Rabat a accueilli, les 13 et 14 mai, la première session du « EuroMeSCo Consultation Circle : Consulting Southern Partners », un rendez-vous stratégique pour dessiner les contours d'un nouveau Pacte pour la Méditerranée. Ce processus, soutenu par l'Union européenne (UE), l'Institut Européen de la Méditerranée (IEMed) et organisé en partenariat avec le Policy Center for the New South (PCNS), vise à renouveler en profondeur les relations euro-méditerranéennes à travers une approche plus inclusive, pragmatique et orientée vers les besoins réels des sociétés du Sud. Un moment de redéfinition stratégique « C'est un bon moment pour repenser nos relations en général, et c'est aussi un bon moment pour que les pays repensent leurs politiques », a déclaré Karim El Aynaoui, président exécutif du Policy Center for the New South, lors de la séance d'ouverture. Devant un auditoire composé de représentants politiques, d'experts, de diplomates et d'acteurs de la société civile d'Afrique du Nord, il a insisté sur l'importance d'une relation renouvelée, fondée sur des échanges francs, réguliers, et sur une reconnaissance mutuelle des acquis et des attentes. « Vous trouverez, de ce côté-ci de la Méditerranée, un appétit pour des discussions stratégiques », a-t-il ajouté. « Il y a un réel intérêt pour un engagement constructif sur divers sujets avec des partenaires ouverts, dans un format qui dépasse les simples consultations technocratiques. » Construire du concret Le Pacte pour la Méditerranée, qui s'inscrit dans le prolongement de l'Agenda pour la Méditerranée adopté en 2021, se veut une réponse aux défis multidimensionnels de la région : croissance économique, autonomisation des jeunes, durabilité environnementale, résilience climatique, mobilité. Pour Stefano Sannino, directeur général pour le Moyen-Orient, l'Afrique du Nord et le Golfe à la Commission européenne, l'heure est venue de sortir des logiques de stratégie théorique pour « créer un réseau d'initiatives concrètes, de projets tangibles capables de relier les pays entre eux ». « Ce que nous cherchons à savoir, c'est : qu'est-ce qui peut être réellement fait, de manière concrète, pour améliorer l'environnement général dans la région, entre le Nord et le Sud ? », a-t-il souligné. Sannino a mis en avant le rôle central des jeunes et la nécessité de concentrer les efforts sur des domaines comme l'énergie, l'économie verte, l'éducation, la culture, et la mobilité. Saluant l'engagement du IEMed dans ce processus, il a rappelé que ce cycle de consultations repose sur une volonté d'écoute : « Avant de rédiger un document, nous voulions écouter la région. Ecouter les pays, mais aussi les peuples. » Une méthode participative et progressive Ce premier cercle de consultation à Rabat marque le début d'un processus à plusieurs étapes. Deux autres sessions sont déjà prévues : la seconde se tiendra prochainement au Caire, et la dernière à Bruxelles. Ces étapes régionales visent à élargir la participation des partenaires du voisinage Sud, à recueillir leurs propositions, et à renforcer leur appropriation du futur Pacte. « Depuis 30 ans, EuroMeSCo est une plateforme clé qui relie les think tanks, les institutions de recherche et les décideurs politiques », a rappelé Senén Florensa, président exécutif de l'Institut Européen de la Méditerranée. « Grâce à des dialogues structurés et à des études de politiques publiques, elle contribue à construire des solutions fondées sur la connaissance. » Dans un contexte international marqué par des tensions géopolitiques, le dérèglement climatique, les défis sociaux et économiques, Florensa a souligné le rôle crucial de la coopération multilatérale et de l'expertise indépendante pour guider les choix politiques. « L'expertise et le dialogue sont plus essentiels que jamais », a-t-il insisté. Une vision commune pour les deux rives À l'horizon, la Commission européenne espère aboutir à une adoption conjointe du Pacte par les 27 Etats membres et les pays du voisinage Sud, à l'occasion du 30e anniversaire du Processus de Barcelone, en fin d'année. Une réunion ministérielle est d'ores et déjà prévue pour le 23 juin, en marge du Conseil des affaires étrangères, pour franchir une étape décisive. « Le présent et l'avenir des deux rives de la Méditerranée sont intimement liés. Notre sécurité et notre bien-être dépendent largement de ceux des autres », a résumé Stefano Sannino. C'est précisément pour répondre à cette interdépendance que le nouveau Pacte pour la Méditerranée entend proposer une coopération réinventée, ancrée dans les réalités régionales, fondée sur la confiance, et tournée vers l'action.