Paris et Rabat précisent leur méthode migratoire commune lors du GMMP    Devant l'AG de l'ONU, M. Hilale appelle à l'urgence d'assumer la responsabilité collective de protéger les populations contre les atrocités    À Dakhla, une stratégie de veille économique annoncée pour gérer les choix d'aménagement territorial    "Dbibina" : les chiens n'aboient plus, les fous les remplacent    L'Ambassadeur de Chine visite le Centre Mohammed VI des personnes en situation de handicap et réaffirme l'engagement de son pays en faveur de la coopération humanitaire au Maroc    Législatives 2026 : Fin annoncée ou renouveau du triptyque gouvernemental?    GST : Adoption d'un projet de décret fixant le statut-type des professionnels de la santé    Modernité politique : pourquoi la laïcité dérange encore ?    Accord IAM–Wana : deux pour mieux servir    Amine Bennani : "Le smart living est au cœur de notre stratégie"    Tourisme : Ammor expose son plan pour répondre à la forte demande estivale    Le Maroc affine un régime fiscal rigoureux en prévision de la légalisation des cryptomonnaies    La transformation de l'ONHYM en société anonyme actée !    «Un cumul de risques structurels» : voici les arguments officiels du gouvernement britannique qui tournent la page du projet transnational Xlinks    Fitch révise à la baisse l'ammoniac et relève ses hypothèses sur les engrais marocains jusqu'en 2026    Conseil de gouvernement : six nouvelles nominations à de hautes fonctions    Demandes d'asile en UE: Moins de 10% des demandes de Marocains acceptées    Trump annonce de "grands progrès" en vue d'un cessez-le-feu à Gaza    L'archevêque de Rabat siègera au sein de trois dicastères de la Curie romaine    Madrid démantèle un réseau de faux couples opérant entre le Maroc et l'Espagne    Le Ghana aurait lié son abstention sur le nucléaire iranien à son rapprochement avec le Maroc, dit le juriste David Ofosu-Dorte    La gigantesque grue ZCC9800W du chinois Zoomlion façonne le chantier du stade de Rabat en vue du Mondial 2030    Khalid Mrini : "Dès septembre, nous postulerons au full membership de l'IIHF"    Jaouab et Aït Boudlal de retour au Stade Rennais    Fin d'aventure à Bielefeld pour Nassim Boujellab    Accord trouvé entre Hamza Igamane et le LOSC    Renforcement du partenariat maroco-chinois : Inauguration de la première "Gigafactory" de batteries pour véhicules électriques en Afrique, à Jorf Lasfar    Mondial des clubs : le Wydad prépare son dernier match sans Benhachem ni Boutouil    Achraf Hakimi « mérite d'être récompensé Ballon d'or », selon RMC Sport    Maroc Telecom et Inwi officialisent Uni Fiber et Uni Tower pour étendre la fibre et les réseaux 5G    La justice condamne à Casablanca cinq complices de Hicham Jerando pour escroquerie aggravée    Peines alternatives : L'ALCS plaide pour une mise en œuvre humaine et efficace    Format des plaques d'immatriculation des véhicules circulant à l'étranger : Les précisions de la NARSA    Education : Le Maroc consolide sa présence au sein des organisations internationales    Vague de chaleur jusqu'à 46°C avec chergui de mercredi à lundi dans plusieurs provinces    Jazzablanca en ville: une programmation gratuite au cœur de Casablanca    Mawazine 2025 : Rabat sous le Will-Power de Smith !    Associations, festivals… plus de 9 MDH de subventions accordées au titre de 2025    Mawazine 2025 : Aespa, un spicy concert de K-pop    Les prévisions du jeudi 26 mai    Aurore Bergé salue l'engagement « très clair » du Maroc en faveur de la condition de la femme    OTAN : Un sommet suspendu à Trump    «Marathon 25» : Huit F-16 des FAR et 5 "Rafale" français mènent un exercice tactique    Rétro-Verso : Quand Feu Hassan II mettait en garde contre le fanatisme...    Abderrahmane Sissako : "Le Maroc, un modèle en matière de politique cinématographique en Afrique"    Le patrimoine immatériel marocain traduit en mandarin grâce à un partenariat éditorial    « Merci Dix » : un court-métrage américain sublime l'héritage des grands taxis marocains    Présentation de « Nous étions une île », le nouveau roman de Noor Ikken    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Interview avec Lahcen Haddad : "Les fake news sont inextricablement liées au populisme"
Publié dans L'opinion le 14 - 06 - 2022

Dans son nouvel ouvrage intitulé "Post-Vérité et Fake news : la montée du populisme et l'attaque contre la démocratie", Lahcen Haddad décrypte le phénomène "socio-politique" des fausses informations.
- Pouvez-vous d'abord nous présenter votre ouvrage consacré aux "Fake news" ?
- Il s'agit d'une analyse historico-politique du phénomène mais également d'une critique idéologique des notions qui alimentent la nébuleuse populiste en général. Mais puisque le populisme d'Orban est différent de celui de Trump, de Chavez ou encore de Bolsonaro, une contextualisation géographico-politique de comment la vague de « faits alternatifs » a conquis les esprits a été nécessaire. Le travail est une critique politique d'un phénomène socio-politique qui risque de s'installer et affecter négativement l'exercice démocratique.
- Le titre de votre ouvrage laisse penser au lien entre les fake news et la montée du populisme. Quelles conclusions en tirez-vous ?
- Les fake news sont inextricablement liées au populisme ; c'est l'un de ses instruments les plus redoutables. Le populisme veut dire toute idée ou activité politique qui sert à avoir le soutien des gens ordinaires en leur donnant ce qu'ils veulent (Cambridge). Mais puisqu'on ne peut pas leur donner tout ce qu'ils veulent, on crée des fake news pour dire ce qui aurait pu se produire si l'élite, le parlement, les partis politiques n'étaient pas corrompus.
La désinformation, l'attaque contre les élites, les solutions simples (« si on abolit le parlement on peut construire des écoles et des hôpitaux dans tout le pays »), le mépris du processus démocratique et la célébration des leaders forts et autoritaires sont les piliers de la mouvance populiste qui sévit en Inde, au Brésil, aux USA, au Venezuela, en Turquie, en Europe de l'Est, au Sri Lana het en Asie centrale...
- Que ce soit sur Twitter, Facebook ou WhatsApp, les fake news prolifèrent sur les réseaux sociaux. Leurs effets sont-ils réellement compris ?
- Les gens adorent les fake news parce que ce sont leurs désirs, rêves, ou peurs les plus profonds qui sont mis en exergue d'une façon simple, mais dramatique dans les fake news. Le fait qu'elles sont partagées des milliers de fois leur donne une semblance de réalité ; c'est une « illusion temporelle». La partie narrative, le partage, la réponse à un sentiment profond réprimé les rend presque irréfutables.
Mais les fake news ne sont pas totalement des mensonges ; ils mélangent des doses de vérité avec des non-vérités ; le semblant de vérité cache le mensonge ; la vérité est un repoussoir comme chez les peintres anglais des paysages du 18ème siècle : elle sert pour créer une profondeur où loge le mensonge. Il est donc difficile de comprendre ou déconstruire les fake news sans comprendre cette imbrication rhétorique de la vérité et du mensonge.
- Comment décrypter les Fake news ?
- Washington Post a créé une cellule qui suivait les mensonges, fake news et demi-vérités de Donald Trump. En l'espace de deux ans à la Maison Blanche, celui-ci a produit plus de dix mille fake news, selon Washington Post. CNN avait recruté un expert dont la fonction était de décrypter les fake news des médias et des politiciens.
Au Maroc, on a besoin d'un observatoire qui ne fait que ça ; malheureusement, des journalistes font de la concurrence aux « influenceurs » dans la création du contenu fake ; idem pour des enseignants et des universitaires. Les politiciens, des personnes publiques ou le secteur privé sont souvent des cibles d'attaques médiatiques téléguidées ou spontanées basées sur les fake news. C'est la responsabilité des médias et de la société civile de mettre en place des outils pour décrypter les fake news et en parler. Le silence des médias et de la société civile est incompréhensible.
- Qui est le plus souvent à l'origine des fake news ? Peut-on les circonscrire à un type d'émetteur ?
- Les fake news n'est pas seulement l'arme des plus faibles ; ceux-ci y ont recours pour faire valoir leur critique du pouvoir qui les "marginalise". La classe moyenne, frustrée par l'effritement de son pouvoir d'achat, en crée également. Des forces d'opposition idéologique, conservatrice ou d'extrême gauche, les utilisent pour déstabiliser un gouvernement en place au nom d'un peuple martyrisé ou une nation victime de connivence des élites avec le capital et l'Etat profond.
Des journalistes et des influenceurs sont recrutés par des groupes ou individus pour faire descendre une personnalité publique. Les créateurs des fake news abhorrent le débat public rationnel. Ils aiment vivre en cachette derrière leurs smartphones.
- Comme nous sommes tous de potentiels faussaires de l'information, comment peut-on mieux combattre les fausses informations ?
- Il faut toujours se poser la question : est-ce vrai ? Comment puis-je confirmer cette information ? Est-ce que la source est fiable (une agence de presse officielle - sauf l'agence de presse algérienne qui est devenue récemment une grande source de fake news à l'encontre du Maroc -, un journal respecté et professionnel, une source gouvernementale, un think tank respecté, une agence internationale, un journaliste intègre et respectable, etc.) ?
Le fait que de nombreuses personnes partagent une information n'est pas un gage de sa fiabilité. Il faut également dénoncer les fake news et ceux et celles qui les fabriquent. Le silence ne fait que perdurer le tort induit par le mensonge. La vérité est un acte courageux en ces temps-ci ; mais on ne peut pas faire perdurer des sociétés démocratiques et ouvertes sur la base de fake news et des agissements de forces occultes.
Recueillis par Safaa KSAANI


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.