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Kafala Les « kafiles » préfèrent les fillettes
Publié dans L'observateur du Maroc le 31 - 01 - 2013

Un garçon orphelin subit une double peine. Privé de sa famille biologique, il n'est pas le premier choix pour une famille adoptive marocaine, qui lui préfère une fille. Coup de projecteur sur ce véritable phénomène de société.
Par : Salaheddine Lemaizi
Après une longue procédure de Kafala, prise en charge d'un enfant orphelin par une famille dans le cadre judiciaire, Ikram et Said, de Casablanca, ont adopté un garçon, appelons-le Ayman. Adopté à l'âge de 6 mois, cet enfant avait une santé fragile. Le cas de ce couple est rarissime. Les enfants de sexe masculin ne sont pas les préférés des familles adoptives, encore moins les enfants atteints de maladies. Une sélection par sexe se déroule dans les centres de la protection de l'enfance, privant de nombreux garçons orphelins de la chance d'avoir une famille.
À la recherche de la perle rare
Dar Al Atfal Bernoussi à Casablanca accueille 256 garçons âgés entre 6 et 31 ans. Ces orphelins ont pour la grande majorité passé leur enfance à la Maison d'enfants Lalla Hasnaâ, seule structure dans le Grand Casablanca à accueillir les bébés et enfants privés de famille, de la naissance à l'âge de la scolarité. « Ces garçons vivent un vrai choc. Ils n'ont pas eu la chance d'être adoptés comme c'est le cas des filles », nous explique Driss Hamri, directeur de l'orphelinat de Sidi Bernoussi. Au choc de ne pas être adopté, s'ajoute celui du changement de lieu de vie, ce qui demande «un accompagnement psychologique», précise D. Hamri.
Cette situation fait que les parents marocains qui recourent à la Kafala cherchent la perle rare, une fille, de préférence en bonne santé. Fatima El Wafy, vice-présidente de l'association Ousraty, qui conseille les parents adoptifs explique cette situation par les idées reçues de la société. « Dans notre imaginaire collectif, la fille serait plus douce et plus attentionnée. Mais ce que personne n'ose dire publiquement, c'est que dans certains cas, adopter une fille c'est surtout pour avoir une main-d'œuvre gratuite, ce qui est horrible ! »
C'est également l'avis de Mohamed Saidi, directeur de l'association Nour qui gère le fameux orphelinat d'Ain Chock et la maison de filles, sis boulevard Moulay Idriss 1er à Casa : « Les familles adoptives ne cherchent pas des garçons. Elles veulent des filles et de manière exclusive ». Et d'ajouter : « Même les orphelinats rechignent à prendre de nouveaux garçons. Les établissements actuels sont pleins ». Même constat à SOS Village d'enfants Maroc. Basé sur le principe de familles mixtes, les 5 centres ont du mal à trouver des bénéficiaires filles. C'est ce que nous confirme, Béatrice Beloubad, directrice nationale de cette ONG :
«Des filles, il n'y en a tout simplement pas ». Ce décalage, entre filles et garçons en attente d'adoption, crée des trafics et favorise les affaires des « chasseurs » de petites filles.
Trafic de l'innocence
« Il y a très peu de bébés de sexes féminins qui arrivent aux orphelinats », constate Fatima-Zahra Alami, porte-parole du Collectif Kafala, composé des ONG SOS Village, Bébés du Maroc, Dar Atfal Al Wafae, Ousraty, la Fondation Rita Zniber et les Amis des enfants. « Dans les centres, les filles ne représentent même pas 10% des bénéficiaires pour 90% de garçons. En réalité, il y a un détournement en amont », insiste-t-elle.
Si on sait que les naissances au Maroc sont réparties à égalité entre les deux sexes, pourquoi une telle différenciation existe-t-elle dans les centres de la protection de l'enfance ? F.Z. Alami émet à ce sujet deux hypothèses. La première : « Les femmes enceintes abandonneraient moins les filles que les garçons. Sauf qu'il est difficile de vérifier cela car le phénomène est informel et on n'arrive pas à avoir des chiffres », regrette la présidente d'Ousraty. La deuxième est particulièrement inquiétante : « Les filles feraient l'objet d'un commerce qui aurait lieu dès la maternité, avec la complicité du personnel hospitalier et des réseaux intermédiaires entre les mères célibataires et les familles cherchant la perle rare ».
Cette deuxième éventualité est confirmée par des affaires qui ont éclaté ces deux dernières années. Des réseaux, très organisés, de trafics de bébés ont été démantelés en 2011 et 2012. Des procès ont eu lieu et les personnes inculpées ont été condamnées. Pourtant, ce traffic continue, comme le confirme le rapport « Le Maroc des mères célibataires » publié par l'Institution nationale de solidarité avec les femmes en détresse (INSAF).
Et pour ne rien arranger, de nouvelles directives données par le ministère de la Justice et des libertés sont venues compliquer la vie des futurs parents adoptifs et les garçons abandonnés. Le 19 septembre 2012, la circulaire n°40 S/2 de ce département, adressée aux procureurs des Cours d'appel et des tribunaux de première instance, somme ces derniers de refuser la Kafala « aux étrangers qui ne résident pas habituellement au Maroc » et de n'accepter que les demandes «des résidents d'une manière permanente sur le territoire national ». Nous avons contacté le ministère de la Justice pour avoir son avis sur ce sujet, notre demande est restée sans réponse.
En tout cas, plusieurs enfants devrait-être privés de familles adoptives dans les prochaines années. Surtout que « les kafils internationaux n'ont pas de préférence pour le sexe ou la couleur de peau. Ces familles viennent avec l'idée de former une famille et créer un projet de vie pour l'enfant », rappelle F.Z. Alami du Collectif Kafala. La circulaire n°40 S/2 et la préférence affichée pour l'adoption des enfants risquent de compliquer la situation des garçons abandonnés, qui vivent une situation peu enviable. Il n'y a qu'à voir les chiffres d'INSAF : Sur les 153 bébés naissant hors mariage chaque jour au Maroc, 24 sont abandonnés. Ces bébés sont adoptés pour la moitié d'entre eux, le reste est mis en institution et 5% de ces enfants se suicident !


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