Dernière ligne droite pour faire aboutir le projet de Casa finance city. Les enjeux sont énormes. Tour d'horizon. Et c'est parti pour la future place financière de Casablanca. Le compte à rebours a débuté depuis le 12 octobre dernier, date durant laquelle le projet de loi portant création du pôle financier de Casablanca a été adopté en Conseil de gouvernement puis validé par les conseillers et la chambre des représentants. Un délai record qui en dit davantage sur les enjeux géostratégiques de cette future ville financière dénommée Casa Finance City (CFC) qui est née d'une volonté de faire de Casablanca un hub financier orienté vers le continent africain. «La création d'un pôle financier d'envergure internationale est la résultante d'un constat observé cette dernière décennie dans les pays africains», a fait remarquer Salaheddine Mezouar, ministre des Finances. Les investissements directs étrangers (IDE) en direction de ce continent ont enregistré un rythme soutenu avec une moyenne de croissance de 13% entre 1990 et 2000 pour atteindre 27% en moyenne pour la dernière décennie. Un constat qui a poussé Mezouar à défendre ce projet pour une adoption dans les plus brefs délais afin de profiter de cette manne financière d'investissements en Afrique. Une manne africaine à saisir Pour le ministre, le Maroc est déjà bien positionné dans la région (voir dossier «Le Maroc à l'assaut de l'Afrique» N° 74). Fort de ces relations ancestrales avec certains pays du continent noir, le Maroc est le plus apte à se positionner en particulier en Afrique de l'Ouest qui représente environ 40% du potentiel de croissance du Continent. Une image de marque qui lui permettra de tirer profit de cette situation. De plus, dans le cadre du positionnement financier et stratégique du Maroc au niveau continental et international, une enveloppe de 200 MDH sera consacrée à un fonds de promotion des exportations pour inciter les intervenants privés, notamment ceux qui travaillent dans l'export, à renforcer leur orientation vers les marchés africains. Le plafond des investissements dispensés de l'autorisation préalable de l'office des changes passera de 30 millions à 100 millions de dirhams. Un système financier à la pointe D'ailleurs, sur plan microéconomique le Maroc n'a rien à envier aux places financières mondiales dont certaines ont commencé il y a déjà un siècle. Doté d'un système financier et bancaire matures avec un volume de crédit à l'économie représentant 641 MdDH à fin août dernier, une banque centrale bien rodée dans le contrôle et la supervision du système financier marocain, une Bourse dont la capitalisation dépasse les 546 MdDH et des institutions bancaires qui se développent constamment à l'échelle internationale. Tous les ingrédients sont réunis pour la mise en place d'un tel projet ambitieux. Il convient notamment de rappeler que le dernier rapport Doing business 2011 de la Banque mondial a mis en exergue les réformes financières récentes menées sous la houlette de M. Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al Maghrib. Des réformes qui ont permis aux banques d'augmenter leurs prêts aux PME ou encore la publication de données détaillées sur les sociétés dans leurs bilans annuels. Ces changements positifs dans le système financier marocain ont fait que le pays a réussi un bond de 14 places par rapport à l'édition précédente, le plaçant ainsi à la 114è position sur 183 pays. Si le benchmark de la faisabilité du projet est concluante, le mode opérationnel et réglementaire demeure un challenge pour les pouvoirs publics. Seul gage de réussite de ce projet, la réglementation bancaire devra suivre et les incitations fiscales devront pousser les investisseurs à venir s'implanter dans les 320 ha qui serviront de bureaux pour la future place financière. Un positionnement attrayant Sur ce registre, Mezouar a présenté une batterie de mesures incitatives. C'est ainsi que les sociétés exportatrices de services seront exonérées de l'IS, pendant 5 ans avant d'être taxées à 8,75%. Pour les sièges régionaux ou internationaux, le taux de l'IS sera de 10%, avec un seuil minimal de 5% de leurs charges de fonctionnement. Egalement, le personnel des sociétés installées à CFC, non résident au Maroc, aura droit à un taux libératoire de 20% au titre de l'impôt sur le revenu (IR) à condition que la durée de résidence au Maroc ne dépasse pas les 6 mois. Si la phase réalisation des infrastructures menée par la CDG (Caisse de dépôt et de gestion) sera entamée sans difficultés, celle relative à la commercialisation et qui débutera dès 2011 est la plus décisive. En plus des incitations fiscales il faudra opérer un positionnement crédible grâce à un partenaire financier solide tout en proposant des produits financiers adaptés aux normes internationales. Sur ce registre, M. Saïd Ibrahimi, directeur de Casa Finance City n'a pas souhaité faire de commentaires. C'est dire que la question sensible du positionnement n'a pas encore été tranchée. Pour sa part Mezouar défend la position géostratégique du royaume et l'offre d'une fiscalité attrayante adossée à des ressources humaines performantes dans la finance. D'ailleurs, le Moroccan Financial Board, la société chargée de l'aménagement et de la gestion de Casablanca Finance City compte au sein de son conseil d'administration les principales institutions financières de la place, à savoir, Attijariwafa bank, la BMCE, la BCP, Bank Al Maghrib, la CDG, en plus de la Bourse de Casablanca dont le capital sera ouvert en vue de sa transformation en Bourse régionale. Faisant ainsi profiter la CFC de leur expertise ainsi que de leurs collaborateurs. Mohamed Amine Hafidi La place devrait générer 2% du PIB Dans une moindre mesure que les places financières de Londres ou de Dubaï, la future City de Casablanca aura un impact direct sur l'économie du pays. En chiffres c'est 2% du PIB qui devra être généré par la CFC qui devra contribuer à créer entre 35 000 et 55 000 postes d'emploi indirects, selon le ministre des finances Salaheddine Mezouar. La première tranche du projet s'étalera sur 100 hectares à Anfa et devra accueillir des entreprises financières et prestataires de services professionnels. Trois catégories d'entreprises pouvant bénéficier du statut de CFC. Il s'agit des entreprises opérant dans le secteur bancaire, de l'assurance, de réassurance et les sociétés de gestions d'actifs. En deuxième lieu, les sociétés exerçant dans le secteur de l'offshoring financier, les services informatiques et les services financiers spécialisés. La dernière catégorie d'entreprises CFC est composée par les sièges régionaux et internationaux assurant une activité de supervision et de coordination d'activités de services dans un ou plusieurs pays.