À Séville, devant un parterre fourni de chefs d'Etat et de gouvernement, de diplomates, d'experts et de représentants de grandes institutions internationales, dont l'ONU, le Premier ministre malien Abdoulaye Maïga n'a pas mâché ses mots. Il a dénoncé les « sponsors étatiques étrangers » responsables, selon lui, de l'embrasement terroriste au Sahel, avec cette formule choc : « Les pays du Sahel font face depuis une décennie à un terrorisme qui leur a été imposé, caractérisé par une implication avérée de sponsors étatiques étrangers ». Si le nom de l'Algérie n'a pas été prononcé, tous les regards se sont tournés vers la délégation algérienne. Le torchon brûle, plus que jamais, entre le Mali et l'Algérie. Bamako reproche à Alger d'entretenir des liens troubles avec certains groupes armés du nord, soupçonnés d'accorder des protections aux groupes djihadistes dans la zone frontalière, exacerbant l'instabilité dans la région sahélo-saharienne. Les autorités maliennes critiquent de longue date le rôle de médiateur d'Alger, jugé partial et inefficace. Des tensions ont éclaté publiquement en février dernier, lorsque Bamako a dénoncé des « ingérences » de l'Algérie dans ses affaires intérieures, notamment à travers l'accueil et les rencontres avec des leaders touaregs sur le sol algérien, considérées par le Mali comme une atteinte à sa souveraineté. La déclaration d'Abdoulaye Maïga à Séville intervient dans un contexte marqué par une recrudescence des violences dans le nord du Mali, où les groupes liés à Al-Qaïda et à Daech multiplient les attaques contre l'armée malienne et les civils. Bamako estime que ces groupes bénéficient de complicités qui facilitent leur mobilité et leurs actions, désignant clairement l'Algérie comme le «sponsor» de cette instabilité. En choisissant la tribune internationale de Séville, le Mali entend porter ses griefs sur la scène mondiale, à un moment où le Sahel peine à mobiliser les financements nécessaires pour faire face aux défis sécuritaires, humanitaires et climatiques. La dénonciation de « sponsors étatiques étrangers » vise à alerter les partenaires internationaux sur la nécessité de conditionner l'aide au Sahel à un engagement sincère des Etats de la région dans la lutte contre le terrorisme, sans duplicité. Pour rappel, plusieurs rapports d'organisations internationales ont documenté les détournements répétés de l'aide humanitaire internationale au profit des milices du Polisario dans les camps de Tindouf, en Algérie. Ces détournements sont parmi les facteurs, selon Bamako et d'autres capitales africaines, qui maintiennent un climat propice à la prolongation des crises au Sahel.