La radiologie est-elle seulement une science de l'image ? Ou bien est-elle devenue, sans qu'on s'en rende compte, une fenêtre philosophique sur le corps, sur l'homme, et même sur la société ? Des images qui changent notre rapport au corps Depuis la découverte des rayons X par Wilhelm Röntgen en 1895, la médecine n'a plus jamais été la même. Pour la première fois, l'homme pouvait voir l'invisible, pénétrer la chair sans la blesser, lire l'anatomie comme on lit un livre ouvert. Le philosophe Michel Foucault, dans Naissance de la clinique, avait prévenu : « Le regard médical n'est pas seulement un acte de voir ; c'est un acte de pouvoir. » n révélant les secrets les plus intimes, l'image radiologique ne se contente pas de diagnostiquer : elle redéfinit la frontière entre le visible et l'invisible, entre l'intime et le public. Un célèbre radiologue indique que : « Chaque cliché radiologique est un morceau d'identité. Il ne montre pas seulement une lésion, il raconte l'histoire silencieuse d'un patient, de sa douleur et de sa dignité. » D'une salle d'examen aux arènes politiques Avec l'IRM fonctionnelle, capable de cartographier nos émotions et nos pensées, la médecine a franchi une étape décisive. La neuro-imagerie soulève des questions troublantes : pourra-t-on demain prouver une culpabilité par l'image ? Détecter un mensonge par le scanner ? La juriste américaine Nita Farahany alerte : « Nous avons besoin d'un droit à la liberté cognitive avant que l'Etat ou les entreprises ne colonisent nos cerveaux. » Mais la philosophe marocaine Fatima Mernissi, qui a tant écrit sur le corps et le pouvoir, nous rappelait que : « Tout regard sur le corps est aussi un projet de société. » Les parlements du monde s'interrogent : légiférer ou attendre ? Protéger la « vie privée neuronale » ou laisser la science avancer sans frein ? L'ombre éthique des nouvelles technologies L'intelligence artificielle, désormais capable de surpasser certains radiologues dans l'interprétation d'images, introduit un nouvel acteur dans le colloque singulier médecin-patient : la machine. Hans Jonas, philosophe de la responsabilité, avertissait déjà : « Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d'une vie authentiquement humaine sur terre. » Au Maroc, plusieurs radiologues avertissent : « L'algorithme ne connaît pas le regard humain. Il ne sait pas ce que signifie tenir la main d'un patient inquiet avant de lui annoncer un diagnostic. » Le vertige de la médecine prédictive La médecine prédictive peut annoncer un cancer dix ans avant son apparition. Le philosophe et chirurgien Atul Gawande nous rappelle : « Informer un patient, ce n'est pas lui jeter une vérité brutale ; c'est lui donner les moyens de vivre avec cette vérité. » Des chercheurs marocains qui travaillent sur la bioéthique insistent sur le fait que : « Nous devons construire une pédagogie de l'annonce. Sinon, nous remplaçons la maladie par l'angoisse. » Un débat qui dépasse les murs de l'hôpital Les différentes découvertes médicales, notamment radiologiques questionnent notre liberté, notre intimité et notre humanité. L'écrivain Paul Valéry écrivait : « Ce que nous appelons réalité n'est qu'une certaine façon de voir le monde. » L'imagerie médicale a changé cette façon de voir. Elle nous offre un miroir sans concession, mais nous oblige à nous poser cette question : Sommes-nous prêts à tout voir, à tout savoir, à tout assumer ? Car, il faut garder à l'esprit que : « Le progrès médical ne doit pas nous aveugler. La technologie n'est qu'un outil ; la finalité reste l'homme, avec ses fragilités et son droit au mystère. »