Impliquer les citoyens pour mieux lutter contre la corruption. C'est le fil conducteur de la rencontre régionale organisée samedi 14 juin 2025 à Kénitra par l'Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption (INPPLC), en partenariat avec l'association « Min Ajl Achabab » (« Pour la jeunesse »). « Cette rencontre s'inscrit dans une série de débats lancés à l'échelle nationale pour renforcer la culture de la transparence et promouvoir une citoyenneté active au service du développement durable », note un communiqué de l'INPPLC. Après une première conférence nationale à Rabat en février et une rencontre régionale à El Jadida en mai, ce troisième rendez-vous a rassemblé à Kénitra des acteurs de la société civile venus de plusieurs villes, des représentants de collectivités territoriales ainsi que des citoyennes et citoyens engagés. Engagement citoyen Dans son mot d'ouverture, le secrétaire général de l'INPPLC, Ahmed El Laamoumri, a rappelé que la lutte contre la corruption est une responsabilité collective, nécessitant une mobilisation de tous les acteurs, notamment les jeunes. Le responsable a souligné l'importance d'instaurer un climat de confiance, où chaque citoyen peut agir, proposer et interpeller les institutions. Dans ce même sens, le président de l'association « Min Ajl Achabab » a mis en avant les efforts déployés pour renforcer l'implication des jeunes à travers des outils pédagogiques, des formations et des campagnes de sensibilisation. Cette séance d'ouvertire a été l'occasion pour l'association « Min Ajl Achabab » de mettre l'accent sur les programmes visant à renforcer la transparence et la participation des jeunes à travers des initiatives citoyennes et des outils pédagogiques innovants. Citoyenneté active et jeunesse engagée La première session de la journée a porté sur les fondements de l'engagement citoyen, son rôle dans la gouvernance et les politiques publiques, et plus particulièrement sur l'implication des jeunes. Le représentant de l'INPPLC a rappelé que l'Instance, régie par la loi 46.19 et les articles 36 et 167 de la Constitution, constitue un maillon central dans l'arsenal institutionnel anticorruption. Il a insisté sur la nécessité de passer d'une citoyenneté passive à une implication concrète dans la définition et l'évaluation des politiques publiques. Du côté associatif, les intervenants ont insisté sur la capacité de la jeunesse à agir comme levier de changement à travers la sensibilisation, le plaidoyer, et la participation numérique et institutionnelle. Des obstacles persistent toutefois, comme le manque de formation, la lourdeur des procédures administratives et l'absence de canaux formels de dialogue. D'où la nécessité, selon les participants, de miser sur l'éducation civique et la digitalisation des outils de participation. Des mécanismes locaux à activer Plusieurs dispositifs participatifs ont été mis en lumière, dont l'outil des pétitions citoyennes. Le coordinateur de la commission locale de soutien aux pétitions à Kénitra a expliqué comment ces instruments permettent aux citoyens de passer d'un rôle de spectateur à celui de force de proposition. Un canal direct de communication entre les institutions et les populations, qui favorise transparence, redevabilité et prise de décision partagée. « Malgré leur potentiel, ces outils restent peu utilisés, freinés par la méconnaissance des procédures et le faible accompagnement des acteurs », déplorent cependant les intervenants. Autre levier évoqué lors de cette journée : Les mécanismes de consultation publique. Le coordinateur local a insisté sur leur rôle fondamental dans le renforcement de la démocratie participative, à condition de les institutionnaliser et de diversifier leurs formats : numériques, de terrain ou intégrés aux instances locales. Digitalisation anti-corruption La deuxième session a été marquée par l'intervention de la présidente de la commune de Kénitra, qui a salué cette initiative comme un espace de dialogue utile entre élus et société civile. Elle a réaffirmé son ouverture à la critique constructive et au partenariat avec les citoyens pour améliorer les services publics. Cette rencontre a été également l'occasion de présenter les mesures prises en matière de lutte contre la corruption, notamment à travers la digitalisation des services administratifs. « Un virage numérique qui vise à réduire les points de contact entre agents et usagers, à fluidifier les démarches, et à garantir un accès équitable à l'information », note un communiqué de l'INPPLC. Des journées portes ouvertes sont d'ailleurs prévues pour faire connaître ces dispositifs et accompagner les citoyens dans leur utilisation. Recommandations " Les échanges lors de cette rencontre ont montré une réelle attente en matière d'écoute et de reconnaissance des initiatives citoyennes", note la même source. Plusieurs questions ont été soulevées autour du manque d'implication des citoyens dans la gestion locale, mais aussi de la nécessité de créer des mécanismes plus accessibles et efficaces d'expression populaire. Au terme des débats, des propositions concrètes ont été formulées pour renforcer la confiance et l'engagement collectif. Parmi les recommandations émises : Développer des ateliers d'éducation citoyenne et à l'éthique, ciblant en priorité les enfants et les jeunes. Soutenir les initiatives en milieu rural, où les besoins en formation et en sensibilisation restent criants. Valoriser les acteurs publics intègres pour ne pas décourager les bonnes pratiques par des généralisations injustes. Garantir la compétence et la légitimité des membres des instances consultatives locales. Renforcer le rôle des écoles dans la transmission des valeurs de transparence et de probité.