c'est un chemin épineux et plein d'embuches qu'elles vont devoir emprunter pour y arriver. Croiser les doigts et attendre que cela vienne des autorités n'est pas une option. «Les femmes font partie des catégories qui se mobilisent le plus pour le changement. Mais, en Algérie, nous sommes conscientes que la démocratie ne s'octroie pas et que ce n'est pas non plus l'OTAN qui le fera», a développé Fatma Oussedik. La mentalité de la société constitue l'autre obstacle à l'ascension des femmes en politique. « A chaque fois qu'on descend dans la taille des assemblées, on rencontre plus de difficultés, parce que les mentalités résistent. Les députés vont faire tous les calculs pour revenir sur le quota de 33%. On ne va pas arriver à plus de 20 %», a expliqué Dalila Bouakaz, députée du Front de libération nationale (FLN) de la Wilaya d'Alger. Mais, même si ce quota de représentation à 33 % des femmes passe sans amendement à l'Assemblée nationale, la sociologue Fatma Oussedik pense que cela ne changera rien au quotidien de la femme algérienne. «Aucune femme n'a été élue sur des revendications féministes. Elles transforment peut-être un peu l'image, mais elles sont trop peu pour changer quelque chose», a-t-elle déclaré. On ne va pas arriver à plus de 20 %», a expliqué Dalila Bouakaz, députée du Front de libération nationale (FLN) de la Wilaya d'Alger. Mais, même si ce quota de représentation à 33 % des femmes passe sans amendement à l'Assemblée nationale, la sociologue Fatma Oussedik pense que cela ne changera rien au quotidien de la femme algérienne. «Aucune femme n'a été élue sur des revendications féministes. Elles transforment peut-être un peu l'image, mais elles sont trop peu pour changer quelque chose», a-t-elle déclaré. En parallèle, d'autres mesures ont été prises pour répondre, un temps soit peu, aux attentes des Algériens. Il s'agit notamment de l'ouverture de l'audiovisuel, de la dépénalisation du délit de presse et d'une nouvelle loi sur les partis politiques. Sur le plan social, le gouvernement a, récemment, décidé d'augmenter les salaires de plusieurs catégories professionnelles. Un relèvement du salaire minimum qui est de 1 500 dinars (150 euros) est également prévu. Pour la rentrée scolaire de cette année, le gouvernement a aussi fourni gratuitement du matériel scolaire en vue de venir en aide aux familles défavorisées. «L'effort engagé par l'Etat dans le domaine économique et social est une chance dont dispose encore l'Algérie dans un environnement économique international tendu et incertain», avait alors estimé le Premier ministre Ahmed Ouyahia. Il faut souligner que le pouvoir d'achat des Algériens s'amenuise de jour en jour alors que le pays figure parmi les plus grands producteurs et exportateurs de pétrole en Afrique. Cependant, en dépit de ces réformes sociales et politiques que tente mettre en place le pouvoir, le risque de l'éclatement reste toujours palpable.