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Homophobie. L'exclusion même après la mort
Publié dans L'observateur du Maroc le 18 - 06 - 2020

Dénigrée dans la vie comme dans la mort, Sarah Hegazi a payé cher sa différence. Après son suicide, le nom de l'activiste égyptienne LGBTQ devient un triste trend... mais pas par compassion. Tout au contraire...

Par Hayat Kamal Idrissi

Le 14 juin, l'activiste égyptienne Sarah Hegazi, 30 ans, est retrouvée morte à son domicile à Toronto, au Canada. Exilée depuis deux ans, la jeune femme, militante des droits LGBTQ+, avait quitté son Egypte natale après avoir été arrêtée, emprisonnée et torturée pendant trois mois. Son crime ? Avoir brandi un drapeau arc-en-ciel lors d'un concert au Caire. Au bout de son séjour en prison, elle s'exile au Canada mais n'arrive pas pour autant à fuir les préjugés et à surmonter l'éprouvante expérience de son incarcération. Elle se suicide pour mettre fin à sa souffrance. Dans une lettre aussi courte que sa vie, Sarah s'adresse à ses proches : « J'ai essayé de trouver la rédemption et j'ai échoué ! Pardonnez-moi ! Mon expérience a été difficile et je ne trouve pas la force pour l'affronter ». Un autre message poignant est adressé aux autres, au monde en général: « Vous avez été cruels, mais je vous pardonne ! ».

La Haine
Des mots profondément touchants... mais pas pour tout le monde ! Aussitôt la nouvelle de son suicide partagée à grande échelle sur les réseaux sociaux, des commentaires et des posts haineux et sarcastiques pullulent. Au-delà de l'acte de suicide, souvent considéré comme « haram » et anti-islamique, les internautes se sont livrés à un jugement post-mortem de la défunte. Pour cause : ses croyances religieuses et ses orientations sexuelles. « Point de miséricorde pour son âme de mécréante ! », « Vous n'avez pas le droit de dire « Que Dieu lui accorde sa miséricorde ». C'est une lesbienne avérée qui de surplus s'est donnée la mort en portant atteinte à l'offrande de Dieu », « Qu'elle brule en enfer, le lieu indiqué pour ce genre de mécréants d'homosexuels».... Autant de posts, autant de haine et surtout un discours fondé sur l'exclusion et l'intolérance. Au lieu d'interpeler et de rappeler la vitalité du respect de la différence et des libertés individuelles, la mort de Sarah Hegazy a provoqué le mauvais débat : Mérite-t-elle la paix de son âme et la miséricorde de Dieu ?


« En Egypte certains se demandent s'il faut prier pour elle ou pas et d'autres n'hésitent pas à la déclarer « mécréante » même dans la mort. L'homophobie assumée et la cruauté invraisemblable même dans la mort ! » commente, avec regret, l'écrivain marocain Abdellah Taïa. Ce dernier déplore « l'impunité » d'un tel discours haineux. « Mais nous, les LGBTQ+ du monde arabe, nous prions avec nos cœurs pour Sarah Hegazy, avec nos mots en arabe, avec notre Histoire en arabe et, malgré le silence meurtrier des pouvoirs politiques, nous continuerons le combat quoi qu'il arrive ! », ajoute l'écrivain connu par ses positions tranchées anti-homophobie.

La riposte

Face au flux phénoménal des posts et des commentaires particulièrement virulents, la toile a vu naitre un mouvement réactif de compassion. Partout dans le monde arabe, et ici au Maroc, des influenceurs et même de simples internautes lancent des appels à la tolérance. « A ceux qui se sont constitués inquisiteurs moralisateurs au nom d'Allah et de l'Islam, je vous appelle à embrasser la religion de l'humanisme ! Soyez humains, c'est suffisant », écrit Adam. B en réponse à une attaque acharnée d'un autre internaute, évoquant la religion pour justifier son incapacité à accepter la différence.



Mohamed Abdelouahab Rafiqui ( Abou Hafs), va plus loin en qualifiant ceux qui refusent à Sarah son droit à la miséricorde, de « Daechistes ». « La ségrégation entre les êtres humains même dans les prières pour leur âme après leur mort, est fondée sur l'idée de la suprématie des musulmans sur les autres. Une intolérance qui est poussée à l'extrême en leur refusant le paradis et en le considérant comme une exclusivité musulmane. C'est justement là la pensée daechiste », analyse l'ex-prédicateur qui en sait quelque chose à force d'avoir fréquenté des islamistes extrémistes dans le passé.


Rafiqui ne lâche pas prise et développe son argumentaire en questionnant le bon sens des détracteurs de Sarah « Vous acceptez de prier pour l'âme de Bagdadi, qui est un terroriste daechiste, juste parce qu'il est musulman mais refusez la miséricorde à l'inoffensive Sarah qui n'a fait de mal à personne ? Vous vous rendez-compte de votre bêtise ? », riposte Rafiqui. De son côté, Zouhair Cherradi, influenceur aux milliers de followers, ne mâche pas ses mots face à l'intolérance. « C'est complètement stupide ce faux débat. Au-delà de l'efficacité de vos prières dans le salut de l'âme de Sarah et de ses semblables, « Allah rahmou » (miséricorde à son âme) reste une expression symbolique, humaine, de courtoisie sociale utilisée pour exprimer sa compassion en cas de décès. Ce n'est nullement l'apanage des seuls croyants et de ceux que ces derniers jugent « méritants » de leur empathie si précieuse », ironise Cherradi. Il somme les moralisateurs d'aller gaspiller leur énergie dans un débat plus constructeur et moins dénué de sens. « Nous sommes ensemble dans cette lutte et dans cette transformation plus qu'urgente de notre monde cruel ! » conclut, éloquemment, pour sa part Abdellah Taïa. Un appel ému à la tolérance, à la cohabitation et surtout à la paix des âmes dans la vie comme dans la mort.


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