Le nouveau Chef des armées françaises l'Inspecteur général des FAR    L'Humeur : Le disque, ce cher microsillon...    Batteries électriques : Zhongwei et COBCO (Al Mada) sécurisent un prêt syndiqué international pour leur projet au Maroc    Trump signe un décret renommant le département de la Défense en "ministère de la Guerre"    Un festival offensif à Rabat propulse le Maroc vers sa 7ème Coupe du monde    (Qualifications au Mondial-2026) Walid Regragui : « Notre tactique a bien fonctionné, l'essentiel est la qualification »    Un nouveau prétendant en Liga courtise Hakim Ziyech    Ligues UEFA : le Maroc en force avec 46 joueurs engagés    Classement FIFA : Les Lions de l'Atlas à l'affût de la 11e place mondiale    Arrestation de six individus impliqués dans un braquage en France    Parlement 2025 : Une législature décisive pour les sans colliers [INTEGRAL]    Permis d'habiter : le ministère de l'Intérieur enquête sur des fraudes dans plusieurs communes    Bourse de Casablanca: Le volume des échanges atteint 2,1 milliards de dirhams    Sahara marocain : Washington réaffirme son soutien au plan d'autonomie avant l'échéance d'octobre    La Mauritanie trace ses lignes rouges face aux dérives du polisario    La presse argentine parle d'une "nuit magique" après le match Maroc-Niger    Maroc-Niger : la fête gâchée par des débordements    Coordination avec Interpol et la police marocaine : l'Indonésie expulse un Marocain recherché pour crimes violents et enlèvement d'enfants    Aéroport Al Hoceima: Hausse de 7% de passagers à fin août    Violence choquante à Saint-Denis en France : un policier français gifle un jeune d'origine arabe et lui crache au visage, provoquant une vague d'indignation    Laâyoune: Une conférence aborde la santé et l'innovation en Afrique    CAN 2025 : un pari sur la rentabilité et l'image du Maroc    Waly Dia : "Une Heure à Tuer", un spectacle coup de poing entre humour et conscience    Washington réaffirme que l'autonomie sous souveraineté marocaine est l'unique issue pour le Sahara    Sahara : Trump advisor reaffirms US position to De Mistura    El Rey Mohammed VI ordena al Consejo Superior de Ulemas emitir una fatwa sobre el Zakat    Un rapport américain révèle comment certaines figures de la gauche occidentale se sont retrouvées impliquées dans l'agenda déstabilisateur de l'Iran via le Polisario    Maroc: Une délégation du Sénat kényan explore les opportunités de coopération à Dakhla-Oued Eddahab    Tanger : Lancement de la Stratégie nationale pour la conservation des rapaces    Le roi Mohammed VI accorde sa grâce à 681 condamnés à l'occasion de l'Aïd Al Mawlid Annabawi    Zakat. S.M. le Roi ordonne au Conseil Supérieur des Oulémas d'émettre une fatwa exhaustive    Maroc et Sahara : Townhall dévoile l'alliance inquiétante entre le Polisario et l'Iran    Xi Jinping et Kim Jong Un réaffirment la solidité de l'alliance stratégique entre la Chine et la Corée du Nord    Le Mali saisit la Cour internationale de justice contre l'Algérie pour la destruction d'un drone    Le dirham se déprécie légèrement face au dollar et à l'euro    Le Maroc enregistre la plus forte expansion du marché du tabac manufacturé en MENA avec +15,5 % par an et 80 % de la production    David Beckham fête ses 50 ans à Marrakech    Etats-Unis : une nouvelle vague de Covid-19 frappe la Californie    L'OMM alerte sur un « cercle vicieux » entre pollution atmosphérique et réchauffement climatique    Accidents de route: près de 7,9 MMDH versés en indemnisations en 2024    USA : Trump va renommer le département de la Défense en "ministère de la Guerre"    Sous leadership royal, le Maroc affirme sa voix à la Ligue arabe    Rétro - Verso : Bab Maâlka, suspendue aux confins de l'Atlantique et de l'exil    Gad Elmaleh revient à Casablanca avec son spectacle « Lui-même »    The Jazz au Chellah festival relocates and becomes Jazz à Rabat    La montée et la chute de la Maurétanie, un royaume amazigh oublié    Le Maroc et l'Azerbaïdjan approfondissent leurs relations culturelles lors d'un entretien à Rabat en vue du 11e Salon international du livre de Bakou    Buraïda, capitale saoudienne des dattes, célèbre le patrimoine et la créativité lors d'un carnaval mondial    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Libre cours
Publié dans L'observateur du Maroc le 13 - 02 - 2020


Par Naïm Kamal

Coup sur cou, l'audiovisuel public s'est retrouvé sous les feux de la rampe. Le premier coup de semonce est venu de l'interruption pendant une heure de la retransmission de 2M sur Nilsat. Pour brève qu'elle fut, la coupure a fait remonter à la surface les difficultés dans lesquelles se débattait la chaine depuis plusieurs années.
La deuxième alerte est partie de la Cour des comptes, les juges que pilotent Driss Jettou ayant considéré que la situation financière délicate des deux sociétés publiques de l'audiovisuel était délicate, précisant que « le résultat net de la SNRT s'est dégradé de façon considérable en 2012 ». Le rapport de la Cour a noté toutefois que 2M a connu « une détérioration encore plus grave car elle enregistre depuis 2008 des résultats négatifs […] ce qui l'empêche de procéder aux investissements indispensables pour moderniser ses diverses structures». Relevant aussi que le Pôle public décidé en 2006 après avis favorable de la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (HACA), n'a pas encore vu le jour, la Cour des comptes a estimé que « ce pôle pourrait induire une nouvelle dynamique dans le secteur, à travers la modernisation et l'équipement des structures et engendrer la complémentarité et la synergie dans leurs activités, surtout dans le climat de forte concurrence des chaînes satellitaires étrangères.»
Faut-il le souligner, c'est sur cet argumentaire que la HACA s'est fondée pour émettre un avis favorable à la constitution de ce pôle avec l'arrière-pensée de lui permettre de faire face à la libéralisation du secteur de l'audiovisuel qui pointait son bout de nez.
Sur ce surviennent les rumeurs sur le prochain départ volontaire de Samira Sitaïl, directrice générale Adjointe de 2M, désireuse d'aller reprendre des études en France, tant il est vrai qu'on n'en finit pas d'apprendre. C'est maintenant, avec un abus de théâtralisation, chose actée. Surnommée la « dame de fer » de la chaine de Aïn Sabbaa, qu'elle a intégrée tout à ses débuts en 1990, Mme de Sitaïl comme l'aime parfois l'appeler ses amis, y a fait toute sa carrière. Elle peut s'enorgueillir, comme en témoigne le long communiqué annonçant son départ, d'une contribution dense aux heures de gloire de la chaine. Elle a certainement aussi sa part de responsabilité dans l'état actuel de 2M. Mais là n'est plus l'essentiel.
C'est le devenir de l'audiovisuel public, et au-delà, du paysage audiovisuel marocain tout court qu'il est urgent de s'occuper. Au niveau de la radio, la libéralisation a connu un succès inégal, révélant dans certains cas ce que malheureusement la société marocaine recèle comme lie. En même temps elle a réussi à mettre fin à la domination de la radio américaine Sawa qui commençait à monopoliser l'audience marocaine, la soumettant à une ligne éditoriale soumise à la doxa américaine.
En revanche, l'audiovisuel public est resté étranger à cet engouement pour la libéralisation. Otage d'un étau où s'entrecroisaient le sécuritaire mal compris, la médiocratie rentière, l'autocensure d'un autre âge et le tentacularisme à la fois égotique et égoïste de certains intervenants du secteur, il n'a pas été en mesure de tenir son pari programmatique et financier. La HACA de l'époque porte sa grande part de responsabilité dans cet échec. Elle n'a ni pu ni su mettre l'entreprise de libéralisation à l'abri de certaines querelles dans les allées du pouvoir. Même Medi 1 Tv, alors encore Medi 1 Sat s'est égarée dans une politique généraliste avant que le tandem Kheyar-Dahbi ne vienne mettre en œuvre la volonté de l'Etat de la recentrer sur son créneau fondateur, un des plus difficiles, les tout infos. L'intention n'est pas de faire le procès de qui que ce soit ou de jeter le bébé avec l'eau du bain. Qu'il s'agisse d'Al Oula ou de 2M, les deux chaînes comptent dans leur actif des émissions phares qui font le bonheur des téléspectateurs. Au faîte du mouvement 20 février, qui a suscité une libération de la parole sans précédent, elles ont donné la mesure de ce que peut être un audiovisuel en phase avec son environnement, réactif à ce que s'y déroule, capable d'être des exutoires aussi bien que des catalyseurs des énergies. Malheureusement, l'un dans l'autre, ces aptitudes restent l'exception. Sans doute aussi que dans une société tiraillée par ses démons et par ses anges, par des courants passéistes et d'autres de par trop progressistes, soumise à une multitude de lignes rouges, il est difficile de tirer de l'audiovisuel son meilleur. En même temps, rien n'explique que des audiovisuels de pays culturellement et sociétalement comparables arrivent à produire des programmes capables de capter l'audience nationale. C'est le cas, entre autres, de la Turquie et des Etats du Golfe. Deux entraves handicapent l'audiovisuel marocain : La libération de la créativité qui n'est pas nécessairement libertinage, l'élargissement des espaces de l'expression qui n'est pas forcément subversion et le financement dont dépendent pour beaucoup les compétences et la qualité de leur production. C'est dire un truisme de répéter que l'audiovisuel dans lequel il faut naturellement inclure le cyberspace contribue grandement au développement culturel et à la formation de l'opinion publique. Il est un intrant essentiel dans la consolidation du lien social et national. Ce qui en fait un pan de la sécurité nationale.
Les puissances que compte le monde l'utilisent abondamment pour façonner les opinions, manipuler les évènements, orienter les réflexions, diaboliser des régimes, condamner des hommes, provoquer des révolutions… La manière dont la chaîne Al Jazeera, livrée à un dessein élaboré ailleurs, a été utilisée pour faire bouillir la rue arabe et contribuer au déclenchement dans ce que l'on a appelé à tort le printemps arabe, prouve à ceux qui en douteraient encore, ce qu'une chaine de télévision peut faire. Naturellement le Maroc n'est pas dans cette perspective, ni sa taille ni son économie ne le qualifient à de semblables entreprises. Par contre il doit impérativement inscrire sa politique audiovisuelle dans un horizon efficacement défensif. Et considérer que de la même manière qu'on ne demande pas à son armée d'être économiquement rentable, mais de protéger le pays contre toute incursion, on ne peut exiger de l'audiovisuel public de faire des bénéfices, ou d'être dans le perpétuel besoin de joindre les deux bouts. On n'installe pas des rampes de missiles anti-aériens pour produire des actifs à la bourse, mais pour être opérationnelles et efficaces pour parer aux agressions potentielles. Le parallèle peut paraitre abusif. Il n'en est rien tant il s'agit d'immuniser les marocains de « le-pensé-ailleurs » dans toute sa diversité. Sans aucune fermeture sur soi ni rejet de l'autre, mais dans la préservation des constituants de son moi.
En établissant son rapport, la Cour des comptes s'en est tenue à sa mission : relever ce qui a été fait ou pas par rapport aux engagements pris. Elle a cependant outrepassé d'une certaine manière ses prérogatives en ligotant l'avenir de l'audiovisuel public à une décision prise il y a treize ans dans la conjoncture d'il y a treize ans. Nonobstant, il constitue une invitation à réfléchir autrement l'avenir de l'audiovisuel. Une urgence qui ne peut plus se contenter d'intentions et de professions de foi.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.