Regragui et le chantier de la défense Depuis plus d'une décennie, le poste de défenseur central reste l'un des grands chantiers non résolus de la sélection marocaine. Entre blessures à répétition, baisses de forme et renouvellement de génération, la charnière centrale des Lions de l'Atlas n'a jamais réellement trouvé de stabilité. Et à quelques mois de la Coupe d'Afrique des Nations 2025, que le Maroc accueillera sur ses terres, le sélectionneur Walid Regragui est une nouvelle fois confronté à cette problématique persistante. En conférence de presse, tenue au Complexe Mohammed VI de football à Maamora, Regragui n'a pas caché ses inquiétudes, tout en cherchant à transformer les contraintes en opportunités. « Les matchs amicaux contre la Tunisie et le Bénin sont pour nous une occasion précieuse d'évaluer de nouveaux profils. Ils nous permettront de mieux cerner les qualités de chacun afin d'aborder la CAN avec plus de certitudes », a-t-il expliqué en substance. Mais pour expérimenter, encore faut-il avoir des joueurs disponibles. Or, la liste des absents est éloquente : Nayef Aguerd, Chadi Riad et Romain Saïss sont tous forfaits, tandis que Jamal Herkass n'a pas été retenu. Une situation qui laisse le sélectionneur avec très peu d'options expérimentées : « 90 % de nos défenseurs centraux sont indisponibles. Mais c'est aussi une opportunité. Cela nous pousse à tester de nouveaux éléments, à ouvrir le champ des possibles », a-t-il relativisé. Dans ce contexte, Regragui a dû élargir sa réflexion. Il a ainsi convoqué Omar El Hilali, Abdelkabir Abqar, Abdelhak Assal, Jawad El Yamiq, Adam Masina et Oussama El Azzouzi, autant de joueurs capables d'évoluer dans l'axe de la défense, même si ce n'est pas leur poste naturel pour certains. « J'ai rappelé El Azzouzi bien qu'il ne joue pas régulièrement à Bologne. Mais on n'avait pas le choix. Lors des Jeux Olympiques, j'avais suggéré à Sektioui de le repositionner en défense centrale, et cela avait bien fonctionné », a-t-il expliqué. « Aujourd'hui, on a cinq défenseurs centraux. L'objectif est de tester les différentes combinaisons et d'identifier la paire la plus complémentaire pour stabiliser cette ligne. » Car au-delà des absences conjoncturelles, le problème de fond reste inchangé : le Maroc peine à installer une charnière fiable et durable. Depuis la retraite progressive de Nourdine Naybet et Talal El Karkouri, aucun duo ne s'est véritablement imposé sur la durée. Et cette instabilité chronique devient un vrai point faible pour une équipe qui aspire à décrocher un titre continental à domicile. Malgré tout, Regragui se veut rassurant : « L'ossature de l'équipe nationale reste stable. Mais il est normal d'ajuster certains postes en fonction de la forme du moment, des blessures ou des choix techniques. » Et de conclure : « Pour gagner la CAN, il ne suffit pas d'avoir de bons joueurs. Il faut aussi une équipe soudée, portée par un public enthousiaste, et animée d'un esprit de la gagne (Niya) qu'il faut constamment entretenir. » Depuis son arrivée à la tête des Lions de l'Atlas, Walid Regragui a utilisé au moins 6 duos centraux différents sans parvenir à dégager une paire indiscutable sur la durée. Preuve s'il faut de cette instabilité persistante dans un secteur crucial.