Le Salon international du numérique, des arts graphiques et de l'emballage (Siagra) se tiendra sur fond de crise. Ce rendez-vous qui en est à sa huitième édition peine à regrouper les professionnels. Chouaïb Hassani, directeur de la société organisatrice Via Expo n'y va pas par quatre chemins pour le prouver : « Au vu du contexte tendu de crise, on s'est vu obligé de réduire de près de 50 % la surface d'exposition désormais à seulement 4 500 mètre carré contre plus de 8 000, l'édition précédente. Et ce, à cause bien sûr de la baisse du nombre d'exposants ayant répondu présents (moins de 100 contre plus de 180) », explique-t-il lors d'un point de presse tenu ce jeudi à Casablanca. Le commissaire du salon ajoute que la tenue de cette édition n'aurait été possible que grâce aux grands efforts solidaires et responsables de la Fédération des industries forestières, des arts graphiques et de L'emballage (Fifage) qui a tenu à sauver la face. Question d'image et de notoriété de « la profession livrée à son sort sans aucune subvention étatique », comme insiste à le rappaler Said Nejjar, président de l'Association professionnelle marocaine des imprimeurs. Et puisqu'un malheur ne vient jamais seul, d'autres contraintes cette-fois-ci d'ordre organisationnel viennent s'ajouter. « On supplie, on prie même le ministre de tutelle pour assurer l'inauguration officielle du salon… », se désole Nejjar. Il faut dire que la « sous-estimation » d'un secteur transversal, écarté par la stratégie industrielle baptisée « Emergence » comme le regrette Mounir El Bari, président de la Fifage, ne sert en rien la compétitivité et la productivité de l'économie nationale. Le fait de «délaisser» un secteur qui pèse plus de 12 milliards de dirhams de chiffre d'affaires et compte 12 000 postes d'emplois informe sur l'absence de vision et de stratégie économique. El Bari se demande comment il est possible que le gouvernement érige en priorité l'automobile et l'agroalimentaire, alors que l'emballage, maillon fort de la chaîne de production et élément clé de compétitivité, reste à l'écart. D'ailleurs, l'alimentarité des emballages est placée aujourd'hui au cœur de la sécurité sanitaire. Autre preuve de taille, l'usine Renault de Tanger a dû commander des produits d'emballage auprès de fournisseurs européens. El Bari informe qu'« on a un retard d'un an pour produire ces marchandises faute d'investir en temps réel. On ne nous a pas prévenus pour être en phase avec les besoins de Renault», déplore-t-il. Plus encore, la préférence nationale n'est qu'un leurre s'agissant de cette profession classée parmi la branche Chimie et Para chimie. Nejjar regrette qu'au moment où l'on pâtit d'amenuisement de réserves de change, on laisse encore à l'importation d'agendas libre cours, alors que les professionnels nationaux sont en mesure de les produire avec une meilleure qualité. Aux yeux de ce dernier, « l'abandon officiel » de cette activité qui croule sous le poids de la concurrence étrangère farouche et celle déloyale de l'informel n'arrange pas les choses. À son avis, l'activité est sérieusement menacée du fait de l'absence de bon nombre d'incitations. À la clé, la suppression de l'exonération de la TVA depuis presque 20 ans sans parler du non respect des partenaires des termes des accords de libre-échange signés (Accord d'Agadir). Le maître imprimeur évoque aussi les carences de la formation des ressources humaines. À ce titre, « on souffre énormément. On a affaire à des employés médiocres. Leur formateurs qui relèvent de l'OFPPT ont aussi besoin d'être formés », ironise-t-il. Autant dire que le secteur d'emballage et d'arts graphiques traverse une mauvaise passe comme le laisse croire son chiffre d'affaires qui s'est effrité de 5 % à fin mars 2013, selon El Bari.