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Le néo-cadre se marie !
Publié dans Le temps le 18 - 04 - 2011

Enivré par les effluves de la démocratie, le néocadre prend pour épouse une jeune du 20 février.
Il a vu sa photo dans un magazine, cela a suffi pour attiser en lui les flammes de l'amour. Elle portait un t-shirt barré d'une inscription fort original «I don't need S**, the government F*** me everyday». Le néo-cadre en fut tout émoustillé. Habitué à fréquenter des nunuches formatées à la sauce bling-bling et très peu porteuses d'opinions intelligentes, il s'était dit qu'il avait débusqué là l'affaire du siècle. Alors, méthodiquement, il fit ses recherches. Facebook lui facilita la tâche et très vite, il se retrouva devant la demoiselle dans un établissement hum… hum insolite de la capitale économique : le café Excelsior. Elle était vive, espiègle et exsudait une sensualité toute de guévarisme pétri. Elle n'était pas insensible à ces charmes de néo-cadre propret, même que par à coups, elle subtilisa des regards gourmands en direction de sa montre Breitling Aviator D39. S'ensuivit une promenade bras dessus bras dessous le long de l'avenue des FAR. Elle était loquace, dissertait sur les bienfaits d'une révolution pour le pays, se remémorait des flashs de la manif du 20 février, parlait de cet esprit de corps si babacool, si woodstockien dont se caractérisent les jeunes, fustigeait le néolibéralisme, le libre-échangisme et expliquait moult arguments à l'appui que tel ministre ou tel autre n'était pas l'homme de la situation. Fasciné par la culture de la damoiselle, le néocadre eut, sur le moment, un élan inexplicable. «Veux-tu m'épouser ?» proposa-t-il. Elle dit oui. Il céda à un caprice qu'il jugea mignon sans plus et la cérémonie de mariage eut lieu au siège du PSU, rue d'Agadir. La journée fut festive. En guise d'orchestre, on eut droit à un chant protestataire : l'internationale socialiste interprétée au mégaphone et accompagnée d'un battement de tambours. Sur la photo officielle, on pouvait voir le couple, sourire Colgate et yeux pétillants posant devant une banderole frappée d'un «Ina Achhaaba Youridou Al Malakiya al Barlamanyaa». Le néocadre s'encanaillait, il aimait ça, casser les stéréotypes. Il possédait sa petite révolutionnaire nerveuse à lui et cela n'était pas fait pour lui déplaire. Pourtant, l'insoutenable légèreté de l'être dont devait se parer la vie de couple, a très vite viré au cauchemar. D'abord, il souffrit des interminables discussions constitutionnelles. Lui, un apolitique endurci, dut se farcir la dissection en règles de 108 textes de loi. Il était, à son grand dam, devenu incollable sur l'article 19 et consort.
Casse-tête chinois
Parfois, au bureau, il lui arrivait d'interrompre un débat sur la prééminence de Prada sur Cerutti avec un collègue consultant, pour évoquer l'épineuse question de la séparation des pouvoirs. Le néocadre devint à mourir d'ennui et ses camarades bling-bling le désertèrent. Ensuite, il eut à endurer les réunions du comité d'organisation des marches. Chez lui, dans son duplex au Triangle d'or, des amis à sa femme, dreadlocks, barbes fournis, t-shirts crasseux et tongs aux pieds, fabriquaient des slogans antisystème le spliff de circonstance au bec. L'un deux avait eu l'audace d'utiliser la housse de son Weston comme planque de shit. Bien sûr, le mariage ne comportait pas que des désagréments, la fougue révolutionnaire de la miss s'exprimant avec fulgurance en situation intime. Sauf que voila, au milieu de la nuit, la rebelle était victime de somnambulisme. Alors, fantôme errant dans l'obscurité de la chambre à coucher, elle entamait des rondes autour du lit et hurlait : «Khobz. Houriya karama insaniya». Pis, il n'y avait plus moyen de se pavaner sur un Transat au Baballoo Beach le dimanche, parce que le dimanche, naturellement, est jour de manif ! Malgré cela, le néocadre se faisait une raison, ne voulant guère gâcher l'idylle naissante. Cependant, le jour vint, ou sa manifestante échevelée commit l'impair qui tue. De visite chez ses parents et alors que pour saluer son père, le néocadre entreprit de lui faire le baisemain, la fiancée, soudain hystérique, bondit, arracha le bras de son beau-père et se lança dans un réquisitoire endiablé à propos de la dignité humaine. Ce fut la goutte. Le néo-cadre demanda le divorce et apprit qu'avec une certaine Moudawana, la séparation serait rude et que le cauchemar n'était pas près de s'achever. Misère.
Réda Dalil


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