ONU : Le Panama réaffirme son soutien à l'initiative marocaine d'autonomie pour le Sahara    Joe Wilson salue les liens de coopération et d'amitié historiques liant le Maroc et les Etats-Unis    Toyota Maroc renforce sa position sur le marché grâce à l'hybride (VIDEO)    Coupe intercontinentale : Pyramids bat Al-Ahli et poursuit son parcours    Le général Mohammed Berrid reçoit son homologue nigérien Moussa Salaou Barmou à Rabat pour des entretiens de haut niveau    Nueva fábrica WhAP: Un hito en los lazos de defensa entre India y Marruecos    New WhAP plant crowns India–Morocco defense ties, pushes the Kingdom's homegrown industry plans    Bank Al-Maghrib maintient son taux directeur inchangé à 2,25%    Défense : Inauguration à Berrechid de l'usine TATA    IFTM 2025 : Le Maroc en force au Salon du tourisme à Paris    Intelligence artificielle : SNRTnews franchit un cap    La Bourse de Casablanca perd du terrain à la clôture    USA: Trump signe un décret classant le mouvement Antifa comme "organisation terroriste"    Sahara : Le Paraguay reconnaît la souveraineté du Maroc et envisage l'ouverture d'un consulat dans les provinces du Sud    Stade Prince Moulay Abdellah : une nouvelle « perle architecturale » qui illumine Rabat    L'usine de blindés à Berrechid renforce le partenariat Maroc-Inde    Bourita réaffirme à New York, lors d'une rencontre avec De Mistura, les constantes du Maroc concernant la question du Sahara    SM le Roi ordonne la prise en charge du traitement d'une Marocaine agressée dans un hôpital en Inde    Arrestation à Casablanca d'un ressortissant français sous mandat international    Maroc Telecom rétablit l'ensemble des services au centre technique régional de Marrakech    Casablanca accueille la 11e édition des Rencontres Chorégraphiques    El País vante les charmes et les attraits touristiques de 8 villes marocaines    (Faites) du Cinéma : 60.000 spectateurs seulement, le grand écran en quête de son public    MOGA 2025 : 5 jours de fête, 5 scènes et 16.000 festivaliers attendus à Essaouira    El Jadida: Dons Royaux aux mausolées Moulay Abdellah Amghar et Moulay Bouchaïb Reddad    Révocation de la citoyenneté espagnole d'un Marocain trois ans après son attribution    Interview avec Ali Bourni : « La participation des MRE aux législatives françaises doit être renforcée »    La Kéchoise 2025 : course 100 % féminine et solidaire revient à Marrakech du 2 au 5 octobre    Quand l'imagerie médicale interroge l'âme et la cité    Eaux souterraines : Nos nappes phréatiques sous pression des nitrates    Ballon d'Or Féminin 2025 : Le Palmarès    Foot national féminin / D1 – J2 : l'AS FAR remporte le Clasico féminin    Liga : début de la J6 ce soir    Maroc - Inde : D'anciens adversaires à alliés    23rd L'Boulevard packs in 40,000+ visitors in four days    Avec «Consogrammes», Sara Ouhaddou célèbre l'artisanat du Maroc et du monde    Mohamed Harakat : "La notation n'est pas une finalité en soi"    WCIC 2025 : plus qu'une course, une vitrine pour Casablanca    Algérie : luttes de pouvoir et fractures au sein de l'armée après la fuite de Nacer Djen et l'arrestation d'Ali Oulhadj    Commerce mondial : le Maroc parmi les membres fondateurs du Partenariat FIT    Conjoncture : le pouvoir d'achat toujours sous pression    Dislog Group partenaire du Casa Music Show et du Casa Fashion Show    Nasser Bourita meets UN Envoy Staffan De Mistura in New York to discuss Sahara issue    Maroc : Le 1er Rabii II de l'an 1447 de l'Hégire correspond au mercredi 24 septembre 2025    Achraf Hakimi rate le Ballon d'or et termine à la 6e place    Les pays de l'AES rompent avec la Cour Pénale Internationale    «La migration est trop souvent politisée», a déploré Bourita à l'ONU    Grottes de Kizil : le joyau de la Route de la Soie renaît sous l'impulsion de la génération Z    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Marrakech Biennale 2016 – L'art comme moyen de résistance culturelle.
Publié dans L'observateur du Maroc le 24 - 02 - 2016


‘Du 24 février au 8 mai 2016'
‘La grande messe de l'art contemporain revient en force à Marrakech. Pour sa 6e édition, la biennale commissariée par Reem Fadda, a choisi pour thème « Quoi de neuf là », un sujet qui questionne sur la manière dont l'art est utilisé, dans sa dimension formelle, comme moyen de résistance culturelle.'
Depuis sa création en 2005 par Vanessa Branson, la biennale de Marrakech ayant pour mission de construire des ponts entre les cultures au moyen des arts et la promotion du dialogue et la diversité artistique, vise encore une fois via son programme, l'excellence artistique et la rigueur intellectuelle. Gagnant ainsi en maturité, la manifestation d'envergure devient au fil des ans, une plateforme incontournable de l'art contemporain en Afrique, au Moyen-Orient et dans la région méditerranéenne.
L'exposition principale qu'abritent les sites historiques de la médina, Palais El Bahia et Palais El Badii, met en lumière des projets artistiques originaux et des idées audacieuses voire provocatrices, qui répondent plus que jamais aux urgences socio-politiques, représentatifs de l'« art vivant » – un art au service du peuple et de la société, un art qui s'interroge sur lui-même et qui répond à lui-même », selon Fadda qui a rappelé la nécessité d'une prise de conscience civique pour engendrer un mouvement d'actions et de réactivités.
Explorant des formes esthétiques et poétiques, les œuvres choisies abordent
des notions de nouveauté, d'originalité et d'avancement dans un contexte régional qui s'étend de l'Afrique à l'Asie. A travers une approche pluridisciplinaire, la programmation réunit ainsi les œuvres d'artistes issus du Monde Arabe, de la Méditerranée et de l'Afrique subsaharienne dans une cité qui a fait l'objet d'une exploration artistique pendant des siècles, Marrakech, « un lieu privilégié » qui incarne selon Fadda, « le cœur vrombrissant de l'Afrique et du Monde arabe ». Un constat partagé par le président exécutif de la biennale, Mohamed Amine Kabbaj qui a dédié cette édition à la photographe Leïla Alaoui, en rappelant que le Maroc, situé au carrefour entre l'Occident, l'Islam, et l'Afrique, a toujours été un pays ouvert, tolérant et moderne qui a su pendant des siècles, mettre en valeur sa culture traditionnelle.
Utilisé comme moyen de résistance culturelle, l'exposition principale met en exergue ainsi la démarche par laquelle les idées, allant de l'abstraction et du minimalisme ( sculptures et auto-portraits de Khalil El Ghrib, palais El Bahia ) au recyclage (through patches of wheat, corn and mud d'Oscar Murillo, palais Bahia), au junk art et aux méthodes de subsistance créatives, sont de plus en plus omniprésentes compte tenu des expériences passées et présentes qui s'y sont déroulées. Les œuvres exposées s'intéressent aussi à l'héritage de la décolonisation ainsi qu'à ses échecs, qui constituent l'un des points d'ancrage ayant poussé l'art contemporain vers la provocation, l'esprit critique et la radicalité. Le projet curatorial se réfère ainsi à des mouvements artistiques à l'origine de plusieurs influences et tendances artistiques tels que les mouvements d'union pan afro-arabe et afro-asiatique et étudie de manière critique les projets socio-politiques, les échanges culturels et les provocations intellectuelles.
Les vidéos de Kader Attia présentées au palais El Bahia, intitulée Reason's Oxymorons, interrogent justement les conséquences du colonialisme européen et des appréhensions de la culture contemporaine qui en ont découlé et montrent comment la notion de « réappropriation culturelle » peut constituer une méthodologie voire un mécanisme de recyclage délibéré de la narration de la culture, pour réinscrire dans l'histoire les normes manquantes de la modernité esthétique marginalisées par le colonisé.
Un des pojets qui interpèle également le visiteur dès qu'il investit les lieux du somptueux palais Bahia, est sans doute celui de la curation de Salma Lahlou et Fatima-Zahra Lakrissa, sur le mouvement artistique d'avant-garde de l'Ecole de Casablanca dans les années 60, et notamment le travail expérimental de Farid Belkahia, Mohammed Chabâa et Mohammed Melehi, qui se présente comme une version « contaminée » de la modernité tardive, dont la spécificité réside dans sa capacité à mettre simultanément en oeuvre deux conditions paradoxales: l'accomplissement de la nouveauté et le constat critique de son épuisement.
Parmi les projets alliant « passé » et « présent », on trouve les interventions curatoriales d'Omar Berrada. Présenté au Palais El Bahia et ayant pour thème Jeux de mémoires : Ahmed Bouanani aujourd'hui, la curation est un projet pluriel autour du travail et des archives du penseur et cinéaste Ahmed Bouanani méconnu de la modernité littéraire et artistique marocaine; qui comprend notamment les extensions sculpturales du corps (bijoux, masque, vêtement....) de Sara Ouhaddou, réalisées à partir de formes extraites des dessins et de personnages tirés des contes traditionnels de Bouanani dans les années 60 ; les drapeaux de Yto Berrada sur l'autheticité et la contrefaçon, « Majdoub Flag », une série d'oeuvres en textile produites à partir de tissus provenant d'intérieurs bourgoies marocains, et prenant pour point de départ les poèmes de Majdoub, célèbre troubadour nord-africain Majdoub, sur l'authenticité, la contrefaçon. Ainsi que l'installation originale « Tagant » de Mohssin Haraki, une sorte de forêt qui respire de 87 ampoules sur lesquelles sont inscrits des titres de manuscrits d'Ahmed Bouanani. Harraki y rejoue la découverte de l'archive immense de Bouanani, sa fragilité et sa survie dans le temps.
Pour ce qui est des œuvres phares exposées au palais El Badii, on retrouve les céramiques de Rachid Koraïchi, qui explore l'écriture des caractères (arabe, sumérien, hébreu, chinois, Tifinagh), comme un "alphabet de la mémoire", et l'utilise non seulement pour sa vision esthétique mais aussi pour diffuser son message sur la co-existence, la tolérance, et la persévérance. A ne pas manquer également, l'œuvre monumentale du ghanéen El Anatsui, créée spécialement pour la biennale intervenant dans le paysage et le tissu urbain de la ville. Par sa présence monumentale sur l'une des façades du Palais El Badii, Kindred Viewpoints s'érige en manifeste du thème de la Biennale, questionnant ainsi ce qui est neuf et présent.
En utilisant des éléments naturels, comme le bois et la céramique, ou plus récemment les déchets, Anatsui s'intéresse au recyclage et à la récupération des détritus des humains afin d'interroger les problématiques de consommation, de labeur, d'environnement et de colonialisme. Par un processus créatif collectif, ses oeuvres transforment les débris de mécanismes sociaux et géopolitiques en présences poétiques envoûtantes.
Toujours au palais El Badii, l'installation impressionante de Fatiha Zemmouri intitulée À l'abri... de rien ne laisse personne indifférent. Un rocher énorme, comme une météorite, en polystyrène et en plâtre, coincé entre deux murs au bout d'un couloir étroit nous rappelle notre fragilité dans un monde plein d'incertitudes et d'insécurité. Planant au-dessus des têtes, il rappelle une histoire ancienne et des temps géologiques. Néanmoins simultanément, notre conscience et notre attention sont projetées en avant : une issue potentielle et soudaine est pendue affreusement proche.
A l'instar des palais El Bahia et El Badii, la Biennale investira principalement trois autres lieux historiques de la médina de Marrakech, notamment la mosquée de la Koutoubia, Dar Si Saïd, et le Pavillon de la Ménara. Une sélection de projets partenaires et parallèles (Street art) seront également présentés dans toute la ville.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.