Depuis l'arrivée du pasteur Samuel Amédro au temple de l'église protestante de Casablanca, la paroisse attire de plus en plus d'étudiants subsahariens. Une famille marocaine habitant ce temple révèle au Soir échos le visage « obscur » du pasteur.... Arrivé à la tête du temple protestant de Casablanca, il y a deux ans, le Pasteur Samuel Amédro ne cessait aujourd'hui de chercher noise à une famille qui habite les lieux depuis plus d'une vingtaine d'années. Meriem Anjjar, la mère de famille, vivant avec son mari, sa petite fille de 9 ans et sa grand-mère, nous raconte 5 mois d'enfer avec le nouveau pasteur protestant. Descente aux enfers « Ma grand-mère Zohra a 86 ans et travaille pour l'église depuis plus de cinquante ans. Les anciens pasteurs lui avaient assuré toutes les bonnes conditions de travail et de survie», nous confie Meriem Anjjar. Cette dernière a fini elle aussi par travailler pour l'église et y vivre avec son mari et sa fille, cela fait maintenant près de 26 ans. La famille paye le loyer, l'eau et l'électricité pour une facture mensuelle de 1 700 DH, pour un salaire mensuel de 2 500 DH net. Juin 2010, Amédro s'installe dans le sanctuaire. « Quand il est arrivé, il nous a fait comprendre qu'on faisait tache », nous confie Meriem. Elle nous révèle qu'Amédro, au tout début, entamait tout le temps avec eux des discussions sur le Christianisme et l'Islam. « Il voulait à tout prix nous convertir. Il a fini par s'énerver et nous dire qu'il ne voulait plus voir de Marocains dans son église ! ». Meriem nous apprend qu'Amédro lui a proposé un marché : 2 millions de centimes en contre partie de son départ de l'église. « J'ai refusé bien sûr ! Après, il m'envoie une lettre de licenciement dans laquelle il m'accuse de l'avoir insulté ! », s'indigne Meriem. Le 13 mars dernier, elle reçoit de la part d'Amédro une mise en demeure pour quitter l'église. « Je suis donc allée voir l'inspecteur de travail qui a sur le champ envoyé une convocation à l'attention d'Amédro. Le pasteur a évidemment évité tous les rendez-vous pour rencontrer l'inspecteur du travail », nous révèle-t-elle. Après plusieurs aller-retours chez l'inspecteur de travail, deux jeunes « disciples » d'Amédro rendent visite à Meriem pour lui « conseiller » de quitter l'église avec la somme proposée, sinon, elle risque de ne rien toucher, car Amédro prétend que ce n'est qu'un cadeau qu'il lui fait... ». Meriem entame alors une procédure pour licenciement abusif et poursuit le pasteur en justice. Le premier procès a lieu le 21 juin au tribunal de la famille à Oulfa. Il est reporté pour le 28 juin à cause d'une erreur administrative... La passion des Anjjar Juin 2012, Amédro s'installe dans l'église et depuis les soucis ont commencé. En dessous à gauche, le pasteur Samuel Amédro. A droite, Meriem Anjjar. « Furieux, Amédro a coupé l'eau et l'électricité et a changé les serrures des portes de l'église. Il a condamné les douches et les toilettes pour empêcher l'eau de nous parvenir. Aussi, depuis mars, nous ne touchons plus notre salaire. Nous vivons de patience et de bougies. », nous révèle Meriem. Et Zohra de poursuivre : « Il a profité de nous pour bien connaître Casablanca, maintenant, on ne lui sert plus à rien ! Imaginez ! Quand Amédro a su que les voisins nous approvisionnaient d'eau et de nourriture, il les a menacés.... », nous révèle l'octogénaire. La famille est d'ailleurs totalement choquée. Elle nous avoue qu'avec les précédents pasteurs, ils avaient l'impression d'avoir la même religion. « Je suis chez moi, sortez d'ici ! On ne veut plus vous voir, on vous déteste, nous disait Amédro avec fureur », se souvient Mériem. « Amédro, hait les arabes ! », déduit-elle. Les voisins, une vingtaine de signataires, ont de leur côté adressé une lettre aux autorités : « Le pasteur est tellement aveuglé par la vengeance, la haine et le racisme qu'il est incapable de mesurer les conséquences de ses actes sur la paix et la tolérance qui ont toujours uni cette église aux habitants du quartier et dont cette famille était garante », peut-on lire dans la lettre que le Soir Echos a pu avoir d'une source proche du dossier. La version du révérend Amédro nous l'a avoué quand nous sommes allé à sa rencontre : « je fais très attention aux journalistes ! ». Justement, au fur et à mesure de notre entretien, le pasteur se montrait gêné face aux questions relatives à son voisinage, les fréquentations de son église et ses relations avec les marocains. Voisinage ? « Je vis tout seul », nous dit-il. Fréquentations de l'église ? « La majorité sont des Subsahariens. On fait le maximum pour prendre soin d'eux surtout qu'ils sont dans une situation irrégulière. Ce n'est pas notre rôle de vérifier les papiers des gens. Ma politique personnelle, c'est que je me dis que je ne peux pas voir quelqu'un souffrir et le laisser, sans rien faire pour lui », affirme-t-il. La tension monte et nous décidons de crever l'abcès : « Est-ce vrai que vous aviez des problèmes avec des voisins marocains ? » ? Amédro, fronce les sourcils: « Je ne suis pas sûr d'avoir envie de communiquer sur cette question. Notre projet à nous c'est de vivre en harmonie avec les Marocains », conclut le pasteur. Il est à noter que l'octogénaire, Zohra, avait fait un malaise cardiaque, vendredi, à cause de la situation dans laquelle elle se retrouve. Contactée à l'heure ou nous mettions sous presse, Meriem nous affirme que l'état de santé de sa grand-mère est stable pour l'instant. Enfin, notre même source nous apprend qu'une enquête policière a été ouverte à ce propos. Affaire à suivre... * Tweet * * *