La situation est critique en Syrie. La trêve acceptée par les rebelles et les troupes gouvernementales n'aura tenu que quelques heures. Alors que le monde musulman célébrait l'Aïd al-Adha, les Syriens, de leur côté, ont vécu un nouveau week-end meurtrier. à Alep, des combats entre Kurdes et rebelles ont fait 30 morts. La trêve réclamée par l'émissaire international n'aura duré que quelques heures entre les troupes gouvernementales et les insurgés de l'Armée syrienne libre. Cet arrêt partiel des combats à l'occasion de la fête de l'Aïd Al-Adha, a volé en éclat samedi avec des raids aériens et de sanglants affrontements entre rebelles et soldats qui ont fait plus de 200 morts en près de 48 heures. Le cessez-le-feu temporaire, qui devait entrer en vigueur vendredi pour quatre jours à l'initiative du médiateur international Lakhdar Brahimi, aura subi le même sort que celui défendu par l'ex-médiateur Kofi Annan, qui avait aussi volé en éclats au bout de quelques heures en avril. Rebelles et armée s'étaient engagés à interrompre les hostilités pendant les quatre jours de l'Aïd al-Adha, mais avaient averti qu'ils riposteraient en cas d'attaque. Les combats redoublent d'ardeur Depuis l'entrée en vigueur officielle de la trêve, les violences ont fait au moins 146 morts vendredi et 58 samedi, en majorité des civils, selon un bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), dont le siège est au Royaume-Uni et s'appuyant sur un réseau de militants et de sources médicales. Les forces gouvernementales et les rebelles se livrent des combats acharnés en de nombreux points du pays. Ces violences ont fait, selon l'OSDH, plus de 35 000 morts en 19 mois, et ont poussé des centaines de milliers de personnes à fuir dans les pays voisins. « Pour le deuxième jour, les groupes terroristes continuent de violer de manière flagrante le cessez-le-feu annoncé et respecté par le commandement de l'armée », a affirmé le commandement militaire dans un communiqué, renouvelant ses accusations de la veille. Dans le même temps, les rebelles ont qualifié la trêve d'échec et de mensonge. « Comment un régime criminel peut-il respecter une trêve? C'est un échec de Lakhdar Brahimi, cette initiative est mort-née », a déclaré le colonel Abdel Jabbar al-Oqaidi, chef du conseil militaire rebelle d'Alep (nord). « Ce n'est pas nous qui attaquons », a-t-il assuré. « Nous ne pouvons plus parler de trêve », a, de son côté, résumé Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH. Tout porte à croire que ni Damas ni les insurgés ne semblent prêts à faire taire leurs armes. De violents combats ont aussi secoué Alep, la région stratégique de Maaret al-Noomane (nord-ouest) ou encore Deir Ezzor (est), où un attentat à la voiture piégée a fait aussi huit morts. L'aviation, principal atout du régime de Bachar al-Assad, a mené samedi des raids dans les provinces de Damas et d'Idleb (nord-ouest), où sont retranchés de nombreux rebelles, faisant huit morts en une seule frappe près de la capitale. Dans la région de Maaret al-Noomane, où une bataille majeure se joue près de la base stratégique de Wadi Deif, des raids aériens ont également frappé les rebelles et des combats ont secoué les abords du camp militaire. Dissensions À ces violences sont venus s'ajouter des combats inédits entre miliciens kurdes et rebelles à Alep, qui ont fait 30 morts et 200 prisonniers vendredi, selon l'OSDH. Des habitants d'un quartier kurde d'Alep, Achrafiyé, ont affirmé que les heurts avaient éclaté après l'infiltration dans la zone de rebelles que des combattants kurdes ont tenté de repousser. La minorité kurde se veut neutre et garde ses distances aussi bien avec le régime qu'avec la rébellion. Ces affrontements font craindre davantage de dissensions au sein de la société syrienne déjà fragilisée par un conflit sans précédent dans l'histoire contemporaine du pays. Aussi, dans le nord, un groupe rebelle a-t-il affirmé détenir le journaliste libanais Fida Itani, de la chaîne de télévision libanaise privée LBCI, parce que son travail n'était « pas compatible avec la révolution ». Par ailleurs, la Russie, allié fidèle du régime de Damas, accuse les Etats-Unis de coordonner et d'assurer une assistance logistique à la livraison d'armes aux rebelles syriens. « Il est de notoriété publique que Washington est au courant de la livraison de plusieurs types d'armes à des groupes armés illégaux agissant sur le territoire syrien », a indiqué dans un communiqué, le porte-parole de la diplomatie russe Alexandre Loukachevitch. Ces accusations interviennent après que le chef d'état-major des forces armées russes, le général Nikolaï Makarov, a déclaré mercredi que les rebelles syriens font usage de lance-missiles de fabrication américaine Stinger pour combattre les forces du régime du président Bachar al-Assad. Washington a, toutefois, démenti ces accusations. * Tweet * *