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Salwa Karkari: "Nous posons aujourd'hui les jalons d'une nouvelle vision de la réglementation dans le domaine de la transformation digitale"
Publié dans L'observateur du Maroc le 11 - 11 - 2022

L'Observateur du Maroc et d'Afrique : le conseil de la concurrence a organisé une conférence internationale autour de la transformation digitale, entre régulation et compétitivité. Quels sont aujourd'hui les enjeux de cette transformation ? Et comment devrait selon vous évoluer la réglementation actuelle pour faire face aux nouveaux défis ?
Salwa Karkari Belkeziz : Pour un conseil jeune qui a été ressuscité depuis à peine 3 ans, nous avons surtout travaillé sur l'accélération des process sur les marchés classiques pour faire gagner du temps aux opérateurs. Aujourd'hui, nous sommes face à de nouveaux enjeux. Cette conférence internationale autour de la transformation digitale, entre régulation et compétitivité est une excellente initiative qui nous permettra d'anticiper les enjeux de la nouvelle économie basée sur l'économie numérique qui s'avère assez complexe. Les différentes panels et interventions d'experts nous ont permis d'apprendre comment aujourd'hui des pays où la longévité des conseils de la concurrence est plus longue, l'OCDE et l'Union Européenne ont mis en place des directives assez rapidement pour réguler ce marché numérique. Au Maroc, le marché numérique est en pleine évolution, surtout avec le nouveau modèle de développement qui a mis le numérique comme l'une des priorités du pays, ou encore la mise en place, pour la première fois, d'un ministère dédié pour le digital.
Nous pensons qu'avec cette dynamique, il faut anticiper l'avenir en tant que régulateur, d'autant plus que le marché numérique n'est pas comme les autres.
Justement, quelles sont les particularités de ce marché numérique ?
Le marché numérique se distingue par deux types de particularités. La première est la difficulté de définition d'un marché pertinent. Le conseil de la concurrence se base dans son travail sur un marché de ce type. Par exemple pour un promoteur immobilier, le secteur de la promotion immobilière est bien défini. Mais lorsqu'il s'agit d'une plateforme numérique qui évalue l'immobilier, son marché n'est pas uniquement l'immobilier mais d'autres types de marchés entrent en jeu comme celui des agences de l'immobilier, des banques qui financent, des annonceurs qui font de la publicité, ....On ne parle plus d'un seul marché pertinent. L'enjeu est de pouvoir définir le marché adéquat pour cette plateforme. La deuxième particularité porte sur l'internationalisation. Les marchés ne sont plus nationaux puisqu'une plateforme s'adresse au monde entier. Donc, il faudra savoir comment on pourra travailler avec les autres autorités de la concurrence des autres pays dans ce sens. La question est aussi de savoir si chaque autorité va lancer sa propre instruction ou il y aurait une instruction mondialisée dans ce domaine. C'est assez complexe, d'où la nécessité de s'y préparer dès maintenant. Même avec le retard enregistré, le Maroc pourra rapidement se rattraper et on pourra se retrouver devant des difficultés en matière de régulation dans un an par exemple. Il faut alors anticiper par la révision de la réglementation actuelle et en faisant surtout des efforts au niveau de l'accessibilité des données. Cette accessibilité est devenue cruciale aujourd'hui. Une startup par exemple ne peut se développer que si elle a accès à des milliers de données. Et les administrations, malgré les lois votées et adoptées, sont toujours réticentes à mettre la donnée à la disposition des startuppers. L'agence de développement du digital (ADD) est chargée de ce dossier d'Open Data. Et les choses iront certainement dans le bon sens.
Quel modèle préconisez-vous aujourd'hui pour le Maroc ?
Un modèle marocco-marocain. Il y a une grande différence par exemple entre le modèle américain et celui européen. L'américain est plutôt axé sur la libéralisation des énergies, et des données. La base c'est de surveiller et de taper très fort en cas d'abus. Le modèle européen , lui, consiste en la mise en place de barrières et compte sur la réglementation pour réguler. Le modèle marocain doit donc trouver un modèle qui tire à la fois des avantages des deux modèles. Et ceci est valable pour tous les secteurs surtout ceux BtoC qui s'adressent au client final.
Comment cette absence de partage de données peut impacter les marchés ? Et comment cela pénalise les startups ?
Si on prend deux entreprises concurrentes dans le même secteur. L'une a opté sur le digital. L'autre, non. La première a donc déjà un avantage concurrentiel important. Le conseil de la concurrence n'est pas contre une position dominante, mais plutôt contre une position qui empêcherait d'autres acteurs de pénétrer sur le marché. D'où l'importance de partage d'informations et de données. C'est le nerf de guerre actuellement.
Il ne faut pas aussi que des plateformes internationales viennent concurrencer des entreprises locales sur leurs marchés comme c'est le cas de Booking. Certes, on ne peut pas empêcher Booking d'opérer sur le marché marocain, mais il faudra par ailleurs accompagner les entreprises opérant dans le secteur du tourisme pour s'ouvrir à ces plateformes, mettre en place des partenariats bilatérales et surtout pousser les startups à innover.
La Société financière internationale (SFI) a noté que seulement 2% des financements adressés pour les startups africaines sont captés par le Maroc. Au moment où le pays est bien positionné sur le continent. S'il capte seulement cette partie, c'est parce qu'il y a absence d'environnement qui propulse les startups.
Les startups n'ont pas besoin de la mise en place d'une fiscalité particulière. Elles ont juste besoin de pouvoir accéder à la donnée publique brute qu'elles pourront structurer. Et cela ne coûtera pas cher à l'Etat. Plus les startups ont accès à ces données publiques, plus elles pourront perfectionner leurs algorithmes avec de l'intelligence artificielle.
Quelle est la place du consommateur final dans tout ce processus ?
Tout cela est bénéfique au consommateur. Par exemple, plus on libère des données, plus il y a de la concurrence, et plus le consommateur aura des choix au niveau de la qualité, des prix...Le consommateur n'est finalement pas un moyen mais il est plutôt l'objectif.
L'Union européenne a adopté de nouveaux règlements pour les plateformes numériques. Comment cela va impacter le marché local ?
Le Maroc sera certainement impacté par cette nouvelle réglementation. Dans le secteur de l'offshoring par exemple, les plus grands opérateurs européens travaillent au Maroc. Ils ont mis en place des plateformes, ont recruté des milliers de personnes et donc on sera obligé d'adapter notre réglementation avec celle de l'Europe d'autant plus que nous avons un accord de voisinage avec l'union.
Après cette conférence, quelles seront les prochaines étapes pour le conseil de la concurrence ?
Le conseil de la concurrence a déjà des partenariats bien établis avec les principaux régulateurs sont Bank Al Maghrib, l'ANRT, l'AMMC...Nous allons continuer à travailler sur le sujet avec ces partenaires mais aussi avec la banque mondiale, la commission de la concurrence au sein de l'OCDE...
La dynamique est enclenchée à travers cette conférence. Mais à mon avis, il faudra continuer. C'est un chantier très important que nous sommes en train d'ouvrir et qui va impacter la réglementation dans l'avenir, la stratégie gouvernementale dans le domaine digital...Nous posons aujourd'hui les jalons d'une nouvelle vision de la réglementation et de la régulation du secteur au Maroc.
Quelle est votre vision sur l'avenir de la transformation digitale au Maroc ?
Le Maroc a franchi des pas importants dans le domaine surtout avec la mise en place d'un ministère dédié au secteur. A mon avis, il est temps de mettre le turbo. Le département ministériel est en train d'élaborer une nouvelle stratégie avec consultation es citoyens..Je pense qu'il ne faut pas perdre plus de temps. La stratégie est déjà là. Et l'ADD a mis en place une feuille de route ambitieuse 2020-2026 Donc, on sait exactement ce qu'il y a à faire. Maintenant, il faut accélérer la mise en œuvre et travailler sur des chantiers comme celui de la pénurie des talents. L'alerte a été donnée il y a des années. Et nous avons même proposé des solutions simples et qui ne coûtent rien à l'Etat. Beaucoup de subsahariens font leurs études dans le domaine du digital au Maroc. Pourquoi alors ne pas placer ce métier parmi les métiers rares au niveau du ministère de l'emploi. Ceci permettra de faciliter le recrutement de ces subsahariens dans le domaine. Si l'Europe recrute les compétences marocaines, pourquoi ne pas faire la même chose avec les subsahariens au Maroc. Une mesure qui ne coûte rien, qui nous permettra de recruter des ressources, d'avoir des talents et de répondre à la demande.


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