Le Festival International du Film de Marrakech a rendu, ce mardi 2 décembre, un vibrant hommage à l'actrice marocaine Raouya, figure incontournable du cinéma national, dont la carrière, marquée par des rôles puissants et une présence à l'écran inimitable, a profondément influencé plusieurs générations de cinéastes. Raouya est considérée comme un symbole du septième art marocain : une actrice dont le visage raconte les histoires avant même qu'elle ne parle, une interprète capable de donner vie à des personnages complexes, fragiles ou puissants, et une pionnière respectée par toute la profession. Sa trajectoire, enracinée dans le théâtre et consacrée par le cinéma, reflète l'évolution même du cinéma marocain, auquel elle apporte depuis plus de quatre décennies une profondeur et une authenticité rares. Formée au théâtre, où elle reçoit dès ses débuts un prix de meilleure actrice, elle revient sur le devant de la scène à la fin des années 1990 et s'impose au cinéma grâce à des rôles forts dans Les Trésors de l'Atlas, Les Yeux secs — qui lui vaut le Prix du Premier Rôle Féminin — Soif, Casanegra, Rock the Casbah ou encore A Mile in My Shoes, film pour lequel elle décroche plusieurs distinctions, dont le Prix de la Meilleure Actrice au Festival National du Film et aux JCC. Mounir Mehimdate Entourée d'émotion, l'actrice a livré un discours empreint de gratitude, suivi d'un témoignage fort du réalisateur Nour Eddine Lakhmari, qui a salué « un symbole du Maroc et de ses femmes ». Face à la salle comble du Palais des Congrès, Raouya a laissé parler une émotion sincère. L'actrice a d'abord tenu à exprimer sa gratitude envers « toute cette grande famille du cinéma », remerciant les artistes, les techniciens et toutes celles et ceux qui l'ont accompagnée au fil de sa carrière. « Je suis heureuse de partager ce moment avec vous, dans mon pays, sous l'ombre du Maroc et du Sahara », a-t-elle déclaré. Elle a ensuite adressé un message particulier aux réalisateurs et réalisatrices : « Merci pour la confiance que vous avez placée en moi, pour avoir permis à mes imaginaires d'exister sur les grands et les petits écrans ». Un hommage empreint d'humilité, fidèle à l'image d'une actrice qui a toujours mis son talent au service des histoires. Nour Eddine Lakhmari : « Raouya est un visage qui raconte tout » Le réalisateur Nour Eddine Lakhmari, qui a dirigé Raouya à plusieurs reprises, a livré un discours fort, saluant non seulement l'artiste, mais aussi la femme derrière les rôles. « Raouya, ce n'est pas seulement une actrice. C'est un symbole. Le symbole d'une artiste, d'une femme, d'un Maroc », a-t-il déclaré. Lakhmari a évoqué leur première rencontre sur un plateau, marquée par une phrase qu'il n'a jamais oubliée : « La meilleure scénographie, c'est le visage de l'acteur ou de l'actrice. » Et d'ajouter : « Avec Raouya, on comprend tout de suite que son visage raconte une histoire avant même qu'elle ne parle ». Mounir Mehimdate Évoquant leurs collaborations, il a rendu hommage à son courage, sa force et sa capacité à renaître malgré les difficultés : « Elle s'est relevée sept fois, peut-être davantage. Chaque fois plus forte. C'est l'histoire d'une femme courageuse, d'une artiste fière et vraie ». Lakhmari a conclu en la plaçant aux côtés de grandes figures du cinéma mondial : « Comme Irène Papas ou Claudia Cardinale, Raouya fait partie de ces actrices dont la présence laisse une trace». L'hommage rendu à Raouya s'est clôturé par une longue ovation du public. Un moment suspendu, à l'image de l'affection dont jouit l'actrice auprès de son public comme de ses pairs. Au-delà de sa filmographie, c'est l'endurance, l'authenticité et la dignité de Raouya qui ont été célébrées : celles d'une femme qui a marqué le cinéma marocain par sa vérité et sa force.