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Prostitution Renversantes réalités
Publié dans L'observateur du Maroc le 22 - 03 - 2010

Les chiffres de l’enquête menée par l’Organisation panafricaine de lutte contre le sida (Opals-Maroc) et dévoilés récemment lors d’une journée d’étude organisée par le forum Ezzahra pour la femme marocaine au sujet des travailleuses du sexe et des maladies sexuellement transmissibles tirent la sonnette d’alarme. Les résultats choquent mais mettent à nu ce que la société tente de dissimuler. En proie à de nombreux aléas, les enfants sont de plus en plus concernés par la prostitution… et les MST ! De telles données jettent la lumière sur une enfance victime de conditions familiales difficiles, de pressions psychiques, d’exploitation sexuelle ou encore d’un mariage précoce raté.
Sur un échantillon de 500 travailleuses du sexe ayant fait l’objet de cette enquête, 32.6% ont entretenu leur premier rapport à l’âge de 6 ans, 59.4% ont été payées pour la première fois entre l’âge de 9 et 15 ans et 90% des interrogées déclarent avoir intégré le monde de la prostitution avant l’âge de 20 ans. Menée dans les régions du Moyen Atlas, Souss et Rabat, l’enquête révèle que la prostitution des enfants et des mineures est plus répandue à Meknès, Beni Mellal, Azrou, El Hajeb, et moins à Rabat.
13% de l’échantillon sont des petites filles vierges qui proposent sodomie, fellation ou encore «coups de pinceaux» à la-va-vite. «La prostitution des mineures menace désormais les bases de la société» constate Boutaina Karoui, présidente du forum Ezzahra pour la femme marocaine dans un entretien. Cette catégorie représente un terrain fertile pour les MST, pensant que la transmission du virus n’est possible que par pénétration et ne prenant donc jamais de précautions. Le chiffre est effarant ! 43.5% des prostituées ne se protègent pas. Les raisons de ce délaissement diffèrent mais le danger est là. Entre refus courant d’utiliser le préservatif chez les clients et l’absence de campagnes de sensibilisation, le coût trop élevé des moyens de précaution ne remédie pas à la situation. Trois préservatifs coûtent aujourd’hui 20 dirhams, «un luxe» que les professionnelles du sexe ne peuvent se permettre. Par ailleurs, lors de campagnes de ratissage de la police, un préservatif dans le sac à main d’une fille est une preuve que celle-ci se livre à la prostitution. De quoi jeter le préservatif aux oubliettes… et loin de son sac. Selon les chiffres du contrôle périodique pour l’année 2007, les travailleuses du sexe sont les plus touchées par le Sida. Certains facteurs inhérents à leur métier en font une catégorie particulièrement vulnérable comme le sentiment d’insécurité, l’autorité de l’homme qui a souvent le dernier mot quand il s’agit de la contrepartie financière, la pauvreté, l’analphabétisme…
«Chikha» au lieu de «prostituée»
234 des travailleuses du sexe interrogées dans le cadre de l’enquête menée sont âgées entre 21 et 25 ans et entre 26 et 30 ans. 81 cas sont âgés entre 16 et 20 ans. Sans oublier les enfants qui ne dépassent pas l’âge de 15 ans et qui ont déjà investi le métier. Selon Azzouz Ettaoussi, membre de l’équipe de recherche et psychosociologue de l’Opals, la femme jouit pendant sa jeunesse d’une attraction physique et autonome par rapport à sa famille. Il constate le faible taux de travailleuses du sexe âgées entre 36 et 45 ans dont l’état sanitaire et physionomique est détérioré à cause des méfaits de l’alcool, de la drogue et de la veille. Les plus chanceuses d’entre elles se convertissent en proxénètes ou deviennent propriétaires d’appartements qu’elles louent à de jeunes prostituées. Parmi les interrogées, 46.5% vivent hors familles, soit avec un partenaire, soit avec d’autres femmes prostituées, soit avec une proxénète dans des maisons closes ou toutes seules. Dans certains villages du Moyen Atlas, les habitants cohabitent avec le phénomène en faisant preuve de moins de discrimination et de stigmatisation que dans d’autres régions. Ainsi, pour désigner une travailleuse du sexe, on emploie le mot «chikha» au lieu de «prostituée». C’est que la prostitution constitue une ressource économique pour ces villages noyés dans la pauvreté. En effet, 226 femmes de l’échantillon affirment avoir des enfants à charge. Alors que le prix de la passe ne dépasse pas, dans le meilleur des cas, 50 dirhams, il ne leur reste qu’une misérable somme une fois qu’elles paient les frais de loyer et de nourriture aux personnes à leur charge. Sur la question du logement, les travailleuses du sexe craignent qu’elles soient reconnues. C’est ainsi qu’elles restent très discrètes et vigilantes quand il s’agit de dévoiler leur identité. Elles changent souvent de nom et cachent le lieu de résidence de leurs parents. 47.9% de l’échantillon affirment être issues de la même ville ou village où elles travaillent, 31.4% déclarent provenir d’une autre ville et 20.7 d’une autre campagne. La province de Beni Mellal vient en tête des villes en matière d’immigration des travailleuses du sexe arrivant de la campagne tandis qu’Agadir occupe la tête du classement des villes attirant des prostituées des autres villes.
Hétérogénéité
Et en cas d’apparition de symptômes d’une maladie sexuellement transmissible ? La moitié des interrogées préfère voir un médecin privé et 10% seulement optent pour la médecine traditionnelle ou à l’automédication. Selon Nadia Bezad, présidente de l’Opals, il y a chaque année 600.000 nouvelles infections sexuellement transmissibles. Les travailleuses du sexe font peu de cas de leur santé. L’enquête relève que ces femmes considèrent le corps comme une entité séparée de leurs personnes, comme une propriété publique même. Sauf qu’elles savent très peu sur les IST et le Sida. Par ailleurs, la situation familiale de l’échantillon interrogé est souvent indexée. Certaines familles sont même complices ! 483 interrogées révèlent entretenir des rapports sexuels avec un nombre allant jusqu’à 50 clients au cours de la semaine. 39.5% de l’échantillon sont divorcées, 4% sont mariées et se prostituent souvent en cachette pour subvenir aux besoins de la famille. Cette dernière catégorie se trouve principalement dans la région d’Agadir. Dans un autre contexte, l’enquête met en lumière le niveau intellectuel de l’échantillon. 31.5% des femmes interrogées n’ont jamais enjambé le seuil d’une école, 32.5% ont atteint le collège ou le lycée et 21.1% sont arrivées à l’enseignement supérieur. Cette dernière catégorie qui représente 4.8% de l’échantillon concerne principalement Rabat et Salé. Selon A. Ettaoussi, ce résultat indique une mutation dans la structure de la prostitution. Le commerce du sexe n’étant plus limité aux femmes au niveau d’études bas grâce aux transformations intellectuelles qu’a connues l’université, les changements de la société marocaine, l’augmentation du taux des diplômés chômeurs, de nombre de divorces et des familles prises en charge uniquement par des femmes. Et si 261 travailleuses du sexe interrogées sont prêtes à abandonner «le plus vieux métier du monde», 47% de l’échantillon déclarent que la prostitution est un choix. Pour 52.8%, il s’agit d’un travail provisoire. Mais pour 233 interrogées, l’activité est permanente. La majorité de cette catégorie réside dans les régions de Fès et Meknès et 55% à Beni Mellal. Et au psychosociologue d’ajouter que les travailleuses du sexe ne forment pas une catégorie homogène. Loin des chiffres flagrants et des résultats choquants, l’enquête de l’Opals souligne que la travailleuse du sexe, avant de le devenir, est une personne qui a sa personnalité, ses relations sociales et sa conception de l’environnement. Se rappeler de ces facteurs est essentiel pour comprendre le rejet du préservatif par exemple, l’indifférence aux IST ou le refus de se faire dépister.


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