Behrouz Ehsani, âgé de 69 ans, avait été arrêté le 6 décembre 2022 à Téhéran et transféré à la prison d'Evin, où il a été soumis à la torture. Mehdi Hassani, âgé de 48 ans, avait été arrêté le 11 septembre 2022 à Zanjan et transféré à la section 209 de la même prison, où il a également été torturé. Ils avaient été condamnés à mort sur la base d'accusations portées par le régime, notamment : « rébellion, guerre contre Dieu et corruption sur terre, appartenance à l'Organisation des Moudjahidines du peuple d'Iran (OMPI), collecte d'informations confidentielles et complot contre la sécurité nationale. » Louis Arnaud, otage français qui partageait la cellule de Behrouz Ehsani avant sa libération, a déclaré lors d'un discours place du Panthéon à Paris après sa libération : « Je n'ai jamais marchandé ma vie, et je suis prêt à sacrifier mon existence modeste pour la liberté du peuple iranien », a-t-il cité son compagnon de cellule Behrouz. Il a ajouté : « Ecoutons cette leçon de courage et exigeons ensemble l'annulation de cette sentence criminelle. » Dans la République islamique d'Iran, la prononciation et l'exécution de la peine de mort ne sont pas de simples décisions judiciaires. De telles peines ne peuvent être appliquées sans l'approbation finale du Guide suprême. Toute condamnation à mort – en particulier dans les affaires de sécurité nationale, politiques ou religieuses – doit être validée par le Guide suprême ou son représentant désigné avant d'être exécutée. Les articles 417, 418, 419 et 420 du Code pénal islamique précisent que les peines de qisas (représailles légales) ne peuvent être exécutées sans autorisation du Guide suprême ou de son représentant. En mars 2024, trois rapporteurs spéciaux des Nations Unies – Mai Sato (droits humains en Iran), Margaret Satterthwaite (indépendance de la justice) et Morris Tidball-Binz (exécutions extrajudiciaires) – ont publié une déclaration conjointe. Ils y ont exigé l'arrêt immédiat des exécutions de Behrouz Ehsani et Mehdi Hassani, dont les peines capitales avaient été confirmées par la Cour suprême malgré des procédures entachées de torture et d'aveux forcés. Le mardi 7 juillet, l'agence Fars, affiliée aux Gardiens de la Révolution, a publié un éditorial intitulé : « Pourquoi l'expérience des exécutions de 1988 doit-elle être répétée ? » Cet article décrivait le massacre de près de 30 000 prisonniers politiques à l'été 1988 – à la fin de la guerre Iran-Irak – dont 90 % étaient membres de l'OMPI, comme l'un des « plus grands honneurs de la République islamique ». L'auteur a conclu : « Il semble que le moment soit venu de répéter cette glorieuse expérience. » Stephen J. Rapp, ancien procureur en chef du Tribunal international pour le Rwanda et procureur spécial pour la Sierra Leone, a écrit dans une tribune publiée dans The Washington Post intitulée :« Le prochain massacre iranien se produit sous nos yeux » : « Le régime revient à ses tactiques les plus sombres et teste la volonté du monde à réagir. Je me sens obligé de dénoncer un schéma croissant de violations des droits humains en Iran – un schéma qui rappelle les chapitres les plus sombres de l'histoire de ce pays, et qui nécessite une réponse internationale ferme et durable. Il ne s'agit pas seulement de justice pour les victimes, mais aussi de la crédibilité du monde dans la prévention des crimes de masse. Si cette trajectoire se poursuit, le nombre d'exécutions en Iran en 2025 pourrait dépasser tout ce que nous avons connu – à l'exception peut-être de l'horreur de 1988, où environ 30 000 prisonniers politiques ont été exécutés sans procès. Leur seul "crime" était de croire en une opposition démocratique. Les soi-disant comités de la mort, responsables de ces atrocités, sont aujourd'hui glorifiés pour leur brutalité. » Par ailleurs, 314 experts internationaux en droits humains, lauréats du prix Nobel, anciens responsables de l'ONU et personnalités politiques ont lancé un appel urgent aux Nations Unies pour qu'elles prennent immédiatement des mesures afin de sauver Behrouz Ehsani, Mehdi Hassani et d'autres prisonniers politiques, et empêcher la répétition du massacre de 1988. En réaction à cette barbarie, Maryam Radjavi, présidente de la Résistance iranienne, a déclaré : « Nous appelons les Nations Unies, leurs Etats membres et tous les défenseurs des droits humains à réagir fermement à ce crime barbare. Les condamnations verbales ne suffisent plus – il est temps d'agir concrètement. »