Dans le bassin de la Moulouya, le nombre de procès-verbaux pour infractions au domaine public hydraulique a bondi de 51 en 2020 à 227 en 2024, selon l'Agence du bassin hydraulique. Cette progression reflète le durcissement de la surveillance, dans un contexte marqué par la rareté croissante de la ressource et les pressions liées aux activités humaines. Les provinces de Midelt, Boulemane, Taourirt et Guercif concentrent les infractions les plus nombreuses, alors que des zones comme Figuig, Nador et Jerada restent relativement épargnées. La tendance est similaire dans d'autres bassins. À titre d'exemple, l'Agence du bassin hydraulique du Bouregreg et de la Chaouia a enregistré en 2024 pas moins de 460 infractions, contre seulement 97 en 2023. Ces infractions concernent principalement le forage de puits et le prélèvement d'eau souterraine sans autorisation, le non-respect des débits fixés par les permis ou encore la construction sur le lit des cours d'eau. Ce phénomène n'est pas nouveau : la Cour des comptes avait déjà révélé en 2018 l'existence de plus de 102.000 préleveurs non autorisés. Depuis, la situation s'est aggravée, un article de 2022 évoquant même l'existence de 230.000 puits illégaux. La "police de l'eau" en première ligne Face à ces dérives, la "police de l'eau" est en première ligne. En 2023, plus de 4.000 cas d'empiètement sur le patrimoine hydraulique de l'Etat ont été déférés à la justice. Les patrouilles se sont multipliées, agissant à la fois sur la base de programmes des agences de bassins et sur signalements locaux. Le roi Mohammed VI lui-même a rappelé, en juillet 2024, la nécessité de renforcer ce dispositif et de protéger rigoureusement le domaine public hydraulique. Le cadre juridique, porté par la loi 36-15 sur l'eau, prévoit des sanctions administratives et pénales allant de lourdes amendes à des peines d'emprisonnement. Parallèlement à la répression, des mesures préventives et de sensibilisation sont mises en œuvre : restrictions d'usage dans certaines régions, campagnes d'information, et investissements massifs dans le dessalement et la réutilisation des eaux usées pour réduire la pression sur les nappes phréatiques.